Pauvres en pays riches - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Pauvres en pays riches

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La crise économique fait plonger certains pays dans une situation de précarité alarmante. Les purges administrées à la Grèce, à l’Irlande et à bien d’autres pays (que l’on songe à ce que s’impose la Grande-Bretagne avec le plan Calderon) nous interrogent sur le devenir de l’Europe tout entière. Le continent réputé riche est-il en train de développer des poches de pauvreté de plus en plus insupportables, qui mettent en question l’ensemble du système politique et social ? Ce sont les institutions européennes qui sont désormais en cause et notamment la monnaie unique.

On souligne les inégalités scandaleuses, d’autant plus mal supportées que le fardeau imposé aux plus défavorisés est lourd. Mais il y a une autre façon d’envisager le problème, celle que pratiquait Charles Péguy, moins soucieux d’égalité formelle que de dignité humaine. En établissant une différence essentielle entre la pauvreté et la misère, il marquait la limite entre ce qui permet ou non à chacun d’assumer dignement sa condition. à un certain degré de dénuement, il n’est plus possible de redresser la tête et d’élever sa famille. Lorsque ne cesse de grandir une proportion de gens incapables de régler leur facture de chauffage (17% dans le Nord de la France), on s’interroge. Le seuil de l’insupportable est franchi. Qu’est-ce que cette société, qui appartient à la cinquième nation la plus riche du monde et qui ne cesse de fabriquer de nouveaux miséreux ? Il y a quelque chose de pourri dans notre beau royaume.

Comme l’écrit notre ami Rodolphe Clauteaux (directeur de l’hebdomadaire L’Itinérant, vendu dans la rue au profit des SDF) : « La misère, elle sépare, elle isole, elle rend indigne. Pas la pauvreté. La misère, elle coupe du monde. Pas la pauvreté. Elle pue la misère. Elle rend aigre l’haleine qui sort du corps… La misère, elle rend méchant. Elle est ruine du cœur. Et elle ruinera tout autour la société qui la permet. » N’est-ce pas une insurrection spirituelle qui s’impose comme celle que provoqua un abbé Pierre en 1954 ?