En voulant instaurer la vie monastique au cœur des villes, le frère Pierre-Marie Delfieux, qui vient d’accomplir son passage vers le Père, avait l’intuition que nos contemporains, désormais citadins pour le plus grand nombre, retrouveraient Dieu grâce à la présence permanente de la prière au milieu d’eux. C’est lors de sa grande retraite spirituelle au milieu du Hoggar (1972-1974) que cette certitude s’était établie en lui. De retour à Paris, il était allé voir son compatriote rouergat, le cardinal François Marty, pour lui exposer son projet. D’où la création des Fraternités monastiques de Jérusalem en 1975, avec une première implantation dans la magnifique église Saint-Gervais au cœur de Paris. Une enquête récente a montré que nombre de vocations sacerdotales dans la capitale se sont éveillées au contact de ces moines et moniales, qui avaient donné le goût de l’oraison et du chant liturgique, dans un climat de beauté et de contemplation.
Pierre-Marie Delfieux s’est inscrit ainsi dans le mouvement de renouveau spirituel post-conciliaire qui marqua les années soixante-dix, après la période critique qui les avait précédées. Il faut noter aussi la conjonction précieuse que constituera pour les Fraternités l’apport choral du frère dominicain André Gouzes depuis son abbaye de Sylvanès. Grâce à lui, les frères et les sœurs purent se mettre au diapason d’un véritable éveil liturgique dans l’esprit authentique de la constitution conciliaire. Par ailleurs, l’alternance d’un travail à mi-temps avec la vie de prière, rendait une nouvelle dimension à la tradition de saint Benoît, en établissant un lien avec la société réelle.
Il est vrai que le développement des Fraternités allait se faire dans une direction que le fondateur n’avait pas envisagée : « Nous n’avons pas cherché, disait-il, à aller au Mont-Saint-Michel, pas plus qu’à Vézelay. » Mais l’appel des évêques de Sens ou de Coutances montrait à quel point il s’agissait de lieux privilégiés, de véritables « villes en itinérance », avec des masses de touristes qui retrouvaient dans ces grands sanctuaires l’appel de Dieu, hier, aujourd’hui et demain. Représentant vingt-cinq nationalités, implantées dans six pays, les frères et les sœurs des Fraternités sont les sentinelles de l’évangélisation face à l’amnésie spirituelle des nations européennes.
La vocation singulière du frère Pierre-Marie Delfieux laissera un sillage dans l’histoire de notre temps. On se souviendra d’un maître spirituel, qui voulait faire respirer ses contemporains à l’air des cimes de la sainteté. Il m’avait rappelé un jour avec un éclair dans les yeux : « C’est ici, à Saint-Gervais, que se sont rencontrés saint Vincent de Paul et saint François de Sales. » Il était patent que la même aventure des âmes se poursuivait à la hauteur de ces géants du Grand Siècle.
— Des vêpres et une messe d’action de grâce ont eu lieu mardi 26 février à 18h en l’église saint Gervais à Paris avec l’ensemble des frères et sœurs de Jérusalem. Les obsèques, présidées par Mgr Vingt-Trois, ont eu lieu mercredi 27 février à Notre-Dame de Paris, à 10h.
— Des vêpres et une messe d’action de grâce ont eu lieu mardi 26 février à 18h en l’église saint Gervais à Paris avec l’ensemble des frères et sœurs de Jérusalem. Les obsèques, présidées par Mgr Vingt-Trois, ont eu lieu mercredi 27 février à Notre-Dame de Paris, à 10h.