Pape François, le film - France Catholique
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Pape François, le film

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Le 6 février 20171, SAJE 2, diffuse le DVD d’un film hispano-argentin qui, quelques mois après sa sortie en salle, mérite toujours notre intérêt.

Il est le premier « biopic » sur le pape François. La popularité du Pape demeurant énorme, y compris chez les non-chrétiens, bénéficiera-t-il d’un engouement populaire ? Nous l’avons vu dans une projection privilégiée. Les spectateurs ont aimé. Beaucoup ont pleuré… et ri. Et, si nous ne pouvons pas présager de son succès commercial, nous pouvons du moins affirmer qu’il ne pourra faire que du bien… Aux cathos, et aux autres…

Il présente d’abord des qualités techniques indéniables quant à l’image. Les acteurs, que nous ne connaissons pas plus en France que le réalisateur, sont d’immenses vedettes en Argentine ou en Espagne. Presque tout repose sur le jeu puissant de Dario Grandinetti. Celui-ci, que certains Français connaissent tout de même pour ses rôles dans des films d’Almodovar, n’a que très peu de ressemblance avec le pape François et pourtant, on n’est pas gêné plus de quelques secondes par cet aspect, tant les gestes et le ton y sont. Mais il faut reconnaître que l’actrice principale, Silvia Abascal, est particulièrement craquante… Elle incarne Ana, une journaliste agnostique, mère célibataire… qui a été inventée pour le besoin du scénario à partir, notamment, de la vie de Elisabetta Piqué, journaliste argentine correspondante au Vatican, qui est l’auteur du best-seller international François, vie et révolution. Celui-ci a servi, au moins dans sa première partie, de base à ce film. Rappelons qu’un « biopic » est une fiction qui est censée donner une vérité que la pure histoire factuelle serait impuissante à rendre ou parfois incapable de le faire pour des raisons simplement juridiques…

Les dialogues sont succulents. On n’oubliera plus certaines expressions : « Dieu sait tout… sauf ce qui se passe dans la tête d’un jésuite. » « Comment se suicide un Argentin ? En se précipitant depuis son ego. »

Dans le film, Ana est donc une jeune journaliste espagnole – mais de mère ar­gen­tine – envoyée à Rome pour couvrir le conclave de 2005, celui qui verra l’élection du pape Ratzinger, puis celui de 2013… Grâce à elle nous découvrons le monde des journalistes « vaticanistes » qui se croient capables de dire quelque chose d’intelligent sur ce qui se passe dans la chapelle Sixtine. Elle ne s’y laisse pas prendre longtemps. L’archevêque de Buenos Aires l’intéresse particulièrement. Elle a pu lui parler fortuitement dans un train et de là va naître une relation de confiance qui se développera en plusieurs épisodes sur plus de quinze ans.

Ceux qui voudraient apprendre quelque chose de précis sur la jeunesse du Pape seront sans doute un peu perturbés par une série d’aller-retour entre différentes époques (la fin de l’adolescence, le séminaire, la dictature militaire argentine, les conclaves à Rome…) avec des personnages qui soit ce sont interprétés par des acteurs différents, soit sont les mêmes tantôt rajeunis ou vieillis, mais sans doute pas assez pour qu’on s’y retrouve toujours. La jolie Ana ne vieillit jamais… Mais c’est, comme pour la non-ressemblance physique de l’acteur interprétant le Pape, un détail qui ne nuit pas au propos du film qui est moins de présenter une histoire réaliste que d’en tirer la leçon : politique, théologique, tout simplement humaine. Chaque événement ramené à la surface est là pour nous dire quelque chose de la personnalité et de la doctrine du Padre Jorge. Beaucoup d’histoires sont évidemment édifiantes, qui montrent son souci d’humilité, sa proximité avec les plus pauvres, son courage inébranlable… Mais non, il ne s’agit pas d’une hagiographie, c’est beaucoup plus subtil et donc intéressant.

Il est important que la trame générale de l’histoire soit féminine, Ana et sa petite fille, Ana et sa mère… Et d’autres femmes qui émaillent le récit : bonne sœur, secrétaire, mère de famille dont le fils a été enlevé et tué, mère de famille ayant avorté. Le thème de l’avortement revient deux fois. Personne n’en sera heurté tant c’est l’occasion de montrer la si profonde humanité du Padre Jorge…

Une autre présence féminine qui revient à plusieurs reprises est celle de « Marie qui défait les nœuds », une dévotion née en Allemagne mais qui a pris son premier développement mondial en Argentine et qui accompagne manifestement le Pape en toute occasion. On sait le succès qu’elle rencontre aujourd’hui en France…

On dit parfois ce pape incompréhensible, imprudent ou provocateur, bavard, autoritaire, décalé par rapport à la situation européenne, quand on ne tente pas de ressortir certains vieux dossiers censés le couler… C’est là que le film fait mouche et nous rend plus intelligents en nous faisant toucher du doigt les éléments de base de la pédagogie spirituelle jésuite, en nous montrant le personnage dans sa cohérence interne. Oui, tout le monde y trouvera son compte, les sentimentaux comme les rationnels. Ce film mérite plus qu’un succès d’estime.

  1. Le film avait été diffusé en salle à partir du 26 septembre 2016, une sortie en précédée d’un certain nombre de projections en première exclusivité dans certains diocèses, à la demande de catholiques motivés. Et on pouvait organiser, près de chez soi, l’arrivée de ce film dans un vrai cinéma (modalités d’organisation sur le site Internet www.sajedistribution.com/).
  2. Le public français peut-il s’intéresser à des films à thématique chrétienne ? On peut en douter. Soit que l’intérêt pour les choses spirituelles soit véritablement devenu très minoritaire dans notre pays, soit que, à force de n’en point voir… quand il s’en présente un, même agréable à découvrir, il nous paraisse incongru. Est-ce que nous ne nous serions pas laissés un peu, depuis tant d’années, bourrer le crâne par Canal+ et le tout petit monde de la télé et du cinéma ?

    Car des films qui présentent les questions de foi sous un jour honnête voire favorable, il en existe et même de plus en plus, avec des budgets parfois importants, aux États-Unis bien sûr d’abord. Là, des chrétiens de toutes obédiences se sont mobilisés pour que ces films soient tournés et distribués. La chose s’étant avérée rentable grâce à cette mobilisation, elle va continuer.

    Si nous voulons que de tels films traversent l’Atlantique, il faut sélectionner les meilleurs, les plus adaptables à nos propres codes culturels peut-être, et les montrer. C’est le pari qu’une société de production et de distribution de films, SAJE, dont le directeur, Hubert de Torcy, est membre de la communauté de l’Emmanuel, a fait depuis quelques années. Mais la suite dépend de nous. Quand un film intéressant arrive, il ne suffit pas de le mettre en salles pour qu’il y reste et fasse des recettes qui prouveront l’existence d’un marché à une industrie qui n’est jamais insensible au succès.