On a souvent nommé la guerre civile américaine « La seconde révolution américaine ». Eh bien j’ai le sentiment que nous sommes en train de vivre ce qu’on pourrait appeler « la seconde guerre civile américaine. »
D’un côté, il y a les gauchistes « progressistes » qui espèrent faire de l’Amérique un pays nouveau, meilleur qu’il n’a jamais été. De l’autre côté, (le côté qui a personnellement ma préférence) sont ceux qui voudraient préserver une Amérique à l’ancienne, du moins pour ce qu’elle a d’essentiel.
Je suppose qu’on devrait appeler ces gens « conservateurs », ou « traditionnalistes ».
L’un des grands avantages qu’ont les progressistes tournés vers l’avenir, c’est que même leurs adversaires sont tournés vers l’avenir. Croire au progrès sans fin est une croyance américaine traditionnelle. Les conservateurs sont des progressistes au ralenti. Leur devise est : « Lentement mais sûrement ». La devise des progressistes est : « En avant toute, au diable les torpilles ».
Le progressisme actuel a un programme basé sur quatre piliers, deux négatifs ou destructeurs, et deux positifs et constructifs.
Les deux piliers négatifs sont : 1) antichristianisme et 2) anti nationalisme américain. Les progressistes cherchent à remplacer ceux-ci par deux piliers positifs : 3) humanisme séculier, et 4) « multiculturalisme » cosmopolite.
(1) L’attaque contre le christianisme est une attaque non pas contre le christianisme libéral ou moderniste, mais contre le christianisme à l’ancienne mode : Je veux parler du christianisme du Nouveau Testament, du christianisme du Credo de Nicée, du christianisme qui est le terrain commun que partagent le catholicisme et le protestantisme évangélique. Les progressistes n’ont pratiquement pas d’objection au christianisme libéral ou moderniste, qui est une forme de religion qui a jeté par-dessus bord à peu près tout le contenu du christianisme traditionnel. C’est une sorte de « christianisme » semi-athée qui a accueilli, soutenu et suivi l’inspiration du progressisme.
L’arme principale que le progressisme a utilisée contre le christianisme a été la révolution sexuelle, c’est-à-dire l’idéal de liberté sexuelle qui a captivé l’Amérique depuis environ soixante ans. Persuadez le public américain qu’il n’y a rien de moralement répréhensible dans la fornication, la promiscuité sexuelle, la cohabitation hors mariage, la naissance d’enfants hors mariage, l’avortement, la conduite homosexuelle, les mariages entre personnes de même sexe, etc… et le public américain, débarrassé de la morale chrétienne, procédera logiquement à l’abandon des fondations doctrinales de cette morale.
(2)L’attaque du nationalisme américain s’est intensifiée ces dernières années tandis que les progressistes, ainsi que nos enfants et petits-enfants nous rappelaient à maintes reprises les nombreux péchés qu’avaient commis les Etats Unis, ces péchés étant la suite de ceux commis par nos prédécesseurs dans les colonies de l’Amérique du Nord britannique.
C’est une histoire de 400 ans d’horreurs : Vol de terres, et quelque chose comme un génocide exécuté à l’encontre des peuples indigènes, des siècles d’esclavage, un siècle supplémentaire de racisme à la Jim Crow, destruction de l’environnement inspirée du capitalisme, exploitation des ouvriers, oppression des femmes, et haine généralisée de certains groupes – personnes LGBT, personnes de couleur, musulmans, réfugiés hispaniques, transgenres.
Une histoire d’horreur – mais pas une horreur absolue. Car il y a eu de bonnes personnes sur le chemin : Tom Paine, Frederick Douglass, Abraham Lincoln, Mark Twain, Martin Luther King, Harvey Milk, et quelques autres. Thomas Jefferson fut à moitié bon (à cause de la déclaration d’Indépendance) et à moitié mauvais, (à cause de son exploitation sexuelle à l’encontre de Sally Heming). Theodore Roosevelt a été partiellement bon (à cause de ses parcs nationaux) mais surtout mauvais (à cause de son militarisme et de son nationalisme belligérants).
Bref, un récit partial de l’histoire des Etats Unis de Howard Zinn- 1
(3) Si les progressistes réussissent à se débarrasser de cette chose désagréable qu’est le christianisme, ils vont avoir besoin d’une nouvelle « religion » pour le remplacer. Et ils en ont une prête depuis longtemps, en revenant aux jours de John Dewey, voire de Karl Marx. Cette nouvelle religion est l’humanisme séculier, c’est-à-dire l’athéisme à visage humain.
L’humanité n’aura plus besoin de s’appuyer sur ce double mythe de Dieu – Dieu comme créateur, et comme auteur de nos impératifs moraux.
Nous serons satisfaits de croire que l’univers est l’objet du hasard et n’a pas de sens ; que nos courtes vies ainsi que les vies de nos aimés n’ont aucun sens cosmique ni éternel, et cessent pour toujours au moment de la mort ; et que les règles de la morale ne sont rien de plus que des règles temporaires et opportunes qui aident les membres de telle ou telle société à s’entendre entre eux.
Avec l’aide des sciences et des drogues, (à la fois médicales et euphorisantes) et de la liberté individuelle, nous vivrons des vies heureuses. Et quand nos vies cesseront d’être agréables, quelqu’un (notre famille, ou l’Etat) nous fera la faveur de nous euthanasier. Le « Meilleur des mondes », en effet.
(4) Au lieu d’être ce truc insignifiant : un nationaliste américain, chacun de nous deviendra cette chose grande et splendide : – un cosmopolite au sens littéral du terme, qui vient de deux mots grecs, cosmos (=monde) et polis (=cité-état). Il fut un temps, nous disent les progressistes, où il était entendu que l’humanité était divisée en un grand nombre de tribus, de cités, de nations, etc.. Mais ce temps est révolu.
Maintenant nous vivons dans un monde qui est de plus en plus un monde unique : un monde unifié par le commerce, la finance, les communications, les voyages internationaux, etc. Le nationalisme, (ou le patriotisme si vous préférez le nommer ainsi) est et devrait être quelque chose qui meurt. Nous avons besoin d’un patriotisme mondial. Nous ne devrions pas dire « mon pays ce sont les Etats Unis », nous devrions dire « mon pays c’est le monde ». Nous ne devrions pas dire « Rendre sa grandeur à l’Amérique », nous devrions dire « Donnons pour la première fois sa grandeur au monde ».
Voilà ce que nous disent les progressistes. Et ceci explique pourquoi les progressistes n’ont que peu, ou pas d’objections à une immigration illégale massive en Amérique. Après tout, ne sommes-nous pas concitoyens du monde. Pourquoi nos portes ne devraient-elles pas être ouvertes à tous à la surface de la terre ?
Il est très possible que les progressistes prévalent à la longue. Qui sait ? Mais qui peut être étonné si les chrétiens traditionalistes américains se défendent entre temps ? Et qui sera surpris si la bataille un jour ou l’autre devient sanglante ?
Je crains que le prochain demi-siècle que nous avons devant nous ne soit très désagréable.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/07/26/our-new-civil-war/