Dans un récent entretien au quotidien italien La Stampa, le pape François est intervenu sur sa perception de la fête de Noël, qui « parle de la tendresse et de l’espérance » et qu’il aime exprimer par des gestes d’affection, notamment auprès des enfants et des personnes âgées. Cette tendresse divine doit, en effet, se manifester de la façon la plus immédiate et la plus tangible. Car la foi ne s’exprime pas dans un discours philosophique qui assène des vérités mais dans une attitude évangélique qui manifeste la présence aimante de Dieu au milieu de son peuple. C’est bien pourquoi Noël parle tant à l’imagination du cœur : « Noël est joie, joie religieuse, joie de Dieu, intérieure, de lumière et de paix. »
Il est vrai que la fête de la Nativité du Christ est marquée, surtout dans les pays de tradition chrétienne, par ce qu’on appelle, parfois de façon assez péjorative, « tout un folklore populaire ». On aurait tort, cependant, de ne pas discerner dans les traditions ancrées dans la sensibilité des peuples toute une richesse symbolique et affective qui parle directement au plus grand nombre. Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium1, le pape François n’a pas craint de faire l’éloge de la piété populaire : « Chaque portion du peuple de Dieu, en traduisant dans sa vie le don de Dieu selon son génie propre, rend témoignage à la foi reçue et l’enrichit de nouvelles expressions qui sont éloquentes. On peut dire que le peuple “s’évangélise continuellement lui-même”. D’où l’importance particulière de la piété populaire, expression authentique de l’action missionnaire spontanée du peuple de Dieu. Il s’agit d’une réalité en développement permanent où l’Esprit Saint est l’agent premier. »
C’est bien pourquoi il n’y a pas lieu de mépriser ce que le pape appelle « une véritable spiritualité incarnée dans la culture des simples ». Et d’ajouter : « C’est seulement à partir d’une connaturalité affective que donne l’amour que nous pouvons apprécier la vie théologale présente dans la piété des peuples chrétiens, spécialement dans les pauvres. » En cette période où les peuples chrétiens revivent la naissance du Christ à Bethléem, on songe à l’inépuisable richesse du patrimoine des noëls repris de génération en génération, à la tradition des crèches toujours vivace, ainsi qu’aux santons qui les peuplent avec tant d’ingéniosité et d’intuition poétique. C’est à travers ces petites merveilles que se répand la Bonne nouvelle annoncée par les anges, la joie de l’Évangile.
- On se rapportera évidemment au texte de l’exhortation apostolique La joie de l’Évangile chez divers éditeurs.