C’est arrivé, au cours des siècles, à nombre de laïcs, religieux, prêtres, et évêques, et c’est toujours une réalité actuelle, menaçante et brutale comme jamais. Le spectre de la perte de la foi catholique, don reçu lors de notre baptême, plane sur un monde qui a sciemment marginalisé le surnaturel — et dans une Église qui, depuis quelques décennies, a eu peu d’efficacité dans l’instruction religieuse de ses jeunes. Les analyses et sondages actuels révèlent un phénomène massif : une grande proportion de jeunes ayant régulièrement assisté à la Messe cessent la pratique religieuse en atteignant l’âge adulte.
On donne bien des explications à cet exode, mais un motif spirituel domine toutes les autres raisons : aimer Dieu n’a plus d’importance dans le cœur de ceux qui décident de rester à la maison. Autrement dit, ils ont perdu la foi.
Que signifie « perdre la foi »? Comment celà survient-il? Qu’arrive-t-il à ceux qui la perdent? Comment peut-on retrouver la foi ?
La foi est une vertu surnaturelle, don de Dieu faisant vivre une relation d’amour et de confiance envers Lui, le Créateur de toutes choses. Dans la foi, Dieu est la source, appelant l’homme à Lui répondre. La réponse de l’homme n’est nullement contrainte : elle se forme en toute liberté dans la profondeur de la conscience. Si l’homme, à l’inspiration de l’Esprit Saint, répond par l’affirmative, alors il accepte Dieu, et tout ce que Dieu a révélé par le truchement de Son Église.
Ainsi, la Foi est tout autant grâce et vertu, objective et subjective : la grâce de la foi est un don gratuit de Dieu, la vertu de la foi doit être entretenue au sein de la vie de chacun. La foi s’approfondit et grandit à différents niveaux chez les croyants selon les actes de chacun : recevoir les sacrements, accepter l’enseignement relatif à la foi, prier en réponse aux exemples d’autrui, lire les Saintes Écritures et autres ouvrages spirituels, et pratiquer la charité.
Mais alors que la foi peut grandir par des actions humaines, les croyants peuvent aussi étouffer ou même éteindre la foi par des actions contraires à la volonté divine. La foi a besoin de charité pour s’épanouir, et chaque péché commis diminue la charité — ou, en cas de péché mortel, la charité peut être totalement évacuée de nos âmes.
En commettant le péché nous plaçons notre amour-propre au-dessus de Dieu. Le repentir a pour but de ramener l’amour de Dieu en première place. Si nous repoussons le repentir, l’amour de Dieu commence à mourir au fond de notre cœur. S.E. le Cardinal Avery Dulles l’expliquait bien: « si le croyant n’éprouve pas d’amour pour Dieu en tant que Dieu, les actes de foi s’amoindrissent et deviennent moins réconfortants.
Souvent les actes de foi finissent par s’arrêter totalement de sorte que la vertu — la pratique — de la foi se perd. Ce qui demeure pour ceux qui ont perdu la foi, selon St. Thomas, est une « foi inanimée », une semence virtuelle, toujours présente grâce au baptême, mais latente. Cette semence repose au sein des individus sans qu’ils le veuillent, et pourtant elle a la faculté de grandir à nouveau, si elle est une fois de plus irriguée par l’amour de Dieu.
Naturellement, nombre d’autres facteurs, en plus du péché, peuvent contribuer à la perte de la foi : une catéchèse médiocre ou inexistante, une culture fermement matérialiste, l’hostilité générale à l’encontre du Catholicisme, une crise morale, un scandale causé par la faute d’autres croyants. Cependant il nous est toujours offert une racine de foi que nous sommes libres d’adopter — ou de rejeter — à l’invitation de Dieu.
Dieu seul sait ce qu’il adviendra pour l’éternité de ceux qui ont perdu la foi.
D’un côté, on peut se demander : « comment peut-on s’éloigner de Dieu et de l’Église si on a vraiment compris l’immensité de leur amour et de leurs pouvoirs?» Pour le rebelle nous pouvons implorer Dieu d’accueillir toutes les âmes au paradis spécialement celles qui ont le plus grand besoin de pardon, dans l’espoir que les facteurs qui ont amoindri leur jugement, et non leur propre jugement, subissent le courroux de Dieu qui, après tout, «veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.» (1 Tm, 2:4).
D’autre part, nous avons reçu du Christ et des Écritures des injonctions bien nettes nous rappelant que le salut n’est pas facile d’accès, que certains seront perdus, et que croire au Christ est une condition nécessaire du salut. D’où l’enseignement de Vatican II : « et donc quiconque, sachant que le Christ a créé l’indispensable Église Catholique, refuserait d’y entrer ou d’y demeurer, ne saurait être sauvé.»
Ces deux points de vue devraient guider nos efforts en faveur de ceux qui ont perdu la foi : nous devons implorer la clémence de Dieu à leur égard, mais, à la pensée de la punition éternelle, nous devrions d’urgence tenter d’aider le rebelle à retrouver et ranimer ce qu’il avait perdu.
On peut gaspiller, larguer, égarer les dons reçus. Le don de la foi divine dispensé par le baptême peut se perdre si on ne le conserve pas, mais il ne peut être totalement éliminé. Que ce soit en nous un motif d’espérance envers ceux pour qui nous prions — et dont nous avons le souci — les rebelles, afin qu’ils prêtent attention avant qu’il soit trop tard aux paroles de Saint Léon le Grand : « Chrétien, sois conscient de ta dignité et, alors que tu as en partage la nature propre de Dieu, ne retombe pas par le péché à ta condition mineure. Rappelle-toi qui est la tête, quel est le corps dont tu fais partie. N’oublie jamais que tu as été sauvé des puissances des ténèbres et guidé vers la lumière du Royaume de Dieu.»
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-losing-the-faith.html
Les vierges folles – James Tissot, vers 1890.
Les vierges sages – James Tissot, vers 1890.