Futur bébé suce son pouce
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Je viens de lire un excellent livre longuement consacré à la louange de livres anciens: Dix méthodes pour détruire l’imagination de votre enfant. Anthony Esolen, professeur à l’Université Providence (État de Rhode Island), démolit dans cet essai délicieusement ironique ce qui, dans le monde actuel, est devenu un recueil de lieux communs, tout-à-fait dans le style de « Tactique du Diable » (The Screwtape Letters) de C.S. Lewis (1898 – 1963).
Dans le chapitre intitulé « Calomniez les héros et les patriotes » on trouve matière pour la lutte contre l’avortement: « pour nous qui souhaitons détruire l’imagination, il est évident qu’il faut tuer le père et la mère…
On a bien réussi à tuer le père. On ne voit guère dans nos grandes villes un enfant vivant chez son père… La mise à mort du père prive l’enfant d’une part importante du monde.»
L’auteur poursuit en traitant de la pièce de Sophocle Œdipe Roi, où Œdipe, qui a fui Corinthe afin que l’oracle selon lequel il tuerait son père (Polybus de Corinthe, comme il le croyait) ne se réalise pas, et tue Laïus de Thèbes, son véritable père. Esolen poursuit: « À l’époque où Sophocle écrivait Œdipe Roi certains Athéniens pensaient, par leurs réformes démocratiques, avoir aussi « tué le père ». Le danger, tel que vu par Sophocle, menaçait le cœur de l’ordre social. Méconnaître la tradition — mépriser le passé, « tuer le père » — c’est s’élever au-dessus de ces lois, intemporelles car s’appliquant partout, en tous temps, à tous les hommes.»
Il cite ces quelquesd lignes chantées dans la pièce par le chœur :
Je ne souhaite que vivre, en toute bonne foi,
En paroles, en actes, selon la loi céleste,
Non pas comme un mortel, sans ombre, sans sommeil,
Que les Dieux ne font ni vieillir, ni mourir.
Le combat contre l’avortement est un combat pour préserver » la loi céleste ». C’est la lutte contre les puissances hostiles à la vérité. Ceux qui prétendent qu’il y aurait un droit à l’avortement s’appuient sur une fausse promesse, une promesse qui ne peut être tenue. À l’instant de la conception vient un être humain, unique, vivant, immortel, et rien ne peut aller à l’encontre. Un acte violent peut faire perdre son enfant à une femme. Mais le lien à l’âme immortelle de son enfant ne pourra jamais être rompu. Elle ne cessera pas d’être une mère.
Tout cela est profondément gravé dans la nature des choses. Cela ne résulte pas de volonté humaine. C’est l’intelligence humaine qui le révèle. Mais voici où le bât blesse. Dans l’affaire « Planning familial contre Casey », considérons la déclaration du Juge Kennedy: « Le droit de définir sa propre conception de l’existence, de la compréhension, de l’univers, et du mystère de la vie humaine réside au cœur de la liberté. »
Alors qu’en vérité chacun peut définir sa propre conception des réalités, cette conception n’a précisément aucun effet sur les réalités qu’un individu peut tenter de maîtriser. Ainsi les défenseurs du droit à l’avortement profèrent ce mensonge aux femmes : si vous ne souhaitiez pas être enceinte, à vous la liberté de vous exonérer des conséquences de vos actes. C’est une conception de la vérité soutenue par les partisans de l’avortement. Mais ce n’est pas une vérité.
En prétendant absoudre la femme des conséquences de ses actes, nous absolvons l’homme des conséquences de ses actes, et de ses responsabilités envers la femme ; nous absolvons la famille de se responsabilité envers la femme et l’homme ; nous absolvons la communauté de sa responsabilité envers la famille. C’est ainsi qu’en tuant le bébé, on tue le père et la mère, et nous voici dans une société où, dans les grandes villes, des enfants en grand nombre naissent sans l’aide ni la protection d’un père. C’est la conséquence de la dénégation de « cette loi jaillissant au ciel ».
Dans le dernier chapitre, « Niez la transcendance; ou calez le plafond à ras des têtes des humains », Esolen met à nu une tactique fondamentale de ceux qui voudraient nous imposer leur conception artificielle des réalités : « il vaut mieux mettre l’expression « n’est que » hors d’usage.» Et il propose en exemple la meilleure façon de se passer de Dieu: « L’idée de Dieu « n’est que » la projection du père, ou un souhait, ou une explication archaïque de ce que nous connaissons tous (comme la matière, l’énergie, la gravitation, l’électricité, les origines de l’univers, la connaissance du bien et du mal, le hasard, l’ordre, la compréhension, la fin de l’humanité) »
Les concepteurs de notre nouvelle réalité sans père ni mère prétendent que « ce [le fœtus] n’est que » un petit amalgame de cellules, et il y a encore bien trop de naïfs à les croire. Il faut persévérer en opposant des arguments à cette contre-vérité. Mais sans doute devons-nous encore davantage chercher à rétablir une saine imagination — au-delà des limites que tente de nous imposer notre culture — afin de voir simplement les réalités du monde qui nous entoure.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/in-search-of-a-healthy-imagination.html