Pie XII, François et les media - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Pie XII, François et les media

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The Hitler’s Pope [« Le Pape de Hitler »], le livre diffamatoire que publia en 1999 John Cornwell, devint un best-seller, loué par la critique et dont les grands magazines donnèrent des extraits. Cornwell fait de Pie XII fait un antisémite, un partisan de Hitler et un des responsables de l’Holocauste.
Rien de tout cela n’est vrai, bien sûr. Eugenio Pacelli méprisait Hitler, dénonça l’idéologie nazie en de nombreuses occasions, et – d’après l’historien Martin Gilbert – on lui doit d’avoir sauvé les vies de milliers de juifs. Quand les Allemands occupèrent Rome, des centaines de juifs furent hébergés à l’intérieur du Vatican, 3000 trouvèrent un asile à Castel Gandolfo et, à la demande de Pie XII, les couvents et les monastères de Rome en cachèrent 5000.

La calomnie du livre a été reprise dans la photo de couverture qui montre le cardinal Pacelli quittant un immeuble gouvernemental, salué par deux soldats allemands. Tout cela pour insinuer que le pape Pie XII venait de rencontrer Hitler pour un entretien important. Mais la photo a été prise en 1927, bien avant l’arrivée au pouvoir de Hitler. Le nonce Pacelli quittait une réception donnée par le président allemand, Paul von Hindenbourg, et les soldats étaient ceux de la République de Weimar, et non du Troisième Reich. Pacelli n’a jamais rencontré Hitler. En réalité, quand en 1938 Hitler se rendit à Rome, Pacelli, avec le pape Pie XI, lui fit l’affront public de quitter Rome. Il n’existe aucune photo de Pie XII avec Hitler. Si cela s’était produit, la presse mondiale en aurait probablement fait la une comme l’auraient voulu les histoires qui condamnent Pie XII pour antisémitisme.

Mais, notre époque, que nous donne-t-elle ? Eh bien, c’est une photo du pape François embrassant un antisémite bien connu. Point n’est besoin de faire de longues recherches. En fait, il y a plusieurs photos, prises en plusieurs occasions, du pape embrassant le Grand Imam d’al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb. Pourtant les opinions antisémites du Grand Imam ne sont pas des secrets, et le Pape doit sûrement en être averti.

Pendant la seconde Intifada, al-Tayyeb a dit : « La solution de la terreur israélienne se trouve dans la multiplication des attaques-suicides répandant la terreur dans le cœur des ennemis d’Allah. » Il ajoute que « les Palestiniens ont de droit de faire sauter tout ce qu’ils veulent. »

Eh bien, pourquoi ne voit-on pas une presse scandalisée mettre à la une cette photo accompagnée de sous-titres du genre « le Pape embrasse un antisémite » ?

On répondra simplement que les journalistes n’ont pas été scandalisés – par le Pape ou par le Grand Imam.

Les médias bien sûr ne manifestent leur indignation devant l’antisémitisme que quand il apparaît dans des groupes ou chez des individus considérés comme des nationalistes blancs, des chrétiens extrémistes, bien sûr, ou même de simples conservateurs. Mais les autres groupes et individus semblent à l’abri d’accusations d’antisémitisme.

Quand des gens de gauche, des libéraux et des démocrates expriment des sentiments antijuifs, la plupart des médias regardent ailleurs. L’autre groupe à l’abri, ce sont les musulmans. Ils ne peuvent être blâmés parce que… bon, parce que cela fait partie de leur culture. D’ailleurs, considérant tous les maux que l’État juif inflige aux Palestiniens, il est parfaitement compréhensible que les musulmans répondent par des sentiments antijuifs – ou … on peut donner toute sorte de raisons.

Depuis que les journalistes libéraux tendent à favoriser la cause palestinienne dans le conflit israélo-palestinien, et depuis qu’ils sont sensibles aux différences culturelles, il n’est pas surprenant que le Grand Imam, aussi, bénéficie d’un laissez-passer pour son antisémitisme.

Le pape François bénéficie lui aussi d’un laissez-passer parce que la presse libérale voit en lui à juste titre un compagnon de route du libéralisme. Ainsi, même s’ils pensent que le baiser à al-Tayyeb est malheureux (ce qu’ils ne font pas), pourquoi ne pas vite l’oublier, à la lumière de tout ce que François fait de bien pour l’environnement, les pauvres, les migrants et la paix dans le monde. Réellement, la signature du document d’Abou Dhabi sur « la fraternité humaine pour la paix dans le monde et le vivre-ensemble » serait en lui-même, aux yeux des média libéraux, suffisant pour absoudre les deux hommes de toute pensée dommageable.

