Qui a lu un jour Bernanos en a forcément retenu le message qui lui importait le plus au monde : « Notre Église est l’Église des saints. Qui l’a une fois compris est entré au cœur de la foi catholique, a sentir tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine. » Et encore à propos du mystère de l’Institution humaine et divine : « Tout le grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n’est rien de lui-même, si la charité ne l’anime. » Comment ne pas se souvenir de cette certitude profonde à l’heure où notre Église est salie, démolie, agressée, principalement en la personne du Saint-Père.
Nous n’ignorons rien – pas plus que Benoît XVI – de la honte qui rejaillit sur nous à cause de la pédophilie révélée dans l’Église. Chrétiens, nous en sommes, après les victimes, les plus meurtris parce que la transgression qui atteint le sacerdoce nous blesse au plus intime de nous-mêmes. Mais nous ne pouvons être dupes de la campagne qui prend prétexte du scandale pour désigner le Pape comme coupable et le désigne à la vindicte universelle. Certes, le processus de surenchère mimétique qui s’empare de l’information ne nous surprend pas, mais il nous faut bien constater que s’y ajoute une volonté délibérée de délégitimation de l’Église et de disqualification de son chef.
Le recours général aux extrémistes et aux démagogues qui font profession de foi de haïr l’Église romaine indique une volonté sans équivoque de nuire, voire de détruire.
Comme l’an dernier, face à la vague déchaînée, il est difficile de raison garder. Peut-être est-ce pour nous l’occasion providentielle de mieux comprendre notre attachement à l’institution qui reçoit de l’Esprit Saint le charisme de tous les sacrements, dont celui du sacerdoce ? Celui qui nous constitue chaque jour comme corps eucharistique ! En ces jours de Pâques, nous sommes plongés au cœur du mystère ultime d’une Rédemption qui nous arrache aux abîmes et aux ténèbres de la mort. Il n’y a pas pour nous d’autre voie pour émerger de l’épreuve qui a saisi notre Église que celle qui consiste à suivre le Christ dans toutes les étapes qui le conduisent à la Croix, à la visite des enfers et à la gloire de la Résurrection. Ce n’est qu’à travers cette plongée pascale que nous atteindrons la certitude bernanosienne de l’Église des saints. Si tragique que soit notre péché, si insupportable que soit le scandale de l’infidélité et de la transgression, c’est l’Église qui détient le secret de la guérison et l’espérance de la renaissance et qui nous permet de détenir l’héritage des saints.
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Merci de vous joindre à la pétition ci-dessous :
http://www.france-catholique.fr/Appel-d-intellectuels-journalistes.html