Nous sommes parfois un peu submergés par tout ce que les experts les plus divers entendent nous apprendre de la société où nous vivons ou du monde dans lequel nous évoluons. Tant de rapports nous tombent sur le dos, nous sommant de nous interroger sur nous-mêmes et sur le regard que nous projetons sur les autres. Pardon, mais j’ai parfois l’impression que nous sommes mis en accusation, soupçonnés sans cesse de multiples pathologies. Ne serions-nous pas plus ou moins racistes en puissance, prédisposés à l’islamophobie, à l’homophobie et autres maladies ? Il est vrai qu’étant sous surveillance assidue, nous sommes heureusement protégés des mauvais instincts qui nous seraient naturels. Je galèje, mais à peine. Parfois, j’ai envie de dire que ça suffit et que je n’ai pas du tout le sentiment que le peuple français dans son ensemble mérite pareils opprobres.
Connaissant mes contemporains pour les côtoyer et leur parler quotidiennement, je les trouve plutôt bienveillants, assez lucides, avec des jugements modérés sur tout ce qui les entoure. Et à mon sens, c’est à partir de là qu’on devrait considérer notre vie sociale, qui est faite de beaucoup plus de solidarités que de dissentiments, de réflexes de générosité que de réflexes de rejet. Ceci dit, il est vrai aussi que nous avons affaire à des bouleversements dont il nous faut prendre la mesure et à des évolutions difficiles à négocier. Ainsi, je lis en ce moment un ensemble de réflexions sur la recomposition du tissu social à partir de la déstabilisation des valeurs : « Que reste-t-il de ce qui fit nos disciplines, se demande le politologue Dominique Reynié. Manifestement, la question se pose de savoir quelles sont les valeurs qui nous définissent, nous associent, nous obligent, fondent le pacte social qui nous permet de vivre ensemble, qui nous relient les uns aux autres mais aussi à cette nouvelle époque et au monde qui vient. »1
Il me semble que ces interrogations nécessaires devraient être prises en compte à partir d’une évaluation positive de ce que nous sommes et aspirons à être. Et puis ne disposons-nous pas de trésors culturels, voire spirituels où nous ressourcer pour mieux réagir ? Non à l’auto-dénigrement, oui à ce qui nous permet de mieux assumer notre présent et de construire un monde vivable.
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 29 mars 2012.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Jean-Paul Hyvernat
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux