Un lieu commun est apparu parmi les élites des médias et de la politique selon lequel la critique de l’islam ou même de l’islam radical ne pourrait servir qu’à pousser les musulmans modérés dans le camp radical.
Il faudrait remettre en question cet argument dans la mesure où il se peut aussi bien que le manque de critiques ait mené à la renaissance de l’Islam militant. Loin de critiquer l’islam, les gouvernements occidentaux, les médias, les académies, et même les Églises ont tourné leur veste pour affirmer que les atrocités commises au nom de l’islam n’ont rien à voir avec l’islam. En fait, les médias occidentaux ont adopté un système rigide d’autocensure qui les empêche d’admettre que ces atrocités sont en fait commises au nom de l’Islam.
Le récent exemple est l’assassinat de l’ambassadeur de Russie par un policier turc. Les premiers mots sortis de la bouche de l’assassin après la fusillade furent : « Nous sommes ceux qui se sont engagés vis-à-vis de Mahomet à poursuivre le Jihad ». Si vous ne vous souvenez pas de l’avoir entendu dire cela, c’est parce que cette partie de la déclaration était omise dans presque tous les compte-rendus dans la presse et à la télévision. Apparemment, nos pontes dans les médias craignent que si nous étions conscients de la dévotion de cet homme à Mahomet, nous pourrions dire quelques provocations qui convertiraient un nombre important de musulmans paisibles en jihadistes jeteurs de bombes.
Le principal exemple de la rançon du silence est peut-être la crise actuelle en Europe. Les terroristes islamistes ont déclaré la guerre à l’Europe, et il en a résulté une série d’attaques mortelles – dans les aéroports, les métros, cafés, les salles de concerts, et plus récemment, dans les marchés de Noël. Tout cette destruction est le résultat indirect de l’ignorance sur l’islam – une ignorance qui, à son tour, est le résultat d’un black-out presque total sur les nouvelles défavorables à l’Islam.
Quiconque ayant une compréhension approfondie de la culture et de la religion de l’islam aurait pu prédire que, même sans le flux de migrants musulmans en 2015-2016, l’arrivée régulière d’immigrants musulmans au cours des années créerait une situation explosive. Il est étonnant que les conséquences de cette migration massive n’aient jamais été discutées – sauf en des termes élogieux. La seule chose que l’on avait le droit de dire à propos des migrants était qu’ils résoudraient les pénuries de main-d’œuvre, rempliraient les coffre-forts, et apporteraient un enrichissement culturel à l’Europe.
Ceci était la ligne officielle. Ceux qui déviaient de ce message pouvaient s’attendre à être censurés, perdre leur emploi ou même être traînés en justice. Dites quelque chose de négatif au sujet de l’immigration musulmane sur les pages de votre Facebook, et vous recevez la visite de la police. Dites-le en public et vous êtes convoqué au tribunal. Peu importe si vous étiez un écrivain célèbre (Oriana Fallaci), le président de la Société de la presse libre danoise (Lars HedeGaard), ou un membre populaire du Parlement danois (Geert Wilders). Si vous ne pouviez pas dire quelque chose de gentil à propos de l’islam, vous ne devriez rien dire du tout.
En ce qui concerne l’Europe, l’idée que la critique de l’islam donnera naissance à une armée de radicalisés ne tient pas. La critique de l’islam est essentiellement un crime dans beaucoup de parties de l’Europe, et l’a été depuis très longtemps. En Europe, peu nombreux sont ceux qui osaient critiquer l’islam, mais les radicalisés sont venus malgré tout. Plus que tout autre chose ce fut le silence qui a permis à l’islamisation et à la radicalisation de se propager en France, Allemagne, Belgique, aux Pays-Bas et en Suède.
Pratiquement plus personne ne parle de migrants flottants, de tribunaux de la charia, de polygamie, de mariages forcés, de refus de s’intégrer, de vague de crimes, ou de vagues de viols. Maintenant que beaucoup sont finalement en train de commencer à dénoncer cet état de chose, il semble que c’est trop tard pour éviter une capitulation (comme le sort de la Suède) ou un conflit sanglant (pareil à celui de la France).
Le véritable argument que la critique de l’islam amènera des modérés dans le camp des
radicaux, suggère que la critique est une nécessité. Si l’Islam est tel qu’une religion à la gâchette facile où l’offense la plus légère puisse radicaler ses adeptes, il y a quelque chose de radicalement faux dans la religion elle-même. Nous ne craignons pas que le fait de critiquer le catholicisme mène à produire de grands rassemblements de catholiques furieux se déchaînant dans les rues. Nous ne craignons pas qu’un mot incorrect provoque un jeune Baptiste du sud à sangler une ceinture-suicide.
L’islam invite à la critique. Compte tenu de son sanglant présent et passé. Ce serait hautement irresponsable de ne pas le soumettre à l’analyse et à la critique. Une telle critique n’aurait pas pour objet d’exclure les musulmans (bien que certains seront inévitablement exclus) mais d’alerter les victimes potentielles du Jihad.
Une des notions basiques que les non-musulmans doivent connaître, c’est que l’islam divise le monde en deux parties – le Royaume de l’Islam et le royaume de la Guerre (toutes les sociétés non islamiques). Et on attend de chaque musulman qu’il prenne sa contribution à soumettre les non-islamiques aux États islamiques. Les Européens sont maintenant en train d’éprouver un sens de « je ne sais pas ce qui m’a frappé » car ils n’avaient jamais enregistré ce fait basique au sujet de l’islam.
La raison de notre réticence à analyser et à critiquer l’islam et ses idées, est que cette critique équivaut à critiquer les musulmans (un peuple). Malheureusement, c’est souvent ce qui se passe, même si ce n’est pas notre intention. On ne peut pas se séparer complètement de ses croyances, et, par conséquent, nous prenons les critiques de notre religion pour nous-mêmes. C’est une bonne raison pour formuler nos critiques avec autant de tact que possible. Mais ce n’est pas une bonne raison de ne pas faire de critiques du tout.
Si on ne peut pas critiquer un système de croyances parce que cela heurterait les sentiments de ceux qui adhèrent à ce système, il aurait été mal de critiquer le nazisme, le communisme et l’impérialisme japonais. D’habitude nous nous abstenons de critiquer les autres religions. Une telle approche de vivre-et-laisser-vivre est sensée, mais lorsque l’autre religion considère que vous devez soit vous convertir, soit vous soumettre ou mourir, alors vivre-et-laisser-vivre n’est plus une option. C’est dans cette position que nous sommes vis-à-vis de l’islam. Et c’est suicidaire de prétendre qu’il en est autrement.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/28/our-responsibility-to-criticize-islam/
Tableau : La Fuite en Egypte par Vittore Carpaccio, c. 1515 [National Gallery, Washington, DC]
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William Kilpatrick est l’auteur de Christianity, Islam and Atheism, The struggle for the Soul of the West (http://amzn.to/2esgVrc), et un nouveau livre, The Politically incorrect Guide to Jihad (http://amzn.to/2e6asB1). Pour plus d’information sur ses oeuvres et ses écrits, visitez son site, The Turning Point Project (http://turningpointproject.com).
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- Critiquer l'islam, pourquoi pas ?
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