Une réponse à un sondage récent de l’Ifop sur l’électorat du Rassemblement national a retenu mon attention. En effet, à la question de savoir si la France est un pays de culture chrétienne, 78 % des personnes interrogées répondent positivement. On dira sans doute qu’une telle opinion relève pour le moins d’une évidence historique. Comment nier que notre pays a été profondément marqué par le christianisme depuis ses origines ? Le simple patrimoine architectural de nos villes et de nos villages suffit à montrer comment l’église est au cœur de la cité et constitue encore aujourd’hui le meilleur repère de son identité. Mais à cela, on pourrait opposer l’incontestable dilution des données élémentaires de la foi, sensible de plus en plus chez les jeunes générations.
Cela n’empêche pas que, spontanément, lorsque la question d’une identification culturelle est posée, la référence au christianisme s’impose, parce que rien n’a remplacé la culture chrétienne, même pas la référence aux Lumières, dont on répète pourtant à satiété qu’elles constituent le creuset de la modernité. Il faut ajouter à cela que la laïcité ne constitue pas non plus un recours de remplacement, parce qu’elle renvoie soit à la neutralité nécessaire de l’État, soit à une idéologie plus ou moins sectaire qui ne saurait faire consensus.
Enfin, il faut bien reconnaître que la question de l’identité se trouve aussi posée de façon lancinante dans le débat politique contemporain, et ceci à cause de la présence massive de l’islam, qui déstabilise toutes les représentations. Reste à savoir si cette référence persistante ou renaissante au christianisme peut être l’occasion d’un approfondissement du mystère chrétien. Après tout, les périodes de crise sont propices à des interrogations fondamentales.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 mars 2021.
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