Le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’émeut de ce qu’il faut bien considérer comme un dérapage de « Plus belle la vie ». Le feuilleton, très suivi de France 3, est accusé d’avoir exposé une scène pénalement répréhensible. Elle est ainsi qualifiée par la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie qui stigmatise « l’un des personnages principaux qui propose une explication très didactique et prolongée sur la façon de rouler une cigarette de cannabis ». Il s’agirait là d’un manquement aux normes qui s’imposent aux programmes de fiction, selon les prescriptions même du CSA et d’une violation caractérisée du Code de la santé publique qui interdit « la présentation sous un jour favorable de l’usage d’un produit stupéfiant ». Il faut donc s’attendre à un blâme du CSA à l’égard de cette chaîne, qui appartient au service public, et se doit, pour cette raison, d’être particulièrement exemplaire.
Mais il y aurait lieu de pousser plus loin la réflexion à propos des feuilletons télévisés qui sont conçus et créés de telle façon qu’ils offrent à la société comme un miroir d’elle-même. C’est à se demander s’il n’y aurait pas, en dehors du CSA, comme une sorte de protocole qui obligerait, au moins moralement, à se montrer conforme à ce qu’on appelle les évolutions de société. Il est remarquable, par exemple, que la question de l’homosexualité est de plus en plus intégrée dans les feuilletons populaires. On a même le sentiment que les auteurs se sentent investis d’une mission pédagogique pour l’éducation des mentalités. C’est un peu une mission analogue à celle que Vincent Peillon veut donner à l’école avec ses ABCD de l’égalité. Il s’agit d’éduquer les mentalités, de façon à la fois douce et directive, en persuadant son public qu’il doit lui aussi participer d’une sorte de mouvement universel, en échappant à toute ringardise. C’est pourquoi, plus qu’à la censure du CSA, je me fierais personnellement à l’indépendance de jugement de téléspectateurs qui ne s’en laissent pas compter !