Pas de place ici - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Pas de place ici

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Le pape bénissant le ventre d'une femme enceinte.

Le pape bénissant le ventre d'une femme enceinte.

© Antoine Mekary / Godong

Dans la paroisse dominicaine où j’assiste à la messe, nous avons un merveilleux pasteur, un prêtre né à la Jamaïque. Il célèbre la messe avec respect, ses homélies sont toujours réfléchies, bien construites et profondément orthodoxes et la plupart des gens de la paroisse le voient comme un don formidable. Nous n’avons pas toujours été gratifiés de grands pasteurs, mais maintenant nous le sommes.

De ce fait, j’ai été choqué et horrifié quand dimanche dernier je l’ai entendu annoncer qu’il avait reçu des courriels anonymes « dépourvus de charité ». « Je ne peux pas changer la couleur de ma peau » a-t-il annoncé « alors si vous ne souhaitez pas fréquenter une personne de couleur, il se peut que vous trouviez des églises qui vous accepteront, mais vous n’avez pas votre place ici ». Amen, Père.

Ma réaction immédiate en entendant que quelqu’un écrivait des choses si méchantes à notre pasteur a été de me dire – je suis sûr que je n’étais pas le seul dans ce cas – « vous ne pouvez pas écrire ainsi à mon curé ! comment osez vous ! » Et ensuite, dans ma colère, j’ai pensé : « Si je pouvais trouver ce type, je lui flanquerai une raclée ! Je veux dire, ne vous avisez pas d’approcher le seuil de cette église tant que vous ne vous repentez pas de ce que vous avez fait ».

Ce n’est pas à moi de décider qui peut ou non se présenter à la messe. Mais quand même ! Le saint patron de la province dominicaine dans laquelle je vis est Saint Martin de Porres, un autre noir. Sa statue est dehors, sur le parvis. Cela étant, qui serait assez stupide pour imaginer qu’interdire l’Église aux noirs serait acceptable pour un catholique. Il semble que certains le fassent. Probablement peu nombreux, mais il y en a au moins un.

Une telle personne devrait-elle se présenter à la communion ? Une telle personne est-elle vraiment en communion avec l’Église catholique ? Ou est-ce qu’elle s’accroche à un préjugé haineux et une action qui en découle d’une façon qui a rompu sa relation avec le Christ et Son Église ? Ce n’est pas à moi de décider, mais il vaut la peine de se poser la question.

Maintenant, aussi déconcertant qu’il soit d’entendre qu’il y a toujours des gens pour dire de telles choses, ce n’est pas aussi rare que nous voudrions le croire. Si vous me ressemblez un tant soit peu, vous pourriez vous dire : « Je n’ai jamais vu quelqu’un faire des commentaires ouvertement racistes. En fait, je ne crois pas avoir jamais connu personne qui ferait des commentaires de cette sorte. » Cependant, des gens de couleur vous diront que des gens le font encore. Comment est-ce possible ? Parmi les grandes divisions de notre société, l’une est entre la majorité qui ne parlera ni ne pensera jamais de cette manière et ceux qui continueront de le faire.

Donc quand nous disons que le racisme a largement disparu de la société, nous devrions le faire avec circonspection. Cela peut bien être quelque chose que certains groupes de blancs ne voient pas, mais cela ne signifie pas que cela n’arrive pas en des endroits que nous ne voyons pas. Dans une certaine mesure, des récits incessants de « micro-agressions » et de « racisme généralisé », que beaucoup trouvent discutables, peuvent empêcher d’admettre que des comportements ouvertement racistes existent toujours dans des coins sombres de notre société. Cependant, il ne devrait pas surprendre, étant donné l’enseignement constant de l’Église, que de tels comportements et attitudes soient inacceptables pour un catholique.

Il y a une scène dans le livre Le grand divorce entre le Ciel et la Terre de C.S. Lewis dans laquelle une femme se voit offrir après la mort la chance d’aller au Ciel. « Non, non » proteste-t-elle « pas si ces gens y sont, des gens de cette sorte ». Mais accepter ces gens est le prix d’entrée. Elle en est incapable, alors elle retourne en Enfer. Vous ne pouvez pas garder vos façons de faire infernales au Ciel.

Obtiendrai-je un soutien fervent si je dis : « Cette personne raciste ne devrait pas se présenter à la communion ? » Quel bon évêque libéral tolèrerait qu’une personne ouvertement raciste qui soutient la violence contre les gens de couleur se présente fièrement régulièrement à la communion, même si cette personne n’est pas coupable personnellement de cette violence ?

Un bon évêque libéral argumentera probablement qu’une telle personne s’est clairement mise hors de la communion de l’Église, surtout si elle déclarait publiquement que refuser les personnes de couleur dans les écoles ou les entreprises non seulement n’est pas contraire au catholicisme mais est un bien positif pour la société. Beaucoup de gens seront d’accord qu’il est inacceptable de permettre à ce raciste manifeste de venir à la messe comme s’il était un catholique bon teint agissant en accord avec les enseignements de l’Église. « Il ne faut pas que les gens croient que l’Église admet cela » diraient les gens. Et à juste titre selon moi.

Alors, pourquoi Joe Biden reçoit-il toujours la communion ? La seule raison pour laquelle un évêque pourrait voir sa situation différemment de celle que j’ai présentée est qu’il ne croirait pas que l’avortement est le meurtre d’un enfant humain. Et refuser de reconnaître cela mettrait un tel évêque en délicatesse avec l’enseignement très clair et irrévocable de l’Église catholique.

Le concile Vatican II nomme l’avortement « un crime sans nom ». Et comme John Noonan l’a montré dans « La morale de l’avortement : perspectives légales et historiques », l’Église a enseigné depuis ses débuts que l’avortement est inadmissible, même quand la culture ambiante y est indifférente. Quand d’autres soutenaient l’avortement, « les chrétiens proposaient une règle qui était sûre, globale et absolue ». La « Didachè », ou « Enseignement des douze apôtres », une déclaration des principes chrétiens faisant autorité composée au plus tard en 100 après Jésus-Christ, condamnait l’avortement comme une offense contre Dieu et le classait comme un péché majeur inclus dans les Dix Commandements.

Un évêque qui refuserait instantanément la communion à un raciste avéré mais non à un partisan avéré de l’avortement révèlerait qu’il est motivé davantage par les modes et idéologie politiques actuelles que par les enseignements moraux constants de l’Église. Et que le partisan de l’avortement soit ou non autorisé à se présenter à la communion, un tel ecclésiastique ne devrait pas être autorisé à se présenter comme évêque dans l’Église catholique.