Cette semaine est chargée pour le pape qui entend les réflexions et les conclusions du G8, c’est à dire de la commission de huit cardinaux dirigée par le cardinal Maradiaga à propos de la réforme de la Curie. François reçoit aussi cette semaine l’ensemble des cardinaux du monde entier, avec lesquels il s’entretiendra de sujets vitaux pour l’Église. Il est normal que l’attention se concentre sur l’institution ecclésiale, surtout dans le cadre d’un nouveau pontificat dont on attend beaucoup en fait de réformes décisives. L’exemple d’un nouveau dicastère du Saint-Siège dévolu au laïcat et qui pourrait être dirigé par un couple marié ne peut que solliciter les imaginations.
Je ne voudrais surtout pas refroidir les enthousiasmes. Mais au risque de surprendre, je voudrais rappeler que ce qui fait l’essentiel de la vie de l’Église ne consiste pas en questions institutionnelles. Ce n’est pas pour rien que, selon une antique formule, on associe toujours la réforme de la tête à la réforme des membres (in capite et in membris), les membres c’est à dire ceux qui forment la réalité substantielle, la communion nourrie et vivifiée par la grâce des sacrements. Charles Péguy avait une dilection particulière pour la paroisse, en qui il reconnaissait un lien unique de solidarité humaine, spécifique bien sûr. La vraie vie est là, beaucoup plus que dans les structures hiérarchiques qui ne sont indispensables que parce qu’elles sont au service de la réalité des fidèles vivant pleinement de leur foi et des dons de la charité.
Le père Congar, qui fut si soucieux de réforme dans l’Église, affirmait qu’elle viendrait « de l’action gracieuse du Dieu vivant et de la sainte communauté fraternelle des fidèles »1. Je ne serais pas surpris que notre pape François partage pleinement cette vision de l’Église et de sa réforme.