L’écrivain américain Mark Twain a un jour eu ce bon mot : « Dieu a fait l’homme à son image et l’homme est sans cesse en train d’essayer de le payer de retour ». le signe prééminent et observable de la nature déchue de l’humanité est notre volonté constante de redessiner, de redéfinir, de remodeler Dieu à notre propre image et en accord avec notre vision du monde pécheresse et incomplète.
Cependant, Dieu ne devrait-il pas être autorisé à s’identifier ? Dieu, infiniment parfait et saint, ne devrait-il pas être autorisé à être Lui-même – Je suis Qui Je suis – et ne Lui serait-il pas permis de parler et d’agir en référence à Lui-même – « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. » Qui sommes-nous pour changer Dieu ?
Et pourtant, le drame de recréer Dieu se poursuit. Ironiquement, en un temps où tout groupe d’intérêt revendique le pouvoir de s’auto-identifier, nous dénions cette capacité à Dieu.
C’est de la plus haute ironie. L’ironie, par définition, est quelque chose qui est délibérément le contraire de ce qui est attendu. L’ironie abonde dans ce bizarre phénomène culturel. Pourquoi ?
Dieu est l’Etre Absolu, ce qui signifie que Son essence est Son existence même. C’est la définition philosophique qui signifie essentiellement que rien ni personne n’a fait Dieu. Il ne compte sur personne et ne dépend de rien pour être Lui-même. Il est parfait, et, par conséquent, il se connaît Lui-même entièrement. A la lumière de cette compréhension, Dieu est le seul être qui puisse en réalité et avec précision s’auto-identifier.
Toute personne humaine est un être contingent, ce qui signifie – toujours au plan philosophique – que nous sommes incapables de nous donner à nous-même l’existence. Nous sommes unis par un lien avec l’Etre Absolu qui nous soutient. Nous avons une connaissance insuffisante pour nous auto-identifier parce que nous n’avons pas une entière main-mise sur nous-mêmes. Nous sommes un mystère même pour nous et, dans la mesure où nous voulons grandir dans une authentique connaissance de qui nous sommes, nous devons nous tourner vers Dieu et chercher la lumière auprès de Lui (et non auprès de nos petits ego isolés).
Une telle illumination requiert que nous approfondissions et mûrissions notre propre intériorité et nos préférences émotionnelles et que nous adoptions une compréhension plus universelle de nous-mêmes et de la famille humaine.
Et donc, une telle illumination venue de Dieu, éminemment pratique, nous vient par un discernement et un respect pour Dieu Créateur, qui a créé notre essence et notre genre comme être humain, qui a créé la nature et ses lois, qui a créé nos corps avec leur complémentarité mâle/ femelle, qui a créé notre responsabilité les uns envers les autres et pour le bien commun.
Cette logique élémentaire nous montre que seul un Etre Absolu peut s’auto-identifier. Et pourtant les occidentaux sont absolument convaincus qu’il est du dernier bien de remodeler Dieu d’une manière contraire à Sa propre auto-identification.
Ces observations désignent les sources intellectuelles du chaos culturel, de la confusion des genres, des tensions sociales et les fausses sources de crédibilité pour l’idéologie homosexuelle et transgenre et la politique publique politiquement correcte qui en découle.
Un tel état des choses n’est pas condamné à une perpétuelle spirale descendante. On peut y remédier grâce à la révélation divine, qui est le dévoilement et la révélation par Dieu à la famille humaine de Sa propre connaissance de Lui-même. Pour le dire simplement, c’est Dieu qui se partage à nous.
Cette assertion d’une révélation divine rend manifestes plusieurs vérités, dont celles-ci : Dieu existe ; Il est parfait et capable de communiquer avec nous ; Il n’a pas besoin de nous pour se perfectionner ou s’actualiser ; nous pouvons Le connaître et transmettre à d’autres cette connaissance qu’Il nous a donnée.
Le défi, à toutes les époques, et tout particulièrement à la nôtre, est de quitter notre propre petit monde fermé, d’abandonner nos visions de Dieu incomplètes ou erronées – « nous connaissons et en sommes venus à croire » – d’intégrer ces vérités dans notre propre vie de foi et ensuite de les enseigner aux autres. Comme Saint Paul l’écrit : « nous nous sommes montrés pleins de douceur au milieu de vous, comme une mère allaitante prend soin de ses propres enfants. Ayant tant de tendresse et d’affection pour vous, nous étions très heureux, non seulement de vous transmettre l’Evangile mais également de partager notre vie avec vous, car vous nous êtes devenus très chers. » (1 Thessaloniciens 2:7)
De ce fait, la gageure est : allons-nous abandonner notre obsession culturelle de l’autonomie radicale, avec ce que le philosophe Charles Taylor appelle le « moi souverain », et accepter la révélation de Dieu ? Le défi est : allons-nous reconnaître la réalité et chercher la lumière au-delà de nous-mêmes ? La question pressante est : allons-nous nous tourner vers Dieu ?
Pour résumer en termes bibliques, nous devrions nous demander : allons-nous être dociles à la foi ou allons-nous adorer des idoles et notre auto-identification ?
La Révélation est un don spirituel et une nécessité pratique. Son importance peut être vue dans l’action de l’Esprit-Saint dans la vie de l’Eglise. Dans les agendas du Concile Vatican II, la Révélation était au cœur des débats et des discussions. Ces efforts ont culminé dans ‘Dei Verbum’, une des sommes les plus complètes sur la Révélation dans notre tradition théologique.
Vatican II met l’accent sur la Révélation parce que c’est précisément de cela que nous avons le plus besoin aujourd’hui. En percevant Dieu comme Dieu, nous pouvons prendre conscience de Sa familiarité et de Son amour, tout comme du désir qu’Il a que nous Le connaissions, nous pouvons entendre Son appel à accepter qui nous sommes, nous qu’Il a créés à Son image, nous pouvons entrer dans une relation personnelle avec Lui.
Pour faire court, donc, allons-nous capituler devant la révélation de Dieu et Lui permettre de nous transformer et de nous sauver de nos misérables efforts pour nous auto-identifier, ou allons-nous nous rebeller contre Dieu, le modeler à notre image et nous auto-identifier dans le chaos et l’oubli. Le choix est nôtre – tous comme les conséquences qui résulteront de nos décisions.
Le père Jeffrey Kirby, un nouveau contributeur, est prêtre de la paroisse Notre-Dame de Grâce à Indian Land (Caroline du Sud).
Illustration : « Moïse et le buisson ardent » par Marc Chagall, 1958 [musée juif de New-York]
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/06/24/our-true-identity/
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