Islamabad (Agence Fides) – Les demandes de visas languissent sous les dossiers désormais depuis plusieurs mois. Le gouvernement pakistanais démontre de ne pas apprécier les journalistes étrangers qui entendent documenter et réaliser des enquêtes sur la vie des chrétiens au Pakistan en retardant et de fait en niant – sans fournir aucune explication – les visas d’entrée dans le pays. C’est ce que l’Agence Fides apprend d’un certain nombre de journalistes italiens qui, depuis plusieurs mois, ont fait la demande d’entrée dans le pays afin d’y réaliser des reportages sur la vie de la communauté chrétienne. Il n’est pas exclu que ce même traitement soit réservé à des journalistes d’autres pays, remarquent des sources diplomatiques de Fides.
Le cas d’Asia Bibi (chrétienne condamnée à mort injustement pour blasphème), le cas plus récent de Farah Hatim (la jeune catholique enlevée et islamisée de force), l’assassinat du Ministre Shahbaz Bhatti le 2 mars dernier et la grande attention accordée par la communauté internationale causent un dommage en termes d’image au gouvernement pakistanais – et donc une certaine gêne – en ce qu’ils soulèvent de manière évidente le thème du respect des droits de l’homme et en particulier des droits des minorités religieuses. C’est pourquoi l’orientation actuelle consiste à empêcher ou à contrarier de toutes les manières l’entrée dans le pays des professionnels de la communication qui, par leur travail non exempt de risques, entendent faire en sorte que l’attention sur ces questions délicates demeure à un niveau élevé.
Les mesures relatives aux visas ont été durcies suite à un récent cas éditorial. Le gouvernement pakistanais n’a en effet pas apprécié l’œuvre de la journaliste indépendante française Anne-Isabelle Tollet qui, après avoir passé quelques mois dans le pays et en collaboration avec des chaînes de télévision locales, a écrit, une fois revenue en France, un livre intitulé « Blasphème » qui raconte l’histoire d’Asia Bibi. Le livre a été publié en France mais également en Grande-Bretagne et en Italie (éditions Mondadori) ainsi que dans d’autres pays d’Europe, suscitant une grande attention. Dans le livre, Asia affirme : « je suis seulement une femme dans l’océan des femmes de ce monde mais je suis convaincue que mon calvaire est le reflet de beaucoup d’autres. Je voudrais tant que mes bourreaux ouvrent les yeux et que la situation de mon pays change ».
Le souhait exprimé par Asia Bibi est partagé – notent des sources de Fides – par de nombreux chrétiens pakistanais qui se sentent « citoyens de deuxième classe ». C’est pourquoi ils demandent au gouvernement l’égalité et la parité en termes de dignité, continuant à compter sur l’aide de la communauté internationale. Ils espèrent en particulier que les aides économiques et de coopération destinées au gouvernement pakistanais par les gouvernements occidentaux soient en quelque sort « conditionnées » au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans le pays, en particulier envers les minorités.
(PA) (Agence Fides 25/06/2011
Pour aller plus loin :
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- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
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