Nostra Ætate - France Catholique
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Nostra Ætate

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On a déjà beaucoup parlé de Nostra Ætate, ce texte si important de Vatican II, qui traite des relations de l’Église avec les autres religions. Mais c’est l’actualité la plus brûlante qui nous commande de revenir à ce texte fondateur et prémonitoire. Car, d’une certaine façon, il anticipait sur ce que nous appelons mondialisation ou encore globalisation. Je retiens de ce deuxième terme l’idée que les questions se posent désormais à l’échelon de la planète, et pas seulement les questions économiques. En ce qui concerne les relations religieuses, il me semble avéré qu’il nous est impossible désormais de ne pas envisager l’horizon global, ce qui exclut de nous enfermer dans une sorte de splendide isolement. Bien sûr, il peut y avoir tentation de syncrétisme ou de relativisme. Mais il ne s’agit nullement de fabriquer une sorte de religion fusionnelle ou d’abolir les différences. Ce n’était pas l’intention des Pères de Vatican II, qui, au contraire, voulaient opérer un discernement théologique, qui empêche de dire n’importe quoi.

Nostra Ætate est un texte concis, qui appelait forcément des développements et qui, encore aujourd’hui, suscite des approfondissements. On remarque d’emblée que la partie la plus décisive, la plus aboutie, concerne le judaïsme. On ne s’étonne pas qu’elle ait été déterminante pour le développement d’une réflexion d’une importance considérable pour nous, puisqu’il n’y a pas de christianisme sans la première Alliance. En revanche, ce qui concerne l’islam est beaucoup plus problématique, même si des initiatives de rapprochement sont nées ici ou là. Alain Besançon, dans son dernier livre1, a pointé des difficultés certaines, qu’il serait irresponsable d’ignorer. Mais, d’une façon plus générale, la volonté de susciter la compréhension et d’éloigner la discorde a permis de percevoir les choses autrement. Nous ne pouvons pas nier un phénomène religieux universel, qui caractérise en profondeur la nature humaine, dans toutes ses désinences culturelles. Mais en même temps, les religions répondent à des interrogations très différentes, ce qui, par principe, interdit de les confondre. Ces différences, en définitive, permettent de mieux nous identifier, en reconnaissant ce que saint Irénée appelait « la nouveauté du Christ ».

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 octobre 2015.

  1. Alain Besançon, Problèmes religieux contemporains, Éditions de Fallois, Paris.