Plutôt que de m’intéresser à ce qui bouleverse en ce moment le champ événementiel parisien, et en attendant de partir demain matin manifester en faveur du respect que l’on doit à toute vie, celle même des tous premiers commencements d’un être nouvellement conçu, je veux tenter de mettre de l’ordre dans ce que je pense de Monsieur Vincent Peillon.
Premièrement j’éprouve une grande compassion pour son âme et de ce fait je prie chaque matin pour lui en priant pour la France, ma patrie ; secondement, je rejette quasi tout de ce qu’il dit, du moins de ce que je sais sur ce qu’il dit.
Monsieur Peillon ne fait pas qu’écrire : il sait parfaitement que les lecteurs sont plus rares que les auditeurs. Ainsi, par la magie de l’Araignée, j’ai avant hier visionné, sans même l’avoir cherchée, une vidéo logée chez Youtube 1
: dans ce document, le maître de la Rue de Grenelle s’épanche sur ce qui lui tient le plus à cœur : démolir l’Église catholique – comme d’ailleurs tout Grand Orientaliste qui se respecte –, cette infernale institution ennemie de la ‘’Liberté’’ et génératrice d’une ‘’Oppression’’ à multiples vecteurs, afin, naturellement d’installer pour toujours la religion laïque dont il est en quelque sorte le prophète. En somme il se veut le sauveur de la France, lui qui refuse jusqu’au concept de rédemption ou de salut…
D’où tient-il que l’Église catholique ne respecte pas la liberté de chacun ? La foi dont l’Église catholique est gardienne première, dont elle est la principale en ce monde à assurer la vie, est la source même de la liberté de l’homme car cette liberté est le sceau de l’origine divine de sa création.
D’où tient-il son ignorance, à moins qu’il ne s’agisse que d’un « mensonge raisonné » ? Serait-ce qu’il aurait fait, dans une sacristie, un stage un peu chahuté durant son enfance ? Aurait-il rencontré un mauvais plaisant de prêtre qui l’aurait opprimé d’une façon ou d’une autre (il en existe hélas comme il existe partout de mauvais bougres) ? Voulait-il devenir mahométan et en aurait-il été empêché par un évêque ? Aucune de ses raisons n’était cependant en mesure de lui interdire quoi que ce soit : la liberté de choix comme la liberté d’exécution est fondamentale dans notre Église ! Ce n’est pas parce que Vincent Peillon cajole les protestants en les présentant comme des fanatiques de la liberté que les catholiques se retrouvent être des tyrans ou, pour parler selon une terminologie plus contemporaine, des totalitaires.
Le totalitarisme, je le découvre dans l’arrière plan de son discours comme une conséquence fatale de ses opinions. Il abîme volontairement le visage de ce qu’il veut abattre : nous savons que c’est exactement la démarche propre à Satan, le premier de tous les « asservisseurs ».
Où ce ministre, qui devrait pourtant être informé, a-t-il été pécher que l’Église catholique est et était et sera un « instrument d’oppression » ? Sans cesse, telle une obsession, cette expression revient chez lui, et cela finit à la fois par être ‘’oppressant’’ et grotesque. Je ne sais lequel de ces deux mots l’emportent sur l’autre.
Il conviendrait, pour qu’il éclaire sa lanterne, qu’il examine d’où viennent les principales évolutions pratiques de l’amour que l’homme doit éprouver pour l’homme avant même de le tourner vers « le Dieu de Jésus », son Christ, la seule source possible de tout amour. Qu’il pense aux premiers hôpitaux créés par ses fidèles dans l’empire romain ; qu’il pense aux innombrables saints qui ont littéralement ensemencé l’univers d’œuvres accomplies par amour, jamais par cupidité ou obligation : ces saints furent et continuent d’être les principaux artisans de l’histoire secrète ou parallèle de notre pays comme de ceux qui nous entourent 2, histoire que notre prétendue Éducation nationale délaisse superbement, laissant béante en chaque élève une ignorance tragique : nos institutions laïques ont écarté ces témoins alors que ce qu’elles font de mieux est tiré de leurs exemples.
