Le déferlement actuel d’accusations sur l’Église catholique à propos de crimes sexuels commis par des prêtres sur des enfants nous plonge dans une crise qui pourrait encore monter en puissance. On sait que le Pape lui-même s’est saisi de la responsabilité directe de ce dossier extraordinairement douloureux. Ce qui s’est passé aux États-Unis, se passe en Irlande et, depuis quelque temps, en Allemagne, vient en quelque sorte assaillir l’autorité suprême, qui tente de prendre d’urgence toutes les décisions nécessaires. Pour les catholiques, c’est une situation plus que difficile à supporter, qui remet en cause leur confiance dans une institution qui incarne leur raison de vivre. C’est peut-être d’ailleurs l’occasion pour eux d’une certaine révolte pour répliquer à des médias accusateurs : « Non, nous ne reconnaissons pas l’Église dans le tableau que vous en faites. Ce que nous avons reçu d’elle dépasse infiniment les défaillances de certains ! Et nous voulons exprimer notre reconnaissance aux prêtres qui nous ont tant apporté et sur lesquels l’offensive actuelle jette un opprobre immérité. »
En second lieu, la question de la pédophilie doit être abordée avec le sérieux requis, pour écarter les accusations infondées ou ciblées de façon spécieuse. Il faut notamment tordre le cou à la rumeur selon laquelle le clergé célibataire constituerait le lieu privilégié des perversions pédophiles. Ce serait autant absurde que de prétendre que la famille en soi est aussi une structure perverse puisque c’est en son sein que se produit l’essentiel des atteintes à l’enfance. L’inceste ne condamne pas plus la famille que certaines pratiques pédophiles ne condamnent l’Église. Bien sûr, celle-ci est d’autant plus attaquée qu’elle défend un haut idéal moral et même des exigences insupportables au milieu médiatique. L’occasion est trop belle pour la mettre en procès. Mais les plus féroces des accusateurs doivent savoir raison garder. Ce n’est pas l’Église qui, en elle-même, est agent de perversion. Ce n’est pas elle qui crée les tendances déviantes, même si elle peut attirer certaines personnalités dont le profil ambigu fait illusion et qui l’utilisent à leurs troubles fins.
Il est vrai qu’un sérieux audit s’impose dans l’Église universelle. Il est d’ailleurs en cours. Mais il doit y avoir en même temps une mobilisation spirituelle pour que cette Église soit plus sainte et qu’elle soit protégée de la vindicte de ceux qui souhaitent sa perte.
G.L.
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Lire aussi la chronique de Gérard Leclerc à propos d’un article de hans Küng dans Le Monde :
http://www.france-catholique.fr/HANS-KUNG-L-IMPOSTURE.html
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Autriche : 80 à 90% des cas d’abus sexuels ont lieu dans les familles
http://www.zenit.org/rssfrench-23814