Cette semaine, le Père Patrick de Laubier a été rappelé à Dieu à l’âge de 81 ans, alors qu’il s’était rendu à Rome pour l’Année de la Miséricorde. C’est avec beaucoup de chagrin, mais aussi une immense gratitude pour son témoignage, qu’on peut saluer le départ de cet apôtre inlassable qui aura sillonné la planète, en grand pédagogue de la Foi chrétienne dans son exigence et dans sa gratuité. Ordonné prêtre à Rome par le Pape Jean-Paul II le 13 mai 2001, Patrick de Laubier avait déjà consacré très tôt sa vie à Dieu et à la mission particulière de l’évangélisation des pays voués à l’athéisme et des milieux athées.
Comme spécialiste de la sociologie, une discipline qu’il enseignait à l’université de Genève, il s’était familiarisé avec l’œuvre de Karl Marx, tout en devenant très jeune un ami du philosophe catholique thomiste Jacques Maritain et du Cardinal Journet, grande figure helvétique de l’Eglise du XXème siècle, ces deux hommes ayant frayé la voie de la « Civilisation de l’Amour » annoncée par Paul VI… Un Paul VI dont il s’est attaché à défendre la mémoire injustement méconnue et à relayer le message prophétique.
Mais comme grand voyageur, Patrick de Laubier était parti comme en éclaireur à la rencontre de l’intelligentsia soviétique de la fin de l’URSS, et lui avait hardiment proposé un dialogue sur la fécondité des valeurs chrétiennes dès le milieu des années 80 : également professeur invité à l’université de Fribourg en Suisse, à l’université pédagogique de Moscou et à l’université du Latran à Rome, il était à l’époque le cofondateur d’une « Université volante internationale pour l’enseignement social chrétien », et il sut y rallier de nombreux amis, notamment parmi ces intellectuels russes, ukrainiens et biélorusses de l’époque de transition de la « Perestroïka » de Gorbatchev et des années à venir.
En outre, c’est dans une perspective œcuménique qu’il s’intéressait à la Russie de Vladimir Soloviev dans l’espoir de faire progresser le dialogue de rapprochement entre catholiques et orthodoxes à l’échelle internationale. Il avait participé à des rencontres d’associations Soloviev à Moscou et aux rencontres oecuméniques « Uspenske Chtenia » organisées à Kiev avec une grande persévérance par son jeune ami orthodoxe ukrainien Constantin Sigov, dès les premières années de ce XXIème siècle riche tant en promesses merveilleuses qu’en redoutables défis. En cela, tous deux conjuguaient leurs efforts avec ceux de l’universitaire russe Serge Averintsev, extraordinaire pédagogue de la foi à l’Université de Moscou et… jusque dans les colonnes de l’Encyclopédie soviétique dès les années 70 et 80… puis interlocuteur de Jean-Paul II dès 1993 grâce à Patrick de Laubier…
Mais, entretemps, c’est aussi vers la Chine et le Brésil que Patrick de Laubier a porté ses efforts de témoin fraternel de la foi. Il a su animer à plusieurs reprises des sessions de formation spirituelle pour des jeunes Chinois dans leur pays, oeuvrant avec à la fois hardiesse et discrétion à l’évangélisation de ce peuple qu’il aimait.
Universitaire devenu prêtre, Patrick de Laubier était un homme d’une grande indépendance d’esprit, d’un grand courage et d’une immense générosité. Sans ménager sa peine, avec une totale abnégation, il aura été le globe-trotter d’un apostolat sans frontières, au service exclusif du Christ. Le dernier Mercredi des Cendres, le Pape François l’avait nommé Missionnaire de la Miséricorde.
http://www.france-catholique.fr/Offre-speciale-Careme-Ste-Therese.html