Onzième jour du synode : quelques chiffres. - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Onzième jour du synode : quelques chiffres.

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Beaucoup a été dit – dans des dizaines de langues – à propos du synode extraordinaire depuis que la relatio post disceptationem (un rapport provisoire) a été rendue publique, créant une grande controverse lundi passé. Beaucoup de ce que des gens non présents à Rome ont dit mérite l’attention. Mais puisque nous sommes inondés de mots, la meilleure façon d’analyser les nouvelles de jeudi tient peut-être aux chiffres.

Hier matin, les dix petits groupes liguistiques ont remis leurs rapports officiels (les relationes, à ne pas confondre avec le document précédent). Chacun d’entre eux est fondamentalement sérieux et donne une toute autre vision que le rapport provisoire.

De plus, bien qu’il y ait eu un immense effort des porte-paroles pour tout caractériser au mieux, comme d’habitude dans ce genre de processus, il y a eu apporximativement 700 requêtes de modification du texte. De fait, il y en a eu tant que le père Federico Lombardi, directeur de l’office de presse du Vatican, a exprimé des doutes quant à la possibilité que le rapport final puisse être fait pour la fin du synode, samedi soir.

Un journaliste a demandé : comment les participants pourront-ils voter le rapport final dans ce cas ? Une bonne question sans bonne réponse, et même le père Lombardi en a ri.

Mais faisons un peu de math. Il y avait 58 paragraphes dans la relation post disceptionem. Vous n’avez pas vu beaucoup d’entre elles être discutées parce que c’est le genre de généralités sur la famille et la vie chrétienne qui ne sont pas sujettes à controverse – sans même parler de l’intérêt suscité. Comme ceci :

25. Proclamer l’Evangile de la famille est urgent et indispensable dans le travail d’évangélisation. L’Eglise doit mener cette tâche avec la tendresse d’une mère et la clarté d’un enseignant (cf. Ephésiens 4:15), dans la fidlité à la miséricorde déployée dans la kénose du Christ. La Vérité s’est faite Chair dans la faiblesse humaine, non pour la condamner, mais pour la sauver.

J’estime que la moitié des 58 paragraphes, qui ne sont pas longs (j’ai cité ci-dessus l’intégralité du pragraphe 25), sont de même nature. Donc, s’il y a moins de 30 paragraphes offrant matière à débat, et 700 modifications demandées (les modi), cela en fait une vingtaine par paragraphe. En fait, si vous sondez l’essentiel du combat, il y a probablement au moins 40 à 50 points de discussions sur les paragraphes les plus délicats.

Pendant que nous parlons de chiffres, des sources fiables ont révélé que seulement deux évêques du synode ont évoqué l’attention aux gays, qui occupe 4 paragraphes de la relatio – et qui de ce fait a donné une impression très différente de la place occupée par ces questions dans le travail global du synode.

Même en admettant que certaines modi ne sont que de légères améliorations de formulation ou des corrections mineures, cela constitue une réécriture massive. Et le père Lombardi n’a pas seulement annoncé que cela pourrait être trop de travail pour les cinq membres du comité de rédaction originel – tous de tendance libérale – il a aussi annoncé que le Pape avait ajouté deux membres : le cardinal Napier d’Afrique du Sud et l’archevêque Denis Hart de Melbourne.

Nous avons relaté l’aplomb et la sincérité attentive du cardinal Napier dans le reportage sur la 9e journée, et je voudrais pouvoir rapporter que c’est en raison de ces qualités qu’il a été nommé. Mai il semble qu’il y ait eu des plaintes comme quoi « personne venu d’Afrique » n’était impliqué dans la rédaction finale. Et c’est venu après la gêne occasionnée au sein du Vatican par la mise sur la touche désinvolte des Africains par le cardinal Kasper.

Certains Européens (dont Kasper) ne sont pas spécialement « ouverts » pour écouter les voix venues d’Afrique et d’Asie, où le catholicisme progresse rapidement, parce que ces sociétés sont plus traditionnelles et n’apprécient pas beaucoup le courant de libéralisation.

Quoi qu’il en soit, il est bien que le bon cardinal soit impliqué dans le processus. L’archevêque Hart a remplacé le cardinal Pell quand ce dernier a été nommé à Sydney, et étant donné que c’était une nomination due à Jean-Paul II à une époque où Pell était influent, cela semble un pas dans la bonne direction. Et pensez donc : deux anglophones ajoutés dans ce qui semble un effort pour équilibrer ce comité.

Mais ne soyez pas rassurés pour autant. Si le synode a démontré quelque chose, c’est que les catholiques doivent rester vigilants à ce qui se passe, même à Rome. Le pape François a invité les jeunes à la journée mondiale de la jeunesse à Rio pour « faire du tapage ». Au lieu d’espérer qu’un processus ordonné puisse être prévu, nous avons tous besoin d’imiter ces évêques qui se sont levés et ont arrêté ce qui n’était pas seulement un problème de mauvaise traduction, de rédaction fautive et de document rendu public.

C’était tout cela mais aussi bien plus. C’était aussi la résurgence du radicalisme au sein de l’Eglise – qui cette fois a surestimé ses forces et attiré l’attention. Mais nous avons tous besoin d’être vigilants et actifs en veillant à ce que les évêques, prêtres et groupes catholiques restent fermes jusqu’au synode de 2015, qui mettra en oeuvre certaines des recommandations du synode de 2014.

Je suis désolé de le dire, mais l’année prochaine pourrait bien ressembler à une campagne électorale durant laquelle les parties en conflit, des voix différentes – les courants du passé que nous pensions disparus après 35 ans de Wojtyla et de Ratzinger – seront de nouveau à l’œuvre.

Il n’y a qu’une façon d’arrêter cela. Il se murmure aujourd’hui que le cardinal Pell s’est levé pendant les débats de jeudi quand les animateurs du synode semblaient avoir décidé de leur propre autorité de ne pas publier les rapports des petits groupes, probablement parce qu’ils étaient uniformément sévères sur ce qui avait été trop laxiste. Il a claqué la main sur la table en disant : « vous devez arrêter de manipuler ce synode ». Cela a obligé à un vote général – et les rapports ont été publiés.

Nous allons avoir besoin d’encore plus d’un tel courage et d’une vraie ouverture.


Robert Royal est rédacteur en chef de The Catholic Thing.

Illustration : l’archevêque Denis Hart.

Source : http://www.thecatholicthing.org/synod_report/synod_report/synod-day-11-some-numbers.html