Affirmer que notre histoire est un roman constitue un défi à ceux qui militent, depuis les années soixante-dix, récusent tout récit unifiant d’une histoire qui serait celle d’une nation, et privilégient les interactions mondiales avec Patrick Boucheron, auteur d’une Histoire mondiale de la France, ou les identités particulières. Jules Michelet, Ernest Lavisse et Jacques Bainville sont par conséquent jetés dans les enfers de l’historiographie pour chauvinisme et Jean-Christian Petitfils figure bien évidemment sur la liste des condamnés. Ce qui ne l’empêche pas d’écrire et de publier, à la satisfaction d’un vaste public.
Affirmer la nécessité d’un roman national ne signifie pas qu’on donne dans le romanesque ou le romantisme. Jean-Christian Petitfils s’appuie sur la pile de ses précédents ouvrages et sur la masse considérable des archives qu’il a consultées. Il peut donc affirmer à juste titre qu’il a écrit le « vrai roman » de l’histoire de France. Celui-ci se présente sous la forme d’un récit exact et allègre qui intègre les hommes, les circonstances et les forces profondes. Dans une aventure qui, malgré les périodes chaotiques et les contradictions de toutes sortes, n’est pas dépourvue de fil directeur. Cette histoire tient compte des idéologies, mais elle ne doit rien aux « grands récits » révolutionnaires, contre-révolutionnaires, conservateurs ou progressistes. Elle ne se borne pas à décrire une succession d’événements : c’est une histoire politique, en adéquation avec un peuple qui s’affirme au long des siècles dans un équilibre instable entre raison politique et passions politiciennes.