Je reviens à Vincent Peillon : ayant attentivement écouté ses propos, donnés sur cet enregistrement en larges extraits de façon à ce qu’il ne soit pas possible de dire qu’on l’a mal entendu ou mal compris, qu’il fallait tenir compte du contexte au sein duquel il s’exprimait etc., j’ai été surpris de découvrir que notre ministre temporaire ou transitoire pouvait affirmer successivement le noir ou le gris, le blanc ou le rouge. J’ai rapporté sa conviction ‘’noire’’ concernant l’Église catholique : plus loin, il avoue, en blanc et rouge, avoir eu des conversations avec de jeunes étudiants protestants, catholiques et autres à propos de la laïcité. Il dit avoir eu plaisir à les découvrir à l’écoute, respectueux de cette laïcité républicaine : ajoutant qu’en effet la laïcité n’était pas hostile au religieux, sans leur préciser toutefois qu’il y a, dans la conception qu’il en a, un arrière plan des plus ambigus, des plus suspects…
Quelle est sa véritable et constante conviction ? Qu’il faut que la République prenne « le pouvoir moral et spirituel » afin d’accomplir définitivement la Révolution, restée seulement au « stade du matériel » 3 : comment cela pourrait-il se faire si l’on ne parvient pas à évacuer cette ‘’ennemie’’ séculaire, cette Église tyrannique, oppressante et sans fin mise par lui au banc des accusés ? Qu’elle ‘’dégage’’ en somme, comme cela s’est dit élégamment en diverse occasions récentes !
Bien entendu notre ministre ne s’attarde pas à éclairer une question embarrassante : est-ce la vocation ‘’normale’’ du Pouvoir politique, qui ne saurait donc être religieux, de chercher aussi caricaturalement à s’accaparer particulièrement les ‘’pouvoirs’’ du ‘’religieux’’ ? Je suppose que la possession aujourd’hui, mais plus pour longtemps, de la presque totalité des pouvoirs territoriaux et politiques a donné des ailes aux ambitieux, ce qu’est indubitablement Vincent Peillon. La nécessité de répondre à cette question ne semble pas faire partie de son propos : la République est déesse de droit divin, droit en somme de l’homme, point à la ligne. Plus en avant que la dame député qui affirmait sans honte ressentir que « les enfants appartiennent à l’État », je perçois que pour Vincent Peillon, tous les citoyens appartiennent à cet État pour toujours … À eux de se faire à cette idée !
Par bonheur, il y aura un après Peillon… mais ses successeurs auront-ils une résolution suffisamment éclairée pour inverser à 180° les orientations scandaleuses auxquelles l’on peut s’attendre, après les hors-d’œuvres déjà servis ? Les mouvements oscillants que nous percevons parmi les candidats à la succession, on peut nourri les craintes les plus justifiées : je n’ai rien lu qui soit déterminant parmi les diverses productions des caciques de l’UMP. Je me demande si l’ensemble des élus de ce mouvement ont de réelles et assez fortes convictions pour espérer qu’ils oseront effacer la Taubirette, la future loi dite éthique concernant les recherches sur les embryons et la loi en préparation sur l’euthanasie : s’y ajoute évidemment la reprise en main du Mammouth dans son ensemble, avec à la clef son démembrement : il faut que cet État dans l’État cesse d’exister tel qu’il est.
Il y a quelques exceptions parmi les parlementaires de l’actuelle opposition sur lesquels on peut compter, mais quand il s’agit de voter, les seules exceptions ne suffisent pas. La France a-t-elle conçu le Richelieu dont elle aura besoin en 2017 ?
T
Une question capitale me reste à poser sur le droit des parents à éduquer eux-mêmes leurs enfants : un droit qui s’apparente essentiellement à un devoir. Qu’il existe des institutions en mesure de les aider dans l’exercice de ce ‘’droit/devoir’’, de les éclairer sur les options possibles, cela est bon, nécessaire, juste, indispensable. Que ces institutions s’attribuent le rôle de ‘’concepteurs’’ de ce que les enfants ont à apprendre en vue de s’accomplir sans jamais passer par l’accord éclairé des parents, cela est intolérable en même temps qu’un abus de pouvoir. L’éclairage en question se donne aisément quand il ne s’agit que des mathématiques ou de la géographie, quoiqu’il soit toujours possible s’inséminer d’idéologie même ces matières : mais, encore par exemple, le civisme, la littérature, l’histoire, la biologie et la philosophie sont des terrains de choix pour les idéologues purs et durs. Ici s’inscrit l’indispensable et bienheureuse liberté d’enseignement : en précisant que cette liberté ne saurait exister sans la capacité de définir les critères d’objectivité et de congruence en chacune de ces disciplines, sans l’examen et l’avis des parents : ce qui suppose à la fois l’information qu’ils ont à recevoir et les temps de réflexion qu’il faut aménager pour eux. Exemple utile : le fait de supprimer Bossuet et Pascal des enseignements littéraires et philosophiques tout en y incluant Sartre et Marx révèle deux orientations qu’il revient aux initiateurs d’expliquer aux responsables premiers que sont les parents. Leur responsabilité est d’engagement personnel et familial, non d’obéissance à Monsieur Peillon.
