Certaines personnes entrent dans l’Église catholique par la lecture, après avoir été convaincus par des écrits patristiques ou par des arguments dogmatiques ou doctrinaux. D’autres, en regardant autour d’eux le chaos dans leurs propres confessions, traversent le Tibre pour un problème d’autorité. Il y a même des histoires d’âmes qui se convertissent grâce à l’architecture sacrée, ou à la liturgie, sans mentionner le mariage.
Mais il y a aussi ceux « arrivés en tout dernier lieu » (1 corinthiens XV 8) qui ont complètement rejeté le christianisme, et font l’expérience, comme Saint Paul, d’un chemin de Damas. Pourquoi ceci devrait-il arriver à des gens qui sont en guerre avec le Christ, et pas à d’autres, est un mystère. De même que je ne discute jamais de ma propre conversion (et ne vais pas le faire ici) c’est leur affaire à eux. Je dois ma foi (et par conséquent mon éducation) entièrement à Notre Dame de Fatima.
Ma famille a actuellement la grâce de recevoir la vierge pèlerine de Fatima à la maison, à l’occasion de cet anniversaire très spécial de ma conversion. Et tout ceci m’a donné du temps pour réfléchir sur les évènements de Fatima, surtout sur la catéchèse très nécessaire qu’a donnée Notre Dame.
En effet, à Fatima, elle vient vers le monde terribilis ut castrorum acies ordinata (redoutable comme une armée prête pour la bataille) et tire la première salve dans une guerre contre le marxisme et le modernisme, une guerre de laquelle les fidèles ne se rendaient pas du tout compte qu’ils étaient menacés.
En 1907, le jour de la nativité de la sainte Vierge, le pape Pie X a publié sa condamnation du modernisme et terminé en demandant que soit surveillée et déracinée l’hérésie présente parmi les laïcs, le clergé, et les séminaires. Son souci était que cela soit fait en vain si les remèdes n’étaient pas «appliqués consciencieusement et fermement ».
Et pourtant, qui, parmi les fidèles, a jamais entendu ses propres pasteurs faire résonner cet avertissement ? Au contraire, dix ans plus tard les petits bergers du Portugal ont reçu la visite de la Reine du Ciel parmi leurs moutons. Elle est venue pour prévenir l’Église de son Fils, et la défendre. Elle n’apporte pas seulement des messages et des secrets. Elle soutient, par les évènements eux-mêmes, la doctrine qu’il existe des remèdes.
Le premier enseignement qu’elle démontre est que les hôtes célestes non seulement existent, mais qu’ils sont intimement mêlés à la mission du Christ et au salut de l’homme. C’est un défi face à un bon nombre de professeurs et de prêtres qui pensent que les anges sont seulement des « dispositifs littéraires » dans la Bible ou de simples contes pour enfants. Avant que la Vierge soit jamais apparue aux petits bergers, elle a envoyé un émissaire : l’Ange de la Paix.
Pour les catholiques dévots, l’existence des anges n’est pas une surprise, bien qu’elle soit largement bafouée et ignorée de nos jours, même en chaire. Mais cet émissaire s’est également identifié comme l’Ange du Portugal. Le fait qu’il y ait des anges chargés de la protection de nations individuelles n’est pas quelque chose d’aussi connu qu’autrefois, en dépit de sa place dans les Écritures. (cf Daniel X 13)
Cet ange enseigne et garde deux autres vérités de la foi : La présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie, et le fait que le sacrifice propitiatoire est en même temps réel, et voulu par Dieu. Aucun de ces deux principes ne sont acceptés dans la plupart des départements de « théologie » de nos jours. Ils ont de nombreux modèles de sotériologie mais que le Christ (et nous en union avec Lui) doive expier et racheter les péchés n’en est pas une typiquement bien accueillie. Mais là, l’ange envoyé par Notre Dame insiste pour offrir le Seigneur dans l’Eucharistie en réparation du péché ainsi que de nombreux sacrifices personnels pour « consoler notre Dieu » et sauver les pécheurs.
Ce qui nous amène à d’autres doctrines que Notre Dame protège de l’empiétement du modernisme : celles de l’enfer et du péché. Elle montre aux enfants l’enfer même. Ils ont pu voir des âmes humaines y tomber. Elle leur dit que beaucoup de personnes y vont parce qu’ils n’ont personne pour prier pour leur conversion. Cela souligne la réalité du péché. Imaginons qu’une telle chose ne soit plus absolument évidente !
Je me souviens d’un cours entier que j’avais dû suivre en troisième cycle d’université, prétendument sur la Trinité, qui m’a ouvert les yeux sur l’état franchement effrayant des choses. Il n’y avait pas d’enfer dans ces enseignements. Pas de sacrifice salvifique du Christ. Pas besoin de réconciliation parce qu’il n’y avait pas de péchés individuels personnels, mais seulement des péchés « systémiques » et « structurels ».
Quand j’entends des pasteurs dire que l’enfer n’existe pas ; ou qu’il est vide ; ou peut-être seulement temporaire ; ou que le mal disparaît de l’existence en un clin d’œil ; ou que Judas est un saint ; ou quand il est impossible de se confesser (sauf sur rendez-vous et seulement pour les personnes vaccinées) ; quand on me demande si l’absolution « me ferait du bien », je repense à ce cours. Et je sais que ces choses ne viennent pas de « l’imprécision » d’un évêque ou de son ignorance. C’est tout un système de théologie qui est cohérent et d’une seule pièce. Mais ce n’est pas catholique.
Une dernière chose sur le péché : Fatima souligne pour nous que le péché n’a pas seulement des conséquences permanentes dans l’éternité mais de réelles ramifications dans cette vie aussi. La Vierge nous prévient que si les gens ne se convertissent pas, une guerre pire se déclenchera.
Voilà peut-être quelque chose sur quoi il faut passer du temps à prier. Qu’est-ce que nos choix de chaque jour apportent au monde ? Inversement, qu’est-ce que nos prières et nos sacrifices accomplissent ?
En un temps où tant de personnes se sentent impuissantes contre les pouvoirs en place, la corruption, les ordres du jour mis en route et les méchancetés complotées par en dessous depuis longtemps, Marie vient rassembler une armée. Elle vient nous dire que nous, dans notre insignifiance, faisons la différence dans cette grande bataille. Le reste du troupeau du Christ, accroché à ses pieuses dévotions et aux vérités anciennes de la Foi. Intercédant pour le monde. Le réconciliant avec Dieu.
Le mal ne peut pas supporter une telle humilité et un tel sacrifice. Appelez les anges qui campent alentour ! La Vierge ne perd jamais. Elle donne des armes préparées pour les enfants dans la bataille spirituelle. La pénitence, l’Eucharistie, la confession et le chapelet. Ces armes ne peuvent pas se retourner contre eux. Elles ne blessent personne. Elles les relèvent et les assiègent.