L’AED soutient la reconstruction d’une cathédrale détruite
Une cathédrale qui avait été la cible d’un attentat à la bombe vraisemblablement organisé par Abu Sayyaf, un groupe extrémiste lié à Al Qaïda, va être reconstruite avec l’aide de l’AED.
En effet, l’Aide à l’Église en Détresse a annoncé ce lundi 10 mai qu’un montant de plus de 23 000$ sera accordé pour soutenir la reconstruction de la cathédrale Sainte-Isabelle, dans la ville d’Isabela, située sur l’île de Basilan, au sud des Philippines.
En tout, quelque 125 000$ seraient nécessaires à la reconstruction. La cathédrale a été détruite à 70 pour cent lors d’un attentat qui a eu lieu le 13 avril dernier. Elle avait été construite en 1970 et pouvait accueillir jusqu’à 1400 personnes.
Signe d’espoir
Dans une lettre envoyée à l’AED, Mgr Martin Jumoad, l’évêque d’Isabela de Basilan demande une aide d’urgence pour cette église qui représente l’espoir dans cette région qui connaît la pauvreté et la persécution. Il nous écrit : « Nous devons reconstruire la cathédrale, car l’église est un signe important de notre foi catholique ici à Basilan. Je ne peux rien faire d’autre que vous demander votre aide, parce que nous n’avons pas les moyens de reconstruire seuls ».
Aux Philippines, 81 pour cent des 88,7 millions d’habitants sont catholiques. Mais l’évêque nous explique que les catholiques forment une minorité à Basilan, où les gens sont surtout musulmans. Sur l’île, les chrétiens ne représentent que 27 pour cent de la population.
Terrorisme islamique
Ce n’est pas la première fois que la communauté chrétienne de Basilan est la cible des extrémistes. En 2008, des lettres avaient été envoyées aux catholiques, les sommant d’embrasser l’Islam ou, au moins, de payer la Jizya, l’impôt islamique. Mgr Jumoad craint que le récent attentat soit un appel à une nouvelle campagne de terreur. Rapidement après l’attentat, il avait déclaré à l’agence Fides que « les terroristes ont pour objectif de rendre la vie des chrétiens plus difficile et ainsi de les amener à fuir Basilan ». Et il ajoutait : « C’est la première fois que la communauté est attaquée de manière aussi directe et aussi brutale. Par le passé, nous avons reçu des lettres de menaces, nous avons été intimidés, tancés, mais ceci est vraiment différent. Si ça continue comme ça, on va assister à une tragédie. Je crains pour ma vie et pour celle des fidèles ». En réaction à l’événement, Mgr Jumoad a écrit une lettre pastorale pour rassurer la communauté des croyants et a organisé une procession pour la paix.
Mgr Martin Jumoad, évêque d’Isabela
L’attentat à la bombe contre la cathédrale d’Isabela n’était pas un attentat isolé. Il fait partie d’une vaste action terroriste fomentée par 25 extrémistes qui s’étaient déguisés en agents de police et en soldats. Les autres cibles furent un bâtiment du Ministère de l’Éducation, une école catholique et la maison d’un juge. La bombe qui a pulvérisé la cathédrale était attachée à un vélomoteur qui avait été laissé à l’arrière du bâtiment. L’évêque nous raconte dans sa lettre comment les vitraux ont été soufflés et comment le toit s’est effondré, causant beaucoup de dégâts aux locaux administratifs. Des maisons environnantes, comme le presbytère, ont également été endommagées. En attendant la reconstruction, l’Eucharistie est célébrée dans un centre de formation situé non loin de la cathédrale.
Lors d’affrontements entre les services de sécurité et les terroristes qui ont eu lieu à la suite de l’attentat, onze personnes sont mortes. Parmi les cinq extrémistes tués, on a pu reconnaître Bensar Indama, le frère de Furuju Indama, chef rebelle du mouvement Abu Sayyaf.
On a également déploré la mort de cinq personnes en juillet 2009, lors d’un attentat à la bombe contre la cathédrale de l’Immaculée Conception de Cotabato, sur l’île de Mindanao (qui se trouve aussi au sud des Philippines). Parmi les morts, il y avait un enfant de 5 ans à peine. Le Front de Libération Islamique Moro a été désigné comme auteur de cette attaque.