Un million de personnes se sont d’ores et déjà inscrites pour venir vénérer, dans la cathédrale de Turin, le Saint-Suaire, dont l’ostension a commencé hier. Elle durera deux mois et sera clôturée par le pape François qui est à l’origine de l’initiative. Je crois comprendre pourquoi. Qu’on le veuille ou pas, le Saint-Suaire nous donne une image saisissante du Christ, qui à elle seule, constitue un appel qui retentit au plus profond de nous-mêmes. Le christianisme se rapporte exclusivement à la venue en ce monde d’une personne vivante, concrète, dont le visage nous est une interrogation directe : « Qui dites-vous que je suis ? » À son propos, nous ne pouvons que nous référer à Lui, Jésus Christ, porteur d’un mystère insondable mais interlocuteur qui, depuis les chemins de Palestine et les disciples d’Emmaüs, est une présence. D’abord une présence, avant d’être une doctrine, encore moins un système philosophique ou moral.
C’est cette présence que la foule des pèlerins de Turin recherche, dans la contemplation d’un visage. Je me souviens de ce que m’avait dit un jour un prêtre, le père Georges Habra : « Avant même toute preuve scientifique sur la véracité du Saint-Suaire, je suis persuadé de son authenticité par ce visage inoubliable. » Bien sûr, les discussions d’ordre scientifique ne sont nullement à dédaigner. Nous avons affaire à une des plus troublantes énigmes qu’aient à déchiffrer les disciplines les plus diverses. Mais il y a aussi le caractère hors norme de cette relique, qui en fait une sorte de cinquième Évangile. Je sais bien qu’il n’est pas question pour l’Église d’inscrire le Suaire au canon des Écritures. Mais la correspondance des données du document avec l’Évangile de saint Jean est impressionnante. Elle nous aide même à mieux comprendre les termes employés par l’évangéliste. Car ce visage n’est pas isolé, il est celui du crucifié qui montre toutes ses plaies. Ecce homo. Voici l’homme ! L’homme Jésus, né de la Vierge Marie, crucifié sous Ponce Pilate, et ressuscité le troisième jour. C’est lui qui, à Turin appelle tous ceux qui l’ont déjà reconnu ou aspirent à le reconnaître.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 avril 2015.
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