Celui-ci a tellement insisté sur la nécessité d’établir la religion laïque, enceinte de ses œuvres d’une morale chargée de ‘’valeurs’’ et d’une spiritualité issue de la ‘’rationalité’’, que j’en ai été une nouvelle fois – la première c’était en lisant de longs extraits de son livre sur la Révolution non achevée – littéralement stupéfié. Le meilleur de son topo spécifiait que désormais l’homme avait reçu de lui-même la charge d’achever la Création ! Je dis oui s’il s’agit de la foi chrétienne, je dis évidemment non quand on en est réduit aux seules capacités de l’Homme : 1914 et 1938 devrait servir de références garde-fous.
Bien entendu, dixit le Ministre, « pas de dogmes, pas de rédemption et de salut, pas de péché d’origine » – j’ai entendu par-dessus sa voix qu’il n’avait qu’une connaissance des plus succinctes de ce qu’est en vérité ce péché irremplaçable : sans lui, on ne peut que divaguer (ce que fait avec aisance ce ministre), et ne rien comprendre à la nature des hommes (ce qu’il démontre en passant) ! Il a même énoncé que, selon sa « religion laïque », désormais l’être humain, sa conscience reliée sans fil à la divinité (mais laquelle ?) – à moins qu’il ne s’agisse que d’une ‘’connexion’’ arachnéenne –, déciderait seul de ce qu’il devait penser, choisir, accomplir : nul besoin pour cela de la ‘’grâce’’.
À ce dernier mot, un tressaillement de l’âme m’a saisi, car la Grâce nous est transmise par l’Esprit Saint, lorsqu’en toute liberté nous la désirons : aussitôt j’ai compris qu’il nous entraînait dans ce que Jésus nomme « péché contre l’Esprit ». Évidemment, que peut ici comprendre ce monsieur qui a envoyé aux oubliettes du Moyen Âge l’ensemble de la civilisation chrétienne ? Et pourtant, il parle comme s’il savait et place ses convictions dans une perspective d’une absolue hostilité envers le christianisme.
Si son projet devait réussir – mais il échouera lamentablement parce que gros de risques totalitaires et imprégné de senteurs anciennes liées aux persécutions innombrables subies par les chrétiens à travers les siècles jusqu’à notre aujourd’hui inclus – je plains d’avance les futurs citoyens de cette folle et globalisante république à vocation exterminatrice de tout ce qui ne serait pas elle 4 !
Le meilleur pour l’homme mon prochain est ce que veut l’amour : que chacun soit laissé libre de choisir et libre de déterminer lucidement ce qui convient le mieux à ses enfants et petits-enfants. Ce n’est pas ici le rôle de l’État. Quand ce point sera compris de nos « élites politiques », la France et le peuple français avec elle aura fait un immense pas en avant dans la seule et vivante civilisation que j’espère pour demain, celle de l’amour bien compris et non celle du totalitarisme.
Pour aller plus loin :
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- La nouvelle « laïcité » pour l’« homme nouveau »
- Notes sur des déclarations de Monsieur Vincent Peillon
- La déraison de la nouvelle Religion d’Etat du trio Peillon-Valls-Taubira
- Panique devant les rythmes incontrôlables de M. Peillon
- http://www.youtube.com/watch?v=p_BbC2yPVMo : c’est l’adresse où découvrir cette vidéo.
- L’Europe tente de supprimer la réalité ontologique de ces nations pour les remplacer par une entité sans morale, sans amour et sans grâce : alors que nous aurions pu bâtir une Europe selon les lois de l’esprit, où la liberté des nations aurait été le garant des engagements communs, limités à l’essentiel et sans porter atteinte à l’ensemble des réalités qui constituent la subsidiarité de chacune.
- Citations non littérales.
- Peut-être qu’alors ils la déserteraient en masse pour participer au rétablissement de la monarchie… Constitutionnelle, naturellement.