Norodom Sihanouk - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Norodom Sihanouk

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La disparition du roi Norodom Sihanouk n’a pu que faire surgir dans les mémoires le destin tragique de ce Cambodge qu’il avait voulu servir de toutes ses forces. L’homme ne manquait ni d’intelligence, ni de capacités. Certes il était retors, machiavélien au possible, mais ses retournements, ses combinaisons, ses alliances successives ont rarement abouti au résultat escompté. Était-ce vraiment sa faute ? Le Cambodge sorti de la seconde guerre mondiale vivra très longtemps dans une conjoncture régionale infernale. Sihanouk manœuvrera au mieux pour échapper à la contagion des guerres indochinoises. La position neutraliste lui convient alors admirablement, et d’ailleurs il sera au sommet de sa gloire internationale lors de la fameuse conférence de Bandung, où lui, le chef d’un petit pays, se mesurera avec avantage aux géants que sont le Chinois Chou Enlai, l’Indien Nehru, l’Égyptien Nasser et l’Indonésien Sukarno.

Autre moment fort : la venue du général de Gaulle à Pnom-Penh en 1966. Le général prononce un célèbre discours qui conforte Sihanouk dans sa volonté de rester en marge de la guerre qui oppose les États-Unis d’Amérique au Vietnam d’Ho Chi Minh. Mais dans les faits, cette neutralité est chimérique. Le Vietcong est ravitaillé depuis la Chine à travers le Cambodge par une piste dite Sihanouk. Et c’est à partir de là que vont s’enchaîner les événements qui conduiront à la catastrophe absolue. C’est-à-dire à la prise de pouvoir des Khmers rouges, dont Sihanouk a d’abord été l’allié, mais dont il sera bientôt le prisonnier. Lui aussi sera pris dans la folie meurtrière qui aboutira au génocide, avec la mise à mort d’un tiers de la population, puisqu’une grande partie de sa propre famille sera massacrée.

Qu’il se soit sorti de cette catastrophe pour reprendre la tête de son pays s’explique par ses capacités politiques bien connues et aussi par son prestige. Mais en même temps, quel gâchis ! Sihanouk n’aura jamais su donner au Cambodge le régime équilibré et pacifique, qui aurait épargné le peuple Khmer. Il aura sans doute dans trois mois des obsèques grandioses, consacrant son mythe relié à la splendeur du passé d’Angkor. Mais la symbolique ne saurait suppléer aux malheurs d’un pays toujours profondément meurtri.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 octobre 2012.

http://www.norodomsihanouk.info/