Notre cher célibat - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Notre cher célibat

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Lorsqu’un prêtre de l’Église catholique de rite latin renonce, pour se marier, à la promesse de célibat qu’il a assumée lors de son ordination, c’est un affaissement d’autant de la voix prophétique de son Église. Cette grande voix répercute dans sa discipline celle de Jésus lorsqu’il définit la nature de la vie paradisiaque des élus. Par un biais, elle est comme celle des anges. On n’y prend ni femme ni mari : « Neque nubent neque nubentur » Mt.22,30.

Si des hommes ont été mariés avant leur ordination – ce qui n’est pas plus exclus chez nous que chez les orthodoxes – ils le restent, certes, sans se couper de leur famille mais le fait qu’ils ne puissent, en cas de veuvage, convoler nouvellement est déjà assez significatif de l’orientation fondamentale d’éternité. Mais l’est bien davantage le célibat qui dit « ciel » dans son étymologie même.

Cette voix prophétique qui est celle des moines, religieux, religieuses et assimilés dans leurs vœux de chasteté est perçue plus fortement dans le cadre du sacerdoce. Sans doute à cause du lien singulier du sacrement avec l’Eucharistie, la Messe, mais aussi parce qu’associée manifestement d’entrée de jeu à une structure, choisie, vécue dans l’amour. Qu’un homme comme Jean Vanier, par exemple, déclare avoir choisi pour lui le célibat, on dira que « c’est son affaire », mais qu’il soit voulu en cadre juridique c’est beaucoup plus éloquent. Une défection est alors perçue par les pieux fidèles un peu comme une secousse sismique, surtout s’il s’agit d’un porteur mêlé à la vie du monde par son ministère.

Cette grande voix prophétique de l’Église latine dérange évidemment ceux pour qui la perspective d’une vie sans activité sexuelle est dépourvue d’intérêt (« Si c’est ça votre Paradis, gardez-le pour vous ! »), mais elle dérange ou plutôt contrarie surtout le diable. C’est sa défaite brutale dans l’homme, lui qui, en tant qu’esprit, n’a pas eu à mener le combat de la chair.

Aussi bien, s’efforce-t-il de l’étouffer par ses manœuvres. C’est particulièrement palpable dans les mesures anticléricales d’un gouvernement qu’il inspirerait. Tel celui de notre Révolution française ou celle d’un gouvernement à la Plutarque Elias Calles dans le Mexique des années1925. Les moines, on les met à la porte car ils ne servent à rien, mais les curés –pour un temps au moins, tant que les paroissiens les réclament –, pour eux, rien de plus important, de plus pressé que de les marier. Après, ils pourront célébrer toutes les messes qu’ils voudront !

L’actualité nous oblige à voir sous cet angle certaines ruptures, sous quelque enveloppement de joliesse qu’on nous les présente éventuellement. C’est en réalité le flanc blessé de Jésus, ou un bâillon si on veut maintenir l’image de départ.