Au long des années, j’ai bien souvent traité de l’importance des lectures spirituelles pour grandir en sainteté. Les bons livres catholiques ont aussi un grand impact sur les familles, les amis, et la multitude de catholiques ignorants et éloignés de l’Eglise ; et je ne parle pas des millions de concitoyens qui sont au mieux païens, et en pratique athées
Mais en plus de ce que nous pourrions considérer techniquement comme une lecture spirituelle, je voudrais recommander un genre de livre assez différent. Nombreux sont ceux qui ne sont pas conscients de la profondeur et de l’étendue de la littérature chrétienne qui couvre deux millénaires et tous les genres de styles.
Bien sûr, la littérature chrétienne remonte aux Ecritures et aux premiers siècles de la foi. On en connaît bien une grande partie qui est pour le moins appréciée. J’insiste ici pour recommander la poésie et la fiction catholiques qui comprennent les grands romans de tous les pays du monde. Ceux-ci sont très généralement traduits, et facilement accessibles sur vos ipads ou kindles. Certains sont même peut-être en train de prendre la poussière dans votre grenier ou votre cave, simplement dans l’attente d’être redécouverts.
Le bienheureux John Henry Newman a donné une justification classique au fait que l’on prête attention à ce genre d’œuvres. Dans ses conférences aux étudiants de l’université catholique qu’il a fondée à Dublin au milieu des années 1800 (publiées plus tard sous le titre « l’idée de l’université ») il discute du sens et du but de la littérature catholique. Et il établit des distinctions très intéressantes – et des leçons pour eux :
Quand on parle d’une « littérature catholique de langue anglaise » comme d’une chose souhaitable, aucune personne raisonnable ne pensera qu’une œuvre catholique est autre chose que l’œuvre d’un catholique. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit de littérature religieuse. La littérature religieuse en fait, est bien autre chose que la littérature écrite par des hommes religieux. Elle implique encore et surtout que le sujet, la matière de cette littérature soient religieux ; mais par « littérature catholique , il ne faut pas comprendre une littérature qui traite exclusivement ou principalement de sujets ou de doctrine catholiques, controverses, histoire, personