Perspectives sur l’élection italienne - France Catholique
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Perspectives sur l’élection italienne

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La Sainte Trinité, Masaccio, c. 1426-28, Santa Maria Novella, Florence

La Sainte Trinité, Masaccio, c. 1426-28, Santa Maria Novella, Florence

© Antonio Quattrone

Les résultats de la récente élection confirment que l’Italie est fondamentalement un pays conservateur, enraciné à droite, malgré les tentatives répétées de la gauche de s’emparer du contrôle du gouvernement en exagérant les résultats issus des urnes. Le seul vainqueur en a été le chef de la coalition centre-droit, Giorgia Meloni, et le principal perdant le chef du bloc de gauche, Enrico Letta.

La victoire du centre-droit a été de dimensions historiques, avec 235 parlementaires sur 400 et au moins 112 sénateurs sur 200. Mais l’atmosphère de triomphalisme qui avait caractérisé les précédentes victoires de la droite en 1994, 2001 et 2008 n’était pas là. Était-ce une stratégie politique de Giorgia Meloni qui désirait se présenter sobrement pour rassurer les marchés internationaux ?

Ce peut en être la raison mais c’était surtout conscience, au sommet aussi bien qu’à la base du centre-droit, d’une situation inquiétante pour notre pays qui se trouve lui-même face à une sérieuse crise économique dans les mois à venir, avec comme toile de fond un contexte international orageux.

Depuis sa victoire, Giorgia Meloni a été en contact informel avec le président Sergio Mattarella et avec le premier ministre Mario Draghi, qui doit lui remettre les rênes de la politique et de l’économie du précédent gouvernement. Draghi a souvent été présenté comme une incarnation des intérêts financiers internationaux, ce qu’il est certainement. Mais plutôt qu’idéologie des principaux pouvoirs, le “Draghisme” est en réalité une forme de néo-pragmatisme.

Giorgia Meloni connaît parfaitement bien la grande influence exercée par la pression internationale pour mettre fin au gouvernement Berlusconi en 2011 et au gouvernement de la Ligue Cinq Étoiles en 2018. Et elle comprend aussi que, si l’Union européenne est plutôt une faible, si non gênante, entité, les États-Unis demeurent, avec la Chine, la puissance mondiale de premier plan. En ce sens les observateurs qui la voient comme une ”Atlantiste” plutôt qu’une Européenne, ont raison, et il serait difficile pour elle de renoncer à cette position.

Le Premier ministre français, Elisabeth Borne, après la victoire de Giorgia Meloni, a déclaré que la France serait “attentive” au “respect” du droit à l’avortement en Italie, rallumant une controverse entièrement intéressée sur les positions anti-avortement du chef des Fratelli d’Italia. L’avortement n’est pas un droit humain fondamental, mais un crime contre lequel des millions d’hommes et de femmes partout dans le monde commencent à lutter, comme les faits l’ont montré dans l’élection.

Le symbole le plus significatif de ce changement dans la récente élection s’est manifesté dans le vaste district sénatorial de Rome I, une place forte de la gauche, où – après 46 ans au Parlement – l’icône pro-avortement Emma Bonino a été vaincue par une candidate des Fratelli d’Italia, Lavinia Mennuni qui a déclaré priorité de son programme “ la protection, depuis le moment de leur conception, des enfants non-nés”. La défaite d’Emma Bonino – dont le pape François fit scandaleusement l’éloge en 2015 la qualifiant d’une des “grandes figures oubliées’ d’Italie – montre bien que la culture de mort peut être vaincue.

L’avortement et le meurtre systématique de l’Ouest ont toujours fait partie du programme de la gauche, depuis ce qui peut être considéré comme son premier manifeste politique, Français encore un effort du citoyen Donatien-Alphonse de Sade (1740-1840), secrétaire de l’infâme section jacobine des Piques pendant la Révolution française. Mais si au début du XXe siècle un chef politique de la gauche avait inclus l’avortement dans ses promesses de campagne, sa carrière aurait immédiatement pris fin.

Ce qui montre combien est avancé le processus de sécularisation et que le chemin à suivre aujourd’hui n’est pas de fonder un parti politique anti-avortement, mais plutôt d’agir sur l’opinion publique comme cela a été fait aux États-Unis, avec pour résultat le renversement de l’arrêt Roe vs Wade.

Les résultats de l’élection italienne confirment aussi qu’il est inutile d’entretenir l’illusion décevante de créer un anti-système à l’intérieur du système. Quelques activistes attendaient une réaction venant des partis anti-vaccin ou pro-Poutine, mais aucun d’eux n’a réussi à atteindre les 3% nécessaires pour entrer au Parlement. On a soutenu que les résultats auraient été différents si ces partis avaient uni leurs forces, en dépassant leurs différences personnelles. Mais une galaxie de partis, chacun né dans une opposition à quelque chose, sans aucune cohésion intellectuelle pour les soutenir, est inévitablement destinée à la fragmentation.

Les diatribes internes du monde “anti-système” sont pourtant de peu d’importance. La bataille dans les quelques mois qui suivent aura lieu surtout au niveau international, où des nuages toujours plus noirs grandissent et sont en train de se rassembler à l’horizon.

L’élection italienne a coïncidé avec les référendums illégaux tenus dans les territoires de ukrainiens occupés par les Russes tandis que le 27 septembre nous sont parvenues des nouvelles d’explosions et de fuites de gaz du Nord Stream en mer Baltique, à la suite, presque certainement, d’actes de sabotage.

Dans ces circonstances, Giorgia Meloni est appelée à être l’une des voix de l’Ouest qui ne cèdera pas : non l’Ouest des pseudo-droits citoyens, mais celle qui défend les racines chrétiennes d’une civilisation menacée.

Dans le match international qui oppose Washington d’un côté et Moscou et Beijing de l’autre, les événements souvent échappent au contrôle de ceux qui les ont suscités, comme cela est arrivé lors de la Révolution française et dans les deux Guerres mondiales. Mais quoi qu’il arrive, nous savons que rien n’échappe à l’Unique qui ordonne et règle chaque événement, depuis toute éternité : la Divine Providence, seule régente et plus grande puissance dans l’histoire.