Cette formule de nouvelle évangélisation est entrée depuis plusieurs décennies dans le langage de l’Église catholique. Depuis Paul VI et l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, traversant le long pontificat de Jean-Paul II, elle n’a cessé de susciter des interrogations et d’inspirer des initiatives, jusqu’à décider Benoît XVI à créer un dicastère spécial pour prendre en charge son souci permanent. Et le prochain synode des évêques (prévu pour octobre 2012) sera lui aussi entièrement consacré à ses thématiques. Le document préparatoire (appelé lineamenta) vient de paraître, proposant à l’Église entière un questionnaire riche en suggestions, d’autant qu’il embrasse la réalité la plus dense du monde contemporain.
C’est qu’il y a divers angles de vue pour comprendre les difficultés de proposition du mystère chrétien dans la complexité des évolutions politique, sociale, culturelle, économique des peuples à l’heure de la globalisation. Il semble bien que le concept, d’abord forgé à l’intention des pays anciennement évangélisés, soit en voie d’universalisation : « La mission n’est plus un mouvement Nord-Sud ou Ouest-Est, elle concerne les cinq continents. Il faut s’affranchir des frontières géographiques. » Lorsqu’en France, on constate le nombre de prêtres africains ou vietnamiens en mission pastorale, on prend forcément conscience du renversement de perspective qui se produit.
La moindre visibilité du message chrétien est aussi source de tentatives pour revoir le rôle du christianisme dans l’histoire, la culture et la vie de la cité. La récente visite de Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay trouve là une de ses explications, alors que par ailleurs une tendance de fond tend à assimiler le facteur religieux à un élément de trouble et de division. C’est dire à quel point la question de la nouvelle évangélisation doit concentrer toute notre attention. Elle commande une autre étape de l’aventure commencée à la première Pentecôte.
