Perpétré en plein milieu de ce dimanche de Pâques, dans un jardin public de Lahore, une métropole de l’Ouest du Pakistan, l’attentat kamikaze qui a fait 72 morts dont 29 enfants a été revendiqué par l’organisation islamiste des Talibans Jamaat-ul-Ahrar comme un acte ouvertement anti-chrétien. « Les chrétiens sont notre cible », déclare le communiqué de cet attentat qui vient à la suite d’un double attentat-suicide lancé contre des églises au prix de 17 morts contre des églises en mars 2015 dans la même ville, capitale de la province du Pendjab.
Représentant moins de 2% des quelque 180 millions d’habitants du pays, la communauté chrétienne a pu être visée en représailles après la condamnation à mort d’un islamiste qui avait tué le gouverneur de la province pour le punir de s’être déclaré partisan de la loi de 1986 sur le blasphème contre Mahomet… Cette loi condamne théoriquement et en des termes très généraux «ceux qui, par des paroles ou des écrits, des gestes ou des représentations visibles, avec des insinuations directes ou indirectes, insultent le nom sacré du prophète ». Une loi souvent utilisée en réalité comme moyen de rétorsion lors de litiges d’ordre privé…
L’attentat sanglant de dimanche, commis en plein air, a tué probablement plus de musulmans que de chrétiens. Il visait non seulement la communauté chrétienne, mais au moins autant les autorités pakistanaises, au cas où elles seraient toujours tentées de réviser un tant soit peu cette fameuse loi sur le « blasphème »…
