L’impasse politique conduit les Libanais à vivre dans des conditions épouvantables. Qu’attendre d’une coopération franco-libanaise ?
Fouad Abou Nader : Les chrétiens doivent d’abord réapprendre à compter uniquement sur eux-mêmes. Il ne faut pas tout attendre de la France et de l’Europe. Le désir chez certains de voir se mettre en place un protectorat français est une chimère. Mais Paris peut aider au dialogue avec le Fonds monétaire international. Il faut empêcher les pays arabes de s’immiscer dans la vie économique du pays. Ensuite l’entraide doit passer par la société civile. Nous n’attendons plus rien de l’état.
Je propose avec l’ONG Nawraj d’attirer des investisseurs pour développer les nouvelles technologies, l’éducation et l’accès aux soins de santé. Je cherche à jumeler des villages chrétiens du Liban avec des communes françaises. Ce jumelage peut aussi se faire au niveau des paroisses, des écoles et des universités. Il est très important de préserver la francophonie à travers ces rapprochements. C’est l’identité des chrétiens du Liban qui est en jeu, et c’est notre culture commune.
Depuis les explosions du port de Beyrouth le 4 août dernier, Emmanuel Macron s’est rendu deux fois au Liban en soulignant le caractère unique de la relation franco-libanaise. En quoi nos destins sont-ils liés ?
Le Liban est un pays de montagnes. Une forteresse naturelle pour les minorités chrétiennes. À travers les siècles, elles n’ont jamais été délogées. Mais des chrétiens ont été massacrés. Ainsi en 1860, entre 10 000 et 20 000 chrétiens périssent à travers le Liban, tués par les Druzes. Napoléon III et d’autres pays européens lancent une opération humanitaire. Les ottomans sont obligés d’accepter l’autonomie du Mont-Liban.
Puis, à la fin de la première guerre mondiale, la France et le Royaume-Uni se partagent les provinces arabes de l’Empire ottoman allié à l’Allemagne. Paris reçoit comme mandat des Nations unies de créer l’État du Grand Liban. Ce sera chose faite le 1er septembre 1920.
C’est grâce à la France que le pays a sa Constitution et une démocratie avec partage du pouvoir entre les différentes confessions religieuses. Tous les pays arabes ont refusé de reconnaître cette démocratie à cause de la liberté qu’elle inspire et de sa présence chrétienne.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le magazine.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- INFLATION, DEVALUATION, JUSTICE ET INJUSTICE
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI