Une scène d’une violence inouïe. Le 15 août, des centaines de personnes de confession musulmane, armées de bâtons et de pierres, ont déferlé dans les ruelles du quartier chrétien de Jaranwala, dans la banlieue de Faisalabad, dans le Pendjab pakistanais. Les habitants ont pu prendre la fuite mais 19 églises et 87 maisons ont été vandalisées. La fureur des assaillants a explosé lorsqu’un groupe de fanatiques religieux a accusé une famille chrétienne de blasphème, affirmant qu’elle avait profané le Coran.
L’argument du blasphème est souvent avancé pour s’en prendre aux communautés chrétiennes et mener des vendettas personnelles – ce que dénonce la Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan. De simples allégations peuvent conduire à des lynchages et à des assassinats, même en l’absence de preuve.
Peine de mort
Depuis 1986, le Code pénal pakistanais prévoit la peine de mort pour tout propos ou acte critiquant Mahomet ou le Coran, en action ou en intention. Le 17 janvier dernier, l’Assemblée nationale du Pakistan a encore durci la législation : désormais l’insulte aux épouses, membres de la famille ou compagnons du prophète, donne lieu à dix ans de prison, au lieu de quatre auparavant.
Dans un tel contexte, les incidents violents contre les minorités religieuses augmentent d’année en année. Ils sont condamnés par le gouvernement et les chefs religieux, mais la communauté chrétienne n’est pas rassurée. Le 18 août, 3 200 églises ont dû être gardées par la police dans tout le Pendjab. Par ailleurs, des groupes chrétiens ont organisé de petites manifestations à travers le pays pour réclamer plus de protection. L’archevêque de Karachi Benny Travis, qui participait à l’une d’entre elles, a exhorté le gouvernement à traduire en justice les auteurs des attaques. Seule consolation : le ministre en chef par intérim du Pendjab Mohsin Naqvi a déclaré que les chrétiens seraient indemnisés pour leurs pertes.
1,3 million de catholiques
Les chrétiens représentent moins de 2 % de la population du Pakistan, évaluée à 220 millions d’habitants. La communauté compte 1,3 million de catholiques, 2,4 millions protestants et 1 million d’évangélistes. Tous sont méprisés par les musulmans du pays qui les traitent de « choori » un surnom qui désigne « celui qui nettoie les toilettes ». Ils sont majoritairement cantonnés au nettoyage de rue et redoutent l’enlèvement de leurs jeunes filles pour être converties à l’islam et mariées de force. Un calvaire inimaginable en 1947 lorsque le fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, promettait aux chrétiens d’alors protections et privilèges en ne faisant aucune différence de citoyenneté.
Pour aller plus loin :
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Édouard de Castelnau
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux