Ni parlement, ni musée ! - France Catholique
Edit Template
100 ans. Donner des racines au futur
Edit Template

Ni parlement, ni musée !

Copier le lien

Ni parlement, ni musée ! C’est ainsi que le Pape définissait, négativement, le synode des évêques. Décidément, François a le sens des formules qui, souvent, prennent l’allure de paradoxes. J’avais déjà employé ce terme de paradoxe hier, car il me semblait particulièrement convenir à ce que le même François avait préconisé dans son homélie de dimanche : fidélité intégrale à la doctrine du mariage, accueil inconditionnel à toute personne, quelle que soit sa situation. C’est mon maître, le cardinal de Lubac, qui m’a appris à reconnaître la vertu du paradoxe, qui permet d’appréhender les réalités de la vie spirituelle en leur originalité, et notamment en ce qu’elles échappent aux idéologies trop bien bouclées et aux certitudes trop humaines. Celles qui ne tiennent pas compte de la complexité de notre humanité qui a les pieds bien plantés dans le sol mais dont les racines sont dans le ciel.

C’est bien un autre paradoxe que de prôner la libre discussion entre les pères synodaux et de leur rappeler en même temps que leur débats ne sont pas de nature parlementaire, c’est-à-dire politique. Pourtant, certains auraient tendance à vouloir introduire dans le fonctionnement de l’Église des règles analogues à celles qui régissent les activités parlementaires. Je me souviens d’un théologien, dont je ne citerai pas le nom aujourd’hui, qui voulait même que le concile Vatican II fasse droit aux applaudissements et aux interruptions de l’arène parlementaire. Mais alors l’Église se diviserait en partis constitués, ce qui serait le signe d’une division permanente. La question n’est pas de susciter une majorité qui finirait par écraser une minorité. L’enjeu est consensuel, il s’agit de parvenir à une unanimité morale, qui ait raison des objections dont on a pu reconnaître au passage certains aspects utiles.

Quant à l’expression de musée, elle est aussi utile pour signifier ce que n’est pas la foi. La foi qui se reçoit du Buisson ardent et qui est source de vie et de perpétuel renouveau. Mais pour être à la hauteur de telles exigences, il faut accomplir une vraie conversion dont la formule n’appartient pas à ce monde.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 octobre 2015.