Pas peur, Religion ! - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Pas peur, Religion !

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« Seigneur, je ne suis pas digne de Te recevoir », nous, les catholiques du monde anglophone avons dit ceci pendant quarante ans, mettant en sourdine les belles paroles du centurion de Jésus. Heureusement, les vraies paroles de la messe – c’est-à-dire « que tu viennes sous mon toit »- nous ont été pour la plupart rendues. Nous avons encore un lectionnaire gris, et les vieux poèmes qui autrefois agrémentaient nos cantiques ont été rénovés, ce qui les rend incohérents, insipides, émasculés, mal dits et leur a fait perdre toute allusion aux Ecritures. Pour combien de temps, o Seigneur, pour combien de temps ?

Personne ne demande au garçon de restaurant un menu insipide. Les gens lisent de bons et de mauvais livres, mais personne ne cherche ceux qui n’ont pas de goût. Personne n’a faim d’un tilapia intellectuel. Il se peut qu’on ne puisse rien se procurer d’autre, mais je crois que cela vient surtout d’une mauvaise éducation ; même les enfants, après tout, devraient pouvoir pénétrer avec émerveillement dans les bons vieux contes populaires, riches de loups, de tiges de haricots, de sorcières, et de vérité.
Pourtant nous continuons à servir du tilapia bouilli et du tofu. Regardez ces lignes extraites d’un livre qui était tant aimé, autrefois par les jeunes et les vieux :

La veuve, elle m’a crié dessus, et m’a traité de pauvre agneau perdu, et elle m’a traité aussi de bien d’autres noms, mais elle n’a jamais eu l’intention de me faire du mal comme cela. Elle m’a encore mis des vêtements neufs, et je ne pouvais pas faire autrement que de suer, et de suer, et d’avoir tout un tas de crampes. Et alors, alors la vieille routine a recommencé. La veuve a sonné une cloche pour le dîner, et il fallait arriver à l’heure. Quand on se mettait à table, il ne fallait pas commencer à manger tout de suite, mais il fallait attendre que la veuve penche la tête, et grommelle un peu sur les victuailles, et pourtant, il n’y avait rien qui clochait vraiment avec la nourriture.

Et maintenant, considérez le même texte, « inculturé » pour se mettre à la portée des idiots :

La veuve a crié quand je suis revenu. Elle m’a appelé pauvre agneau perdu et plein d’autres noms, mais elle ne me voulait pas de mal. Elle m’a fait mettre des vêtements neufs qui m’ont fait transpirer et me sentir de nouveau tout coincé. Ensuitr toute l’agitation à propos des règlements a recommencé. Par exemple, chaque fois que la veuve sonnait la cloche du dîner, il fallait lâcher ce qu’on était en train de faire pour venir à table. Quand on s’asseyait pour manger, il fallait attendre qu’elle ait penché la tête et prié, alors qu’il n’y avait rien de mal avec la nourriture.

Ceci vient d’un site tenu par la compagnie Spark Notes, sous l’étiquette « Pas peur Mark Twain ». il ne peut pas y avoir d’évidence plus accablante de l’ineptie de nos écoles, et de combien les maisons familiales ont cessé d’être un lieu d’éducation, que le fait que les écoliers soient considérés comme incapables de lire Huckleberry Finn.

Quoiqu’il en soit, qu’est-ce qui ne va pas dans cette traduction ? En fait, tout l’esprit. Huck dit qu’il n’y avait rien de vraiment mal avec la nourriture, et nous saisissons cette allusion à une concession généreuse ; tout compte fait, il ne trouve pas la nourriture si mal que cela. Huck dit que la veuve « grommelait un peu au-dessus des victuailles », et nous pouvons entendre la vieille dame qui marmonne un bénédicité d’une voix basse et manifestement respectueuse, un comportement qui n’a aucun sens pour Huck, et qui est l’objet d’une légère moquerie. Tout ceci est perdu dans la traduction.

La vivacité de l’expérience humaine est perdue. Huck, essentiellement garçon jusqu’à la moelle de ses os, ne peut pas supporter les vêtements neufs et lourds qu’il est obligé de porter. Ils le font « suer et suer »  et lui donnent tout un tas de crampes. Le deuxième « suer » est essentiel. Il transpire, et puis, il transpire encore, sans espoir de secours. Il se sent «  tout plein de crampes », et non pas « coincé » comme l’a écrit le traducteur avec une platitude caractéristique, et une incapacité à saisir le sens physique des mots.

Le garçon est perdu : Cette personne humaine distincte, avec sa voix reconnaissable entre toutes. Il ne nous parle pas dans la traduction. Il n’est même pas présent. Huckleberry Finn, commencer une phrase par « Par exemple » ? Quoi d’autre, il pourrait parler d’ « objectifs d’apprentissages » et de « pensée critique » et d’ « évaluations administratives régulières » ?
Pourquoi est-ce que je soulève ce sujet ? L’Eglise a deux mille ans de grandeur en sa possession : littérature, musique, arts, philosophie, théologie ; et puis, il y a les Ecritures, dont un enfant peut facilement ouvrir les portes, mais dont les cours intérieures sont remplies de merveilles que les plus intelligents d’entre nous peuvent seulement commencer à comprendre. Pourtant, dans nos écoles et nos paroisses, nous pouvons à peine nous prévaloir d’aucune de ces merveilles. Nous les avons « traduites » dans le langage du «Pas peur  catholicisme ».

Quand j’étais jeune et que j’ai lu les Confessions de Saint Augustin pour la première fois, je fus stupéfait de constater que les gens, il y a dix-sept siècles ne lisaient pas le premier verset de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » comme s’il s’agissait simplement du sol sous nos pieds et du ciel au-dessus de nos têtes.

J’étais stupéfait de découvrir une analyse de la matière informe qui sonne tout à fait comme ce que certains physiciens modernes ont à dire à propos de la manière dont existent les particules fondamentales. Dieu a créé le monde en «  taille, poids et nombre, » a dit Saint Augustin, citant le livre de la Sagesse – un verset mathématique qui allait inspirer les architectes, poètes, compositeurs et artistes chrétiens pendant plus de mille ans. Je n’en avais rien su.

Si l’enfant lit cette épouvantable réduction de Mark Twain, une chose est certaine. Il ne lira jamais le vrai roman. On ne peut pas nager dans une réduction de l’océan. On a besoin de lancer les bras contre du vrai.

N’élevons pas encore une autre génération de jeunes gens en leur laissant croire qu’ils ont nagé dans l’océan parce qu’ils ont barboté dans une baignoire avec un canard en caoutchouc. Catholiques – sortez l’artillerie lourde. Que la beauté s’avance hardie et effrontée. Remettez la peur dans la foi, cette bonne peur, la crainte de Dieu et la vénération qui stimulent le sang et innervent le bras.

6 mai 2019

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/05/06/no-fear-religion/

Image: La veuve Douglas faisant la leçon à Huck par E.W. Kemble, 1885. Twain avait personnellement chsoii Kemble pour illustrer la première éditions de Les aventures de Huckleberry Finn. Ces illustrations de Kemble peuvent être vue ici.