Platon - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Platon

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L’homme Platon nous est le plus accessible dans sa célèbre « Septième lettre ». Il y voyage à plusieurs reprises vers la Sicile pour voir si ses idées sont efficaces à éduquer le tyran, son rejeton et ses amis. Ses efforts seront vains. En fait, être lui-même lui fut interdit pour un temps. Trouver Platon dans les nombreux dialogues qui portent son nom est une autre histoire. Nous savons que nous ne lisons pas la transcription mot pour mot de ce qu’a dit Socrate. D’une manière ou d’une autre, il nous semble lire quelque chose de mieux.

J’en suis venu à apprécier Platon assez tard dans la vie. Ma pensée de jeunesse était principalement négative, en grande partie en raison de la critique du père Charles N.R. McCoy, qui voyait en Platon les erreurs naissantes de la pensée moderne. McCoy n’avait pas entièrement tort. Il a été dit à juste titre que toute aberration intellectuelle pouvait trouver ses racines quelque part dans Platon. Le contraire est également vrai. La plupart de ce qui est bon et profond est également dans Platon.

Il y a plusieurs années, j’ai débuté un cours d’un semestre sur Platon dans une classe d’une cinquantaine d’étudiants. Au cours de ce semestre, nous avons lu tous les dialogues de Platon à l’exception du Parménide et du Timée. Ces derniers sont les dialogues les plus longs et les plus difficiles, aussi j’aurais eu besoin de temps que je n’avais pas. Mais la lecture des dialogues de Platon avec une classe est une expérience exaltante. Le charme de Platon est prenant. Il nous rend conscients de nos âmes immortelles d’une façon que nul autre ne peut égaler.

Mais ce qui m’a le plus attiré vers Platon a été mon jugement de ce qu’il était à peu près. Le meilleur essai universitaire que j’ai probablement jamais écrit s’intitulait « La mort de Platon ». Platon est mort à l’âge de 81 ans, il a donc vécu onze ans de plus que Socrate. Et il est mort en paix, non pas, comme Socrate, avec l’aide de ciguë prescrite par un tribunal. En effet, il est mort en battant la mesure du chant d’une servante, ce qui signifiait que sa mort était, pour citer la phrase de Joseph Piper, « en harmonie avec le monde ».

A la mort de Socrate, le jeune Platon a été profondément bouleversé. Il ne pouvait pas se satisfaire qu’une telle injustice reste impunie alors que, selon tous les récits, cela semblait être le cas. Il s’est demandé s’il pouvait exister une cité dans laquelle une telle atrocité ne pourrait pas arriver. Il s’est concentré sur cette tâche.

Il a inventé une cité en paroles ou en pensées. Il a énuméré pour nous ses conditions d’existence. Mais il était également un réaliste. Il savait que dans ce monde, toutes les bonnes actions ne sont pas convenablement récompensées et que tous les crimes ne sont pas convenablement punis. Le monde semble en effet ne pas être créé selon la justice. Il semble que beaucoup se sortent impunément de leurs crimes. Nombre de nobles actions ne sont pas récompensées.

Mais l’hypothèse que le monde ait été créé ou existe sans justice était exaspérante pour Platon, comme cela doit l’être pour quiconque considère les implications qui en découlent. Platon avait écouté attentivement Socrate quand il parlait de l’âme.

A la fin de « L’apologie », nous voyons la réaction de Socrate à sa sentence de mort. Ses accusateurs vont vers la vie mais lui va vers la mort – et il nous laisse avec « ce qui est la meilleure part » pour les dieux. Mais Socrate lui-même attend avec impatience de converser avec les grands hommes qui ont déjà rejoint les îles des bienheureux. Il était impatient de passer sa vie jusque dans l’éternité dans la recherche de la sagesse. Il ne serait plus encombré par le corps et ses maux.

Platon a ainsi résolu le problème de la récompense et de la punition. Il peut bien ne pas y avoir de punition ou de récompense appropriée de nos actions durant cette vie, mais cette vie n’est pas tout. Après notre mort vient le jugement de chacune de nos vies. Que montre notre casier judiciaire ? La solution finale du problème de justice qui avait tant préoccupé Platon se trouve ici. Le monde n’est pas incohérent après tout. Les tyrans de toutes sortes ne resteront finalement pas impunis pour leurs crimes.

Le cercle est refermé. La logique est sans faute. Quand Socrate est couché, mourant, il demande qu’un sacrifice soit offert au dieu de la guérison, comme pour dire que dans la mort, il est guéri. Il ne réforme pas un monde désordonné mais entre dans l’ordre pour lequel nos âmes ont été faites.

L’histoire qui en résulte de la pensée politique est revenue sans cesse à l’hypothèse que nous pouvons construire une cité parfaite dans ce monde, comme celle que nous pouvons bâtir en mots. Nous voulons une cité dans laquelle Socrate n’est pas exécuté mais meurt de vieillesse, comme Platon.

Pourtant, nous ne voulons pas mourir mais rester dans ce monde. Nous nous demandons si les dieux nous ont révélé quelque chose d’autre. Et si c’est le cas, comment cela se relie-t-il à la cité du discours ? Des rumeurs font également allusion à une « Cité de Dieu ». Nous sommes à l’écoute.


James V. Schall, qui a été professeur durant trente cinq ans à l’université de Georgetown est l’un des écrivains catholiques les plus féconds en Amérique.

Illustration : « L’académie de Platon » (ou « Sept philosophes ») par un artiste inconnu. Cette mosaïque a été réalisée entre -100 av. JC et +100 ap. JC. Actuellement au Musée National Archéologique de Naples, elle était originellement dans la villa de T. Siminius Stephanus à Pompéi.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/01/29/on-plato/