Notre-Dame des Douleurs - et des grâces. - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Notre-Dame des Douleurs – et des grâces.

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Dans le chapitre 2 de l’Évangile selon saint Luc, il nous est dit à plusieurs reprises que Marie gardait des événements dans son cœur. Lors de la joie de Noël, elle garda au fond d’elle-même ce que les bergers étaient venus dire et le médita dans son coeur. Lors du recouvrement de Jésus au Temple (après l’angoisse d’avoir été séparée de Lui, ce que nous expérimentons tous à travers le péché), elle conserva ses paroles et ses actions dans son cœur, même si elle ne comprenait pas encore exactement où il voulait en venir.

Mais Marie dut aussi se souvenir d’événements sombres depuis le jour où Siméon lui dit : « Une épée transpercera ton âme ». La première des sept douleurs de Marie jette un éclat particulier sur les amères douleurs à venir par ces redoutables propos. La plupart d’entre nous reconnaissent après coup que l’inquiétude ou l’anxiété au sujet d’un événement futur est souvent pire que l’événement lui-même. Avoir une certaine appréhension de l’agonie à venir que l’enfant qui est le sien, et qui est en même temps son Seigneur, a dû accroître largement l’angoisse de la crucifixion elle-même.

L’admirable discours de saint Alphonse de Ligori sur les Douleurs de Marie – véritable tour de force qui résume ses propres réflexions et condense celles d’autres saints – est certes un peu long, mais le fait de lire ne serait-ce que quelques passages, donne à comprendre plus intensément l’ampleur des douleurs de Marie, autrement dit l’ampleur de son amour au point d’être ému par son héroïsme – un parfait « échec manqué » pour reprendre une phrase à la mode. L’auteur cite des révélations issues de sainte Brigitte qui prétend que Marie ne savait pas ce qui attendait son Fils. On peut supposer que « son grand martyr commença » très tôt. Liguori souligne que le martyre de Marie fut plus grand que tout autre en raison de sa durée et de son intensité. Non seulement son martyre se profila au fil du temps par l’anticipation, sa présence et son ardent souvenir de la cruxifixion, mais Marie souffrit plus encore dans l’intime de son cœur et de son âme, que son corps.

Les martyrs à travers les siècles ont été capables de supporter de terribles souffrances avec un remarquable stoïcisme. Pensons à saint Laurent, brûlé sur un grill, affirmant que, cuit d’un côté, il était temps de le retourner. En proie à la torture, il déclara “mea nox obscuram non habet sed omnia in luce clarescunt” – « ma nuit n’est plus ténèbres car toutes choses se transforment en lumière depuis qu’elles ont bu au vin de l’Amour divin. » Cet amour de Dieu qui consola les martyrs dans leurs épreuves fut donc aussi la source du martyre propre à Marie : « l’amour qu’elle lui portait – non un cruel adversaire – fut son unique et plus terrible cause de souffrance. »

Même si nous pouvons estimer que Marie souffrit plus considérablement dans son cœur et dans son âme que les martyrs les plus odieusement torturés, un fait largement sous-estimé chez la plupart des gens, chacun de nous n’étant pourtant pas épargnés par le péché originel du fait de l’Immaculée Conception, est que cette souffrance morale qui toucha le cœur et l’âme est plus vaste que toute souffrance physique. Jean-Paul II note dans Salvifici Dolores que telle souffrance ne peut être rejointe par une théraphie quelconque. À notre époque d’inédite bonne santé et de longévité, la grande attention portée au bien-être physique va de pair avec une relative négligence à l’égard des raisons de certaines souffrances que le Christ, venu appeler non les justes mais les pécheurs, peut seul guérir.

« Sur l’arbre de la Croix », écrit saint François de Sales, « le Cœur de Jésus vit ton cœur et l’aima. » Y a-t-il raison plus concise pour laquelle l’Église proclame avec insistance au monde et sans aucune compromission, la dignité de chaque vie, une par une. L’acte d’amour du Christ renonçant à lui-même sur la croix est un « mystère choquant « , écrivait Jean-Paul II dans son encyclique sur la Mère du Rédempteur (Redemptoris Mater).

Pourtant Marie, en tant que témoin de la cruxifixion et faisant l’expérience de ce qui semble être l’absolu contraire des promesses faites par l’ange à l’Annonciation, tint bon. Sa foi fut plus grande – plus éclairée – que celle des Apôtres qui s’enfuirent. Au pied de la Croix, Marie « est parfaitement unie à l’abnégation du Christ dépouillé. » Jean-Paul II décrit cela, en une saisissante ligne, comme étant « probablement la plus profonde ‘kénose’ dans la foi de l’histoire humaine. » (Kénose voulant dire absolue abnégation).

Marie fut tellement identifiée à son Fils – l’homme des douleurs rejeté qui porta nos souffrances, qui fut transpercé à cause de nos péchés et qui nous guérit par ses blessures, comme Isaïe, appelé parfois le cinquième évangéliste, le dit de façon inoubliable – qu’elle fut disposée à supporter les tourments sans lesquels nos âmes ne pouvaient être rachetées et laissées à notre état déchu. » Liguori va jusqu’à écrire que « le seul soulagement de Marie au milieu de la grande douleur de la Passion de son Fils fut de voir le monde déchu sauvé par sa mort, et les hommes qui furent ses ennemis, réconciliés avec Dieu.  »

Une telle grandeur rend l’expression « Marie est une Mère très aimante » – qui est vraie en effet – un euphémisme très répandu.

En vertu de cet « immense amour » que Jésus éprouve pour sa Mère, honorer Marie en ses douleurs peut apporter un immense bénéfice spirituel.

Beaucoup de catholiques, cependant, ne savent pas que, d’après sainte Brigitte, Marie a promis des grâces spécifiques à tous ceux qui se souviennent de ses sept douleurs – en particulier la paix dans les familles, sa constante protection et le secours visible à l’heure de la mort. Si bien que vous vous intéresserez peut-être à ces grâces de consolation, et prendrez un moment pour vous souvenir aujourd’hui des douleurs de Marie. Et qui sait tous les jours.

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Matthew Hanley est, avec Jokin de Irala, l’auteur de Affirmation de l’amour, éviter le SIDA. Ce que l’Afrique peut enseigner à l’Occident, qui vient d’être récompensé meilleur livre par la Catholic Press Association. Son dernier rapport, L’Église catholique et la crise mondiale du Sida est maintenant disponible à la Catholic Truth Society, éditeur du Saint-Siège en Grande-Bretagne.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/our-ladys-sorrows–and-graces.html

Photo : Notre-Dame des douleur, El Viso del Acor, Seville