La médiocrité de la vie politique en France ne me fera pas oublier la joie qui saisit aujourd’hui des millions de jeunes à Rio de Janeiro, des millions de pères et de mères qui partagent au profond de leur cœur cette joie de leur fils ou de leur fille ! Et d’autres millions, de dizaines et peut-être des centaines de millions d’autres adultes qui regardent, émerveillés, ce qui a commencé ce jour, après des semaines de préparation, sous l’œil de pierre du Christ rédempteur1, embrassant du haut du Corcovado, à 710 mètres d’altitude… et d’un seul coup d’œil, tous les quartiers bordant la baie, les plages d’Ipanema et de Copacabana où se déroulera le plus important rassemblement pour une Eucharistie célébrée par le pape François, et le superbe lagon Rodrigo do Freitas. La forêt de Tijuca, splendide, entoure le Corcovado et s’avance presque jusqu’au cœur de la ville.
Un nouvel élan sera donné à ces Journées mondiales de la Jeunesse : peut-être paraissaient-elles trop obéir à un rituel qui aurait pu figer leur dynamisme, leur ferveur, leur vitalité ? Je ne saurais le dire : de mes enfants furent en 1997 à Paris et j’ai vu, à travers leurs yeux et leur mots, leur enthousiasme, quels fruits merveilleux ces journées avaient portés. Il faut que leur trajectoire évangélisatrice ne s’affaiblisse pas, notre Église s’enrichit de leur célébration biennale d’un surcroit d’amour et de foi, d’espérance, aussi.
Alors que tant de chrétiens à travers le monde souffrent de persécutions qui vont parfois jusqu’au martyre de sang, les JMJ leur apportent, venu du plus lointain, porté par des vents d’altitude, une consolation dans la certitude qu’ils ne sont pas seuls, pas abandonnés, pas méprisés, mais au contraire considérés comme la plus précieuse des semences, celle, essentielle, de l’espérance.
Le Christ est à l’évidence avec les premiers à Rio et avec les seconds qui subissent l’épreuve déterminante. Il est aussi avec nous tous, qui nous tenons entre ceux qui chantent autour du Pape et ceux qui pleurent leurs disparus et leurs blessés, leurs injuriés au quotidien, leurs violées, leurs affamés et leurs pillés parce qu’ils sont chrétiens, amis du Christ, enfants du Père.
Sans doute que François, notre Pape, et avec lui son ami le cardinal Ratzinger, pape émérite, n’oublieront personne dans leur prière adressée directement à Marie, elle qui transmet fidèlement à son Fils, l’Unique du Père, le moindre murmure comme le cri le plus désespéré : oui, personne ne sera oublié parmi les multitudes de jeunes rassemblés autours d’eux ; les multitudes de ces autres jeunes qui auraient tant aimé se retrouver avec leurs « représentants » à Rio ; les multitudes des souffrants et des douloureux qui de la Chine au Brésil en passant par l’Algérie, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Irak, l’Iran, le Laos, le Liban, le Nigéria, le Pakistan, la Syrie, le Viet Nam et tous les lieux d’ailleurs où la foi en Jésus le Christ, en l’Esprit-Saint et en Dieu le Père, est méprisée, rejetée, calomniée ; les multitudes des pauvres et des miséreux et des malades dont les étendues de la terre entière sont semées sans que les plus riches se soucient de leur venir en aide, préférant la « grande vie », les plaisirs et les jeux : mais souvent sans savoir que l’espérance issue des promesse de notre Sauveur nourrit le cœur d’une joie sans égale, d’un désir que seul l’infini justifie ! La jeune fille morte en Guyane le sait, qui fut appelée si tôt à rencontrer, comme le chante l’âme du Cantique, « Celui qu’elle aime ».