Orientation Faculté : le discours que vous n'entendrez jamais. - France Catholique
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Orientation Faculté : le discours que vous n’entendrez jamais.

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Nos deux filles entrent à la Faculté [NDT : Une Faculté catholique] cette semaine. C’est la première année pour la cadette et nous avons prévu, ma femme et moi, de participer aux diverses activités d’orientation. J’ai passé plus de quinze ans dans l’enseignement supérieur, et je suis toujours fasciné par la façon dont les Facultés et Universités se présentent au grand public. J’ai les idées assez claires sur la manière dont les saucisses sont confectionnées, et j’admire la technique du vendeur de saucisses.

Loin de moi la suggestion que ce vendeur est inévitablement un charlatan. L’art de la persuasion est légitime. Pourtant, les Facultés et Universités, y-compris catholiques, n’aborderont sans doute pas certains aspects importants de l’orientation. À cette occasion, on présente aux étudiants et à leurs parents les aspects les plus remarquables de l’Institution, alors que des zones moins nettes restent dans l’ombre.

Et tandis que j’aide ma fille à charger ses affaires dans la voiture, je me demande ce que les étudiants et leurs parents ont le plus besoin d’entendre à l’entrée d’une institution catholique d’enseignement supérieur.

Il faut commencer, chers parents et étudiants, par rappeler un principe essentiel : les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Je sais bien — les étudiants en Fac ne sont plus des enfants et les parents n’exercent plus la même autorité qu’avant. Vous, les parents, ne pourrez même pas voir les diplômes de vos enfants s’ils ne vous les montrent pas.

Mais il est bon de rappeler un principe, ne serait-de que souligner le fait que la Faculté ou l’Université n’est ni plus ni moins qu’un fournisseur dans l’entreprise de l’enseignement. Vous pouvez engager un peintre pour vous aider à repeindre votre maison, et s’il ne donne pas satisfaction, vous le remerciez et en engagez un autre. De même, adoptez cette attitude envers l’école. Alors que l’établissement souhaitera être considéré comme « membre de la famille » dès que vous pénétrez dans sa zone verdoyante, rappelez-vous que le mot « famille », même au sens large, implique la confiance. Et que la confiance, çà se mérite.

De plus, je vous en supplie, pas de confusion : l’entrée en Fac ne correspond pas à l’entrée dans l’adolescence débridée du rite Amish.. La Fac n’est pas un territoire où les étudiants ont le « droit » de faire la fête ou de se comporter comme des bêtes en fin de semaine pour compenser les cinq jours de dur labeur. L’objectif de ces qutre années consiste à acquérir la formation morale, intellectuelle et spirituelle complétant l’œuvre initiale des parents afin de commencer à contribuer de manière manière constructive et indépendante à la vie en société et au sein de l’Église. C’est l’occasion d’approfondir votre engagement dans la foi et dans les études nécessaires pour répondre à l’appel du Seigneur : viser l’excellence. Et un rappel : les études, çà ne coûte pas rien.

En même temps, vous, les parents, ne considérez pas les études de votre enfant comme l’occasion de revivre votre glorieuse jeunesse. Bien sûr, quel plaisir de voir les joyeux vêtements, de coller des affiches de la Fac sur la fenêtre, ou l’auto-collant de l’équipe de foot sur le pare-choc arrière. Mais votre rôle essentiel dans cette affaire ne consiste pas à faire joujou, assurez-vous que l’institution aide à la formation de l’âme immortelle de votre enfant. Et donc à vous de soutenir ces efforts.

Ensuite, chers étudiants et chers parents, soyez rassurés, parmi les enseignants sur qui repose une grande part de l’avenir il y en a de très bons, sinon exemplaires. Vous rencontrerez certainement des professeurs qui personnifient tout ce qui est bon dans la tradition Catholique et transforment la vie de leurs étudiants d’une manière particulièrement positive.

Celà dit, rappelons que parmi les enseignants de la Fac certains n’ont que de faibles connaissances en matière de tradition catholique — parfois moindres que celles de certains de leurs étudiants. Vous verrez même éventuellement des adversaires actifs de nos traditions. Bref, la « famille universitaire » est loin de la perfection. Il vous faudra donc trouver un guide de grande confiance pour vous aider à traverser le champ de mines des études afin qu’une formation de qualité aboutisse. Avez-vous trouvé un tel guide ? Savez-vous seulement comment l’identifier ?

Il n’est pas rare d’entendre dire que telle ou telle institution est un « bon établissement ». Mais quelle en est la définition ? Au sens Catholique, un bon établissement est animé dans les programmes et parmi les enseignants d’un esprit où toutes les études sont réglées selon la discipline de la philosophie et de la théologie, et où la diversité du corps enseignant est unie par un sens commun de la dignité de la personne humaine et sa capacité à connaître les réalités. Pas de naïveté, il n’y a de nos jours que peu de « bons établissements » pris en ce sens.

Faites un essai. Allez sur le site de votre établissement, à la page « Anglais » ou à la page « Sociologie », et lisez la déclaration relative à la mission de la section considérée. La tradition intellectuelle catholique est-elle citée ? Des expressions telles que « vérité », « beauté », « dignité de la personne » y figurent-elles ? Sinon, ce n’est pas bon signe. Il ne faut pas imaginer que cette section est en conflit ouvert avec la mission catholique de l’établissement, mais en est vraisemblablement plus ou moins éloignée. Ce genre d’indifférence est fréquent dans des établissements catholiques d’enseignement supérieur.

Pour conclure, chers étudiants, chers parents, ouvrez l’œil. Vous et votre famille souhaiterez vous intégrer à votre établissement. Par contre, il vous faudra le repousser en certains cas. Le besoin de se reconnaître est fort, mais que le T-Shirt ne soit pas un signe essentiel. Les établissements catholiques ne sont nullement à l’abri des modes désastreuses de la culture séculariste.

La sagesse, mes amis, est la récompense qui vous attend au bout de ce chemin de quatre ans. Mais, rappelez-vous qu’en embuscade au bord de ce chemin un lion rugissant cherche quelle proie il pourra dévorer.

28 août 2015.

Photos : la rentrée à Notre-Dame.