PMA : les deux discours de La République en Marche - France Catholique
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PMA : les deux discours de La République en Marche

Alors que l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules sera examinée au Parlement en septembre prochain, les ténors du gouvernement et de La République en Marche (LREM) multiplient les appels à un débat apaisé. Tout en projetant d’exclure de leurs rangs la députée Agnès Thill qui ne cache pas son hostilité à ce projet.
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CC Pixabay

Pas question de rééditer la grande bataille du mariage pour tous. À écouter certains des membres du gouvernement ou de la majorité les plus en vue, l’examen du projet de loi bioéthique qui comprend l’ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires, doit être l’occasion d’un débat calme, ouvert et respectueux de la conscience de chacun.

Interrogé lundi sur France 5 dans l’émission « C à vous », le Premier ministre Edouard Philippe, naguère hostile à l’extension de la PMA mais qui depuis a « cheminé », a insisté sur sa volonté de ne pas « cliver » la société. « Si on veut avoir un bon débat, il ne faut pas arriver avec l’idée que nous aurions la vérité et que les autres seraient dans l’erreur » a-t-il ainsi déclaré.

Même tonalité chez le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, transfuge des Républicains comme le chef du gouvernement. Invité ce 18 juin sur Europe 1 au micro d’Audrey Crespo-Mara, il s’est dit « réjoui(t) qu’il y ait un débat politique », tout en faisant part de ses réserves personnelles : « J’ai fait part de mes interrogations il y a plusieurs années sur la PMA pour les couples homosexuels. J’ai toujours ces interrogations ».

Liberté de conscience. Liberté de vote. Même un macroniste historique comme Stanislas Guerini, venu des rangs strauss-kahniens, appuie sa vision du débat sur ces deux piliers. Le délégué général de La République est Marche, député de Paris, l’a rappelé vendredi. Il s’est, dit-il, « toujours prononcé pour que sur ces questions aussi intimes liées à l’éthique de chacun, il puisse y avoir une liberté de vote ». Et d’ajouter : « Il ne doit pas y avoir de police de la pensée sur ces sujets-là ».

Géométrie variable ?

Dont acte. Mais ces déclarations, toutes bien intentionnées, tranchent singulièrement sur les faits. A commencer par l’exclusion possible, sinon probable, d’Agnès Thill, députée de l’Oise, convoquée le 25 juin devant la commission des conflits de LREM. Et sur ce cas précis, la liberté de vote invoquée par Stanislas Guerini semble à géométrie variable. « Je n’ai jamais jeté la pierre à Agnès Thill car elle a une opinion différente de la mienne sur la question de la PMA » a-t-il souligné, tout en précisant en même temps qu’il ne lui « semble pas illégitime de prononcer son exclusion » car elle a « tenu des propos qui mettaient de l’huile sur le feu ».

En avril, apprenant le « coming-out médiatique » du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education Gabriel Attal, Agnès Thill avait déclaré sur Twitter : « Au moins la couleur est annoncée. #bioéthique en juin ». Ce propos avait alors déclenché de vives réactions d’hostilité au sein de son mouvement. « Si Agnès Thill n’est pas exclue suite aux blessures profondes qu’elle a pu infliger à une partie de nos concitoyens et à leurs enfants, je change d’étiquette. L’idée d’appartenir au même groupe politique m’insupporte » avait alors menacé Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée (LREM) de l’Allier.

Liberté de conscience à condition d’être favorable à l’ouverture de la PMA ? Telle pourrait être l’injonction paradoxale qui semble charpenter la communication de la majorité. Certains sont d’ailleurs déjà passés à l’étape d’après. Invitée dimanche 16 juin du Grand Rendez-Vous Europe 1 / CNews / Les Echos, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est d’ores et déjà déclarée favorable au remboursement de la PMA étendue. « Ce qui bloque aujourd’hui les couples de femmes qui veulent avoir des enfants, ce sont les moyens« , a-t-elle affirmé, donnant l’impression que les jeux sont déjà faits. Position partagée sur « C à vous » par Edouard Philippe, invité à réagir au propos de la ministre.

A rebours des ambitions du gouvernement et de la majorité, il n’est pas exclu de penser que ces signaux contradictoires n’attisent au contraire la contestation des opposants à la « PMA sans père ».