La Chine communiste vient d’édicter une loi pour obliger les familles à s’occuper de leurs vieux. Et pourtant on est au pays de l’enfant unique ! Mais les autorités ont constaté que les jeunes familles ou célibataires ne conservent que très peu de contacts avec leurs parents ou leurs grands-parents. Il est vrai que ces derniers vivent souvent à la campagne, à des milliers de km et qu’en Chine, la vie n’est facile pour quasiment personne… Mais trop c’est trop. Les sanctions vont pleuvoir. Seront-elles efficaces ?
Et chez nous ? Visiter un grand hôpital en cet été caniculaire donne un curieux sentiment de malaise. Des malades, il y en a toujours beaucoup même si, paraît-il, un certain nombre de déshérités utiliseraient l’hôpital l’hiver pour des questions d’angoisse et de chaleur… Toujours est-il que le cancer, la crise cardiaque, l’accident vasculaire cérébral, l’appendicite ou la simple insuffisance respiratoire n’ont pas de saison… Et puis avec la chaleur et la déshydratation, on va y retrouver un bon nombre de vieillards… Or les parkings visiteurs et les halls d’accueil sont loin d’être aussi remplis que durant l’année… Pour ainsi dire, à part quelques familles envahissantes, qui en général viennent plutôt voir un enfant ou un jeune adulte, il y a peu de visites… Et c’est bien pire en maisons de retraite.
Un ami qui va voir presque chaque jour sa mère dans une maison de retraite à deux pas de chez lui a reçu les félicitations de la directrice… Il s’en étonne et fait le modeste en disant que cela ne le dérange pas beaucoup puisqu’il habite justement tout près. « Les autres familles n’habitent pas beaucoup plus loin, lui rétorque la directrice, et on ne les voit pas une fois par an ! Cela a des effets déplorables sur l’état moral des pensionnaires mais aussi sur celui du personnel et rend beaucoup plus difficile la gestion de la maison, contrairement à ce que pourraient penser ceux qui croient déranger… »
Avec le vieillissement général de la population et le développement des maladies mentales liées à la dégénérescence du cerveau, les liens entre vieux enfants et très vieux parents se distendent. Ceux avec les petits-enfants ou la famille au sens plus large sont presque inexistants. A qui la faute ? Quand un comportement est à ce point collectif, ce n’est sans doute pas en tentant de culpabiliser les individus qu’on obtiendra beaucoup de résultats positifs. Mais en attendant que notre société vive une prise de conscience généralisée qui change les mentalités, c’est quand même à chacun de nous de faire quelque chose. Une carte postale éclairera parfois beaucoup plus une journée, voire une semaine, qu’un coup de fil qui n’est pourtant pas un luxe. Mais rien ne remplace une bonne visite, même pas très longue.
Bonnes vacances, mais pensez à vos vieux…
Paul CHASSARD
