Onfray, un athée définitif ? - France Catholique
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Onfray, un athée définitif ?

Bien qu’attaché à notre culture façonnée par le christianisme, Michel Onfray fait profession d’athéisme. Portrait d’un intellectuel néanmoins taraudé par le phénomène religieux, moins définitif qu’il n’y paraît.
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© Fronteiras do Pensamento / CC by-sa

Michel Onfray est un homme de plume qui aiguise bien des passions, ses amis d’hier étant souvent devenus des ennemis, et inversement, chacun lui reprochant de ne pas correspondre à ses attentes. Or, voilà bien un inclassable, comme le furent en d’autres temps Charles Baudelaire ou Léon Bloy et, plus près de nous, Maurice Clavel ou Philippe Muray. Il ne cache pas ses convictions, au risque de se tromper, mais tel est le prix parfois du courage. Le catholique convaincu qui l’approcherait avec un a priori serait rapidement déçu, voire scandalisé. Michel Onfray ne fréquente pas les sacristies et il confesse crûment ce en quoi il ne croit pas.

Stoïcien libertaire

Ce dernier trait est celui de l’honnêteté puisque cet auteur n’a jamais prétendu être le croyant d’une religion, même si son attachement à une certaine culture forgée par le christianisme l’amène aujourd’hui à lutter pour sa préservation. Souvenons-nous qu’en 2005, dans son Traité d’athéologie, il écrivait : « Les trois monothéismes […]partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie, haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine des corps, des désirs, des pulsions »

L’amalgame était alors saisissant, et des transformations ont eu lieu depuis chez ce stoïcien libertaire qui, à la fois, admire et repousse le christianisme qui lui est étranger puisqu’il avoue franchement qu’il n’a pas la foi, avec une pointe de regret cachée sous la provocation. En 2021, interrogé par des protestants, il nuancera son propos : « Je crois que la foi est affaire de grâce, que je ne l’ai pas, que je ne l’attends pas, c’est ainsi, et que, quand on a la foi, tout ce qui fait le caractère baroque, sinon rococo du catholicisme, trouve sa place sans difficulté. Le philosophe que je suis, s’il devait avoir la foi, serait protestant. Mais si j’avais vraiment la foi, avec le catholicisme, je serais chez moi… » (Protestinfo, 18 mars 2021).

Il est de bon ton, dans la presse catholique qui se veut moderne, d’afficher du mépris pour les « prêches » agnostiques de l’écrivain : il lui est reproché son « traditionalisme » soudain et il est traité de « catholique athée ». C’est ne rien comprendre à la quête philosophique de Michel Onfray qui, malgré ses contorsions, ne fait pas l’économie du phénomène religieux. Il est possible qu’il y ait du Barrès et du Maurras dans son évolution, mais cela ne le réduit pas à épouser telle ou telle ligne idéologique. Il va plus loin que la reconnaissance du christianisme comme ferment de la pâte civilisationnelle de l’Occident, puisqu’il regrette aussi la perte de saveur de l’Église depuis sa tentation à épouser le monde, ceci avec Vatican&nbps;II et Mai 68.

Face à un catholicisme affaibli d’abord par lui-même, la réaction d’Onfray est de dire qu’on ne peut pas respecter une religion qui ne se respecte plus. Il aimerait l’Église plus digne de ce qu’elle est en réalité par les hommes qui la composent. Il y a du Savonarole chez notre écrivain, la foi en moins. Il est persuadé que le christianisme va mourir, faute d’avoir su répondre fidèlement à son héritage, et que le transhumanisme va le remplacer.

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