« Petites, soyez bien petites » - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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« Petites, soyez bien petites »

La spiritualité de Jeanne Jugan, fêtée le 30 août, repose sur deux matrices principales : saint Jean Eudes et saint Jean de Dieu. Sœur Benoîte, assistante de la supérieure générale à la maison mère de Saint-Pern, explique pourquoi.
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Tableau de Gilles Bexon vénéré dans l'ancienne maison d'Auteuil, lieu où est actuellement installée la rédaction de France Catholique.

Tableau de Gilles Bexon vénéré dans l'ancienne maison d'Auteuil, lieu où est actuellement installée la rédaction de France Catholique.

«Jeanne Jugan a été profondément imprégnée de la spiritualité du saint normand Jean Eudes : service, humilité, petitesse sont au cœur de sa filiation spirituelle.

Humilité
« Petites, bien petites… Soyez bien petites devant le bon Dieu. »
« Savoir s’effacer par humilité dans tout ce que le bon Dieu veut de nous. Nous ne sommes que les instruments de son œuvre ! »

Chez Jeanne Jugan, on le voit notamment lorsqu’elle fut mise à l’écart : elle vit à fond cette petitesse et cette humilité. Elle ne se rebiffe pas alors même qu’on lui « vole » son œuvre. Les paroles qu’on lui connaît : « Petites, soyez bien petites ! », revenaient sans cesse dans sa bouche. Non comme une incantation, mais comme quête authentique de l’humilité. à la fin de sa vie, c’est ce qui transparaissait le plus chez elle. « Si nous venions à nous croire quelque chose, la Congrégation ne ferait plus bénir le bon Dieu, nous tomberions ». Jeanne est la première à mettre en pratique son conseil. Quêteuse, elle se présente toujours petitement, accueillant avec égalité d’âme les dons comme les refus. Même les rebuffades la trouvent sereine. Un jour, elle reçoit une gifle : « Merci mon bon monsieur, répond-elle, ceci est pour moi… Mais vous me donnerez bien quelque chose pour mes pauvres ? » Une telle réaction amollirait le cœur le plus endurci : son agresseur lui remet une offrande !

Aimer le bon Dieu
« Aimez bien le bon Dieu ! Il est si bon, le bon Dieu ! Tout pour Lui, faites tout par amour. »
« Ne refusez rien au bon Dieu. Rien n’est petit dans la vie religieuse… Il faut tout faire par amour. »

La fondation des Petites Sœurs n’est pas le fruit de son ambition. Elle n’a pas voulu occuper un créneau d’apostolat. Elle a simplement commencé par prendre chez elle, une, puis deux, puis trois personnes âgées indigentes. Elle s’est mise au service de ces pauvres, consciente de sa petitesse.

« Le pauvre, c’est Notre Seigneur »

La spiritualité eudiste insiste sur la présence vivante de Jésus au fond du cœur et dans les autres. Acteur de l’école française de spiritualité, saint Jean Eudes a développé une spiritualité christocentrique et en même temps profondément mariale. Or son influence était très forte à Cancale à cette époque. Quand elle est partie à 21 ans travailler à l’hôpital du Rosais, à Saint-Servan près de Cancale, Jeanne est tombée malade et c’est une tertiaire de saint Jean Eudes qui l’a recueillie. Elles ont vécu ensemble une douzaine d’années. Quand Jeanne accueille sa première personne âgée, elle ne fait que mettre en acte ce qu’elle a médité durant des années au contact de la spiritualité eudiste : « Il n’y a pas d’amour de Dieu sans amour des pauvres. » C’est pourquoi elle enseignait à ses Sœurs : « N’oubliez jamais que le pauvre, c’est Notre Seigneur ! »

Les pauvres
« Lorsque vous serez près des pauvres, donnez-vous à plein cœur. »
« Regardez le pauvre avec compassion, et Jésus vous regardera avec bonté. »
« Il faut toujours être de bonne humeur, nos vieillards n’aiment pas les figures tristes. »
« Aimons beaucoup le Bon Dieu et le pauvre en Lui » ; « Soyez bonnes envers les vieillards, surtout envers les infirmes. »  « Soyez une belle rose de charité. »
« C’est si beau d’être pauvre, de ne rien avoir, de tout attendre du bon Dieu ! »

Spiritualité du Cœur de Jésus

Nos Constitutions sont ainsi héritières de saint Jean Eudes, et aussi de saint Jean de Dieu. Celui-ci avait fondé au XVIe  siècle un ordre hospitalier au service des pauvres malades. Une communauté était présente à Dinan. Ces Frères avaient l’habitude de quêter pour subvenir à leurs besoins. L’un d’eux, le Frère Claude-Marie Gandet, encouragea Jeanne Jugan à utiliser ce moyen-là.

Quand Jeanne se mit à quêter, ce n’était pas pour elle. Elle se substituait aux indigents qui avaient l’habitude de mendier et qui n’étaient plus en état de le faire. Là encore, la spiritualité du Cœur de Jésus présent dans les plus petits et l’inspiration des Frères de Saint Jean de Dieu sont les deux ailes qui vont lui permettre de voler vers les cimes de la charité.

Dans les difficultés
« Dans vos ennuis, il faut toujours dire Dieu soit béni, merci mon Dieu, ou gloire à Dieu ! »
« Jésus vous attend à la chapelle. Allez Le trouver quand vous serez à bout de patience et de force, quand vous vous sentirez seule et impuissante. Dites-Lui : « Vous savez bien ce qui se passe, mon bon Jésus. Je n’ai que vous. Venez à mon aide… » Et puis, allez. Et ne vous inquiétez pas de savoir comment vous pourrez faire. Il suffit que vous l’ayez dit au bon Dieu. Il a bonne mémoire ! »

Vœu d’hospitalité

Par ailleurs, la filiation spirituelle avec l’ordre hospitalier de saint Jean de Dieu s’est faite à travers un vœu d’hospitalité – semblable aux Frères –, qui s’ajoutait aux trois vœux classiques de chasteté, pauvreté et d’obéissance.
La confiance inconditionnée en la Providence, autre pilier de la spiritualité de la Congrégation, manifeste la volonté expresse de Jeanne Jugan de ne dépendre que de Dieu, excluant l’acceptation de toutes rentes perpétuelles. Elle aimait dire : « Si Dieu remplit la maison, il ne l’abandonnera pas ». Elle comptait aussi beaucoup sur les bienfaiteurs et recommandait aux Petites Sœurs de « beaucoup prier pour nos bienfaiteurs, car sans eux, que pourrions-nous faire ? »

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