Pendant presque deux semaines j’ai abandonné ce journal, quoique notant jour après jour sur un calepin les événements vécus au sein d’une de ces familles d’autrefois, très nombreuse (9 enfants, 9 rattachés, 30 petits-enfants, 28 arrières petits enfants…), avec laquelle j’étais en quelque sorte marié depuis 41 ans : il me faudra trouver le temps d’insérer ces notes à leur place car il n’est pas sans conséquences intérieures de passer autant de temps d’abord auprès d’une belle mère aimée sans la moindre restriction et dont, de jour en jour, se percevaient en elle les progrès de la mort avant qu’ensuite il faille la veiller à tour de rôle pendant trois jours. L’unité entre tous fut belle même si nous connaissions toutes les différences parfois considérables qui existent entre nous…
Bien entendu, mercredi soir nous étions encore six à attendre patiemment de connaître au moins le visage et le nom du nouveau lieutenant du Christ sur la terre et je dois dire que j’ai été particulièrement heureux que ce soit un évêque d’Amérique du Sud qui soit désigné par les cardinaux du conclave : c’est en effet un espoir que je portais en moi depuis longtemps, me disant que cette zone géographique où vivent de si nombreux catholiques devait comme naturellement accéder un jour à cette responsabilité si particulière et si décisives. Je me faisais également une réflexion annexe, peut-être inutilement polémique : que l’Europe des apostats devait accepter de n’être plus la seule à fournir le chef temporel de l’Église universelle et militante !
Si nos Églises en cette Europe des nations se retrouvent aujourd’hui largement minoritaires, elles ne peuvent que reconnaître qu’elles en sont fortement les responsables, quoique non les uniques, et qu’il leur faut désormais s’appuyer encore plus décisivement sur les Églises des autres continents — qu’elles ont par ailleurs fait naître en un ancien mouvement d’évangélisation des plus admirables – afin de retrouver la foi qui était la leur autrefois et dont parle Jésus, celle même qui fait se soulever les montagnes !
Je crois qu’elles ne pourront pas faire l’économie d’un examen de conscience sans concessions, sans compromis, sans réserves mentales, sans oublis calculés afin, en premier lieu de se repentir fortement pour les fautes commises — il y en eut, personne ne peut le contester — ; afin, en second lieu, de reconnaître ce qui fut bon, précieux et saint. C’est ainsi que les peuples d’ancienne chrétienté découvriront comment reprendre le témoignage qu’ils doivent au Christ.
Réflexions qui ne sont pas celles que je voulais développer en commençant d’écrire cette note : en effet, j’ai entendu hier soir sur France 3 des « informations » qui m’ont ahuri et scandalisé. Quelles ? L’ouverture d’un procès contre François, notre nouveau pape.
Un procès qui justifie le titre donné à cet écrit : celui du silence prétendu de Pie XII et toujours, encore aujourd’hui, qualifié de criminel. Celui de l’opposition de Benoît XVI à ce que vénère notre époque et contre quoi s’est prononcé François quand il était évêque de Buenos Aires.
Qu’est-il reproché au Saint Père François ? De s’être tu lorsque sévissait la dictature hautement criminelle en Argentine. De n’avoir pas agi pour faire libérer deux Jésuites enlevés par les sbires des dictateurs d’alors.
Pas la moindre preuve n’étayait cette ouverture de ce procès, appuyée que sur les seuls dires de journalistes autoproclamés juges. « Il s’est tu », donc il était et reste complice. Mais ceux qui disent cela, qu’ont-ils fait alors ? Ont-ils parlé ? Agi ? Se sont-ils exposés à la mort ? Ont-ils « interrogé » l’évêque ? Rien n’en est dit. Pas le plus petit élément de défense n’a été présenté. Certes, l’information n’a duré que trois minutes, mais on en dit beaucoup en trois minutes !
Cette précipitation accusatrice est sidérante : comme s’il était impensable que l’on puisse laisser tranquille le nouveau pape ! Lui laisser le temps d’intégrer une fonction que le plus faible des esprits sait devoir être très lourde à porter.
Nous savons que le seul pouvoir réel, aujourd’hui dans notre pays, est celui de la presse, j’entends de la « grosse presse », comme il y eut une « grosse Bertha » ! Quelques propos émanant on ne sait de qui deviennent, tout soudain, paroles d’évangile : peut-être celui de Judas ? Tous ceux qui se croient responsables politiques, ou créateurs de l’opinion publique, plient devant elle.
Ma crainte est que ce qui a été entendu hier soir ne soit repris avec ampleur sur les autres chaînes, qu’elles soient d’État ou non, que défilent soudain vingt, trente « témoins » triés sur les seules grilles qu’affectionnent les bien-pensants de l’idéologie dominante. Que des reportages à sens unique ne soient télécommandés. En effet, on copie le cas des accusations allègrement multipliées contre Pie XII, vrai défenseur des Juifs mais qualifié de complice d’Hitler ; de même Benoît XVI a subi une véritable persécution, qualifié de criminel1 parce qu’hostile à l’avortement, au mariage des paires de semblables, à l’adoption d’enfants par de ces paires toutes puissantes ainsi qu’à la procréation confiée aux machines ou aux ventres mercenaires de femmes dites « porteuses » comme si elles n’étaient que des bestiaux, sans oublier l’euthanasie, hostilité qui pourtant ne pouvait aller que de soi ! Le sommet fut atteint quand on laissa de côté 99,98% de ce qu’il prononça au Burkina Faso à propos du sida pour ne retenir que le reste, que la solution nommée préservatif ne préservait pas de tout ! Et voici le nouvel élu du Saint-Esprit, de même hostile à toutes ces nouveautés qui font de notre civilisation quelques chose de profondément malsain et pervers : comment supporter plus longtemps cette fidélité de l’Église à l’enseignement de son Dieu ? Haro donc sur ce baudet, on peut le condamner sans jugement !
Attendons pour voir et entendre, non sans prier pour François, comme il l’a demandé du haut balcon de Saint-Pierre ! Et si j’ai été excessif dans mes propos, j’en demanderai publiquement pardon.