« Pornographie, sexe, cocaïne… »
Je tire ceci d’une manchette du Daily Mail. Mes chers lecteurs peuvent être soulagés d’apprendre qu’il ne s’agit pas de l’Eglise catholique. En fait, il s’agit du style de gestion d’une entreprise nommée « Registres atlantiques », et comme je n’ai pas lu l’article, je n’en dirai pas plus.
Par contre, je le prends comme une description sur le vif de la façon dont vont les choses de nos jours, dans cet endroit qu’on appelle le monde. Je doute que beaucoup d’entreprises soient gérées de cette façon, mais les distributeurs de musique pop sont probablement plus proches de l’air du temps que, disons, les fabricants d’huile végétale. Plus généralement, j’ai remarqué grâce aux tabloïds, que le monde est rempli de saleté.
Mais j’avais remarqué cette caractéristique dès mon enfance, avec ou sans bulletins d’information. Etant enfant, quand j’habitais une petite ville en Ontario, j’avais vu avec étonnement la police faire une descente dans la maison de celui que je croyais être le plus respectable des adultes du voisinage. J’ai aussi découvert un petit tas de magazines pornographiques dans la fonte des neiges au printemps dans un parc public. Et j’ai fait d’autres découvertes.
Le monde est ce qu’il est, et l’a été depuis longtemps. Je suis moins facilement choqué que je ne l’étais à une époque, et j’ai même renoncé à me prétendre étonné.
Est-ce que ceci excuse nos évêques catholiques ?
Non, cela n’excuse pas ceux qui – de Santiago à Washington et à Rome – ont été pris à se vautrer dans la fange, à commettre des crimes odieux, et non seulement à se couvrir les uns les autres, mais à conspirer pour s’entraider à monter dans la hiérarchie – jusqu’au point où l’expression « lobby homosexuel » aurait pu être pris pour une alternative de « Princes de l’Eglise ».
Les catholiques devraient ils en être inquiets ? Je pense que oui. Plusieurs milliards de l’argent liquide que nous avons mis dans les paniers de la quête dans les paroisses ont servi à payer les victimes d’abus sexuels ces dernières années. Je ne crois pas que c’était ce à quoi nous pensions que cet argent servirait.
Et ce n’est qu’une dimension, et pas la pire, en vérité, de notre « crise » actuelle. En effet, quand commencent les enquêtes gênantes, (et des fonctionnaires séculiers légaux les conduiront si le Vatican ne le fait pas) les mouvements de fonds s’avèreront utiles.
Des informateurs qualifiés m’assurent que là où des désordres sexuels ont eu lieu, on trouvera tout près des irrégularités financières. Et l’on pourrait presque dire vice versa, vu le bois défectueux dont est fait l’humanité.
Mais j’espère que le cher lecteur pense : attendez. Est-ce qu’il ne s’agit pas de l’Eglise Catholique ? Est-ce que chaque prêtre, et à la vérité, chaque laïc confirmé n’a pas fait des vœux ? Et est-ce que ces vœux n’incluaient pas un rejet explicite de Satan, de ses Pompes et de ses Œuvres ?
Nous les avons rejeté, et en vérité, une proportion de laïcs – ne me demandez pas de statistiques – ont égalé les prêtres dévoyés, péché pour péché. Nous n’avons pas l’habitude de confesser publiquement ces crimes quand ils n’ont pas encore été découverts. Ainsi va le monde : « Le cœur est plus trompeur que tout, et désespérément mauvais. »
Qui peut le savoir ? Qui peut jamais se rappeler que nous serons jugés un jour ? Et que si nous sommes pris, en ce bas monde, et punis sévèrement pour ce que nous avons fait, nous sommes parmi les chrétiens qui ont le plus de chance.
Ce qui m’intrigue – cela ne va pas jusqu’à me choquer – c’est que les malfaiteurs qui ont maintenant été nommés par Monseigneur Vigano et dans les informations ont passé toute leur vie d’adulte à dire la messe ; même dans son état déformé du Novus Ordo. Ils ont tenu l’Hostie dans leurs mains, et se sont agenouillés devant l’autel. Une pareille hypocrisie demande de l’imagination.
A moins, bien sûr, qu’ils ne croient pas en Dieu. Il n’y a que cela qui puisse rendre leur conduite plausible.
Dans ses activités terrestres, l’Eglise peut fournir au moins un revenu, logé et nourri. Elle peut fournir, en plus, toutes les babioles de l’avancement. Plus encore, elle fournit une chaire. Les vêtements sacerdotaux, là où ils sont encore portés, et les titres, même s’ils ne le sont pas, confèrent, ou, jusqu’à récemment, conféraient un prestige et une autorité qui, pour beaucoup, pouvaient être le principal attrait de la fonction.
C’est effectivement le cas de ceux dont le message personnel est incompatible avec l’enseignement de l’Eglise. Depuis longtemps, j’ai remarqué que les clercs « progressistes » jouissent d’une certaine « valeur volée ». En soi, c’est une sorte de perversion, et je ne suis pas trop surpris que des hommes qui le font traversent aussi d’autres lignes.
Le péché, nous l’avons toujours eu. Depuis Adam, la propension au mal est en nous. Mais la « crise » qui est actuellement sur nous a sa propre histoire particulière. Nombreux sont ceux qui, parmi la faction « traditionnaliste » (ceux qui souscrivent encore à l’enseignement reçu du Christ) ont montré du doigt les deux cornes de notre dilemme.
La première est la démolition de la liturgie catholique, par plus d’un demi-siècle d’expériences depuis Vatican II. La seconde est l’attaque de l’intérieur, des normes morales que cette liturgie incarnait. Ce n’est pas une coïncidence si nos fondations tremblent des deux côtés.
Et au milieu de tout cela, le clergé et les gens ont cherché « la paix, la paix ». Pendant de nombreuses années, l’Eglise a été divisée de l’intérieur entre cette faction « traditionaliste » et la tendance contraire vers le changement et les réformes perpétuelles. Les « progressistes » voulaient que nous « rattrapions » le monde. Maintenant, nous l’avons rattrapé.
La paix a été maintenue par une permissivité mutuelle, comme l’ont discerné de nombreux commentateurs. Depuis le sommet, chaque côté permet à l’autre de s’en tirer avec des choses qui lui paraissent odieuses. Et ceci dans le but de survivre : avec l’instinct qu’une maison divisée contre elle-même ne peut pas tenir debout.
Toutefois elle est ainsi divisée, et la guerre civile « chaude » qui a maintenant commencé, a été précédée par des dizaines d’années de guerre « froide ». L’échec d’une succession de papes « conservateurs » à renforcer leur propre autorité a finalement conduit (je crois, involontairement) à la révolution du dernier conclave pontifical.
Je blâme le pape François sur beaucoup de points, mais par pour l’explosion que nous subissons sous sa garde. Elle a des causes bien plus profondes, et les conséquences en seront plus grandes que nous ne pouvons actuellement les prévoir.
31 Août 2018
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/31/something-more-than-a-crisis/
Image : Le sabbat des sorcières (ou le grand bouc) par Francisco de Goya, c. 1822 (Musée du Prado à Madrid. « Sur la droite, une jeune femme est assise. Peut-être attend-elle d’être initiée à leurs rites. Goya utilisait le monde des sorciers pour dénoncer la dégradation de l’humanité ». (commentaire du Prado)