Selon un sondage CSA réalisé pour le quotidien gratuit Direct Matin, Noël serait marginalement (à 15 %) une fête religieuse pour les Français. En revanche, la dimension familiale de l’événement se trouverait plébiscitée, toutes catégories sociales confondues. Quel crédit accorder à ce genre d’enquête réalisée dans la précipitation et selon des modalités peu compatibles avec un sujet qui réclamerait à la fois de la distance et de la réflexion, de la part des personnes interrogées et aussi de celles qui les interrogent ? Tout ce qui relève de l’intériorité et des sentiments personnels n’est pas susceptible d’une approche semblable aux sondages politiques, encore moins aux tests de consommation commerciale. Néanmoins, il y a sans doute une part de vérité dans cette enquête, qui donne beaucoup à penser sur une déchristianisation qui se mesure d’abord à des critères de connaissance religieuse.
Pour identifier l’importance de la Nativité du Seigneur comme événement historique, il convient d’abord d’avoir un minimum de culture biblique et théologique. Force est de constater que celle-ci est pratiquement absente des grands vecteurs d’information, que le système scolaire l’ignore par principe (en dépit du débat récurrent sur l’apprentissage du fait religieux préconisé dans un rapport demandé à Régis Debray et qui date de février 2002). La civilisation contemporaine, fondée sur la primauté de l’économie se distingue par une vision consumériste de l’existence tout juste modérée par une éthique des droits de l’homme qui n’équivaut pas à une véritable philosophie anthropologique.
On constate en même temps le glissement continuel d’une saine laïcité de l’État du côté d’un laïcisme idéologique qui entend occuper tout l’espace public. Le renvoi des convictions religieuses à l’espace privé relève de ce point de vue d’une véritable supercherie, puisqu’il s’agit du meilleur moyen de le priver de son champ d’expression et d’exercice. La probité commanderait de distinguer ce qui relève de l’autorité de la puissance publique et ce qui relève de toute l’extension de la vie sociale. Il doit y avoir distinction du temporel et du spirituel en ce qui concerne l’État, mais reconnaissance d’une pleine liberté d’affirmation du religieux dans le champ de la vie sociale.
Mais le sens de Noël ne peut redevenir présent pour nos contemporains si les chrétiens ne se décident pas à user de toutes les médiations obligées, qui vont des rapports de proximité jusqu’aux moyens modernes offerts par les technologies de pointe. La Bonne Nouvelle doit réinvestir la vie sociale dans toute son extension la plus riche.
Pour aller plus loin :
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Folies antédiluviennes
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