Les médias sont pleins d’amitié pour François parce qu’il fait partie du club des bien pensants 1, qui ne souhaitent que du bien au monde. La preuve de leur attitude protectrice à l’égard de François est que, bien que la papauté de François soit peut-être, dans l’histoire de notre temps, la plus accablée de scandales, avec de nouveaux scandales émergeant hebdomadairement, la plupart des media n’ont jamais vraiment examiné les accusations qui pleuvent par milliers.

Les plus sérieuses se rapportent au fait que les abus sexuels de prélats ont été couverts dans des cas où François a été directement impliqué. Comment les média ont-ils réagi à ces « couvertures » ? Fondamentalement, en opérant leurs propres « couvertures ». Non que la presse ne fasse pas courir des histoires sur la couverture des abus sexuels, mais ils ont grandement limité et modifié les histoires, « reprochant » souvent aux conservateurs d’utiliser les scandales pour s’opposer au pape. En général, ils n’assignent au pape qu’une responsabilité minimum. Exactement comme les media veulent nous faire croire que le terrorisme n’a rien à voir avec l’Islam, on veut aussi nous faire croire que la crise des abus sexuels n’a rien à faire avec François, même quand quelques-uns de ses plus proches collaborateurs sont impliqués.
Qu’on compare avec la frénésie, alimentée par les media, qui s’est déclenchée en 1963 lors de la première de la pièce de Rolf Hochhuth « Le Vicaire » – qui diffamait Pie XII en en faisant un collaborateur des nazis. Dans les quatre décennies qui ont suivi, livre après livre, on a eu le portrait de Pie XII en antisémite sympathisant des nazis.

L’insinuation n’a jamais vraiment disparu. Elle reste en suspens attendant le prochain livre de scandales sur l’homme supposé avoir accueilli l’holocauste ? Comme je l’ai écrit il y a cinq ans « la campagne contre le pape de Hitler a obtenu un très grand succès, avec pour résultat que la calomnie contre Pie XII est maintenant universellement acceptée par les élites qui font l’ opinion aussi bien que par quantité de citoyens moyens. »

Bien qu’il y ait aujourd’hui nombre de livres bien documentés réfutant le mythe du « Pape de Hitler », il n’y a eu, autant que je sache, aucune rétractation ou excuses venant de ceux qui ont aidé à répandre ce mythe. Il a été si largement disséminé que peu de gens savent que dans les années qui ont suivi la Deuxième guerre mondiale, le pape Pie XII a été considéré comme un héros par des juifs à travers le monde. Et un plus petit nombre encore savent qu’il a été réellement impliqué dans un complot pour assassiner Hitler.

Les médias semblent avoir un double standard pour les papes. Ils croiront tout ce qui peut abaisser le pape connu pour avoir été un dévoué défenseur de la tradition et de la doctrine, et ils pardonneront tout à un pape qui partagent leurs propres vues libérales. D’un autre côté ils font preuve de zèle pour exposer une photo « truquée » de Pie XII dans ce qui apparaît être une position compromettante, de l’autre côté, ils sont tout à fait prêts à ignorer une photo de François embrassant un antisémite contemporain.

Rien de tout cela ne veut suggérer que François lui-même soit antisémite, mais ce que cela suggère, c’est une certaine désinvolture ou imprudence de sa part. Le pape Pie XII savait bien ne pas donner de photo qui pouvait servir à Hitler. Mais François semble ne pas comprendre qu’il y a un problème dans le fait de donner un geste d’affection à un homme qui a des opinions antisémites déclarées, pourvu que cela fasse avancer les relations interreligieuses.

Contrairement à Pie XII, il semble ne pas apprécier la gravité de sa fonction et des responsabilités qui y sont attachées. Il semble pourtant comprendre que les media vont déclarer positif tout ce qu’il fait. Peut-être pense-t-il dans ce cas qu’il peut se permettre la désinvolture.

https://www.thecatholicthing.org/2019/12/14/pius-xii-francis-and-the-media/

Note de la rédaction de FC : ce texte relève de ce qu’Yves Chiron appelle « le François bashing ».

William Kirkpatrick est l’auteur de Christianism, Islam and Atheism : the Struggle for the Soul of the West [Christianisme, Islam et Athéisme : le combat pour l’âme de l’Occident] et un nouveau livre : The Politically incorrext Guide to Jihad [Le guide politiquement incorrect du Jihad]. Son travail est soutenu en partie par la Shillman Foundatin. Pour plus de renseignements sur son travail et ses écrits, voir le site The Turning Point Project.

  1. En français dans le texte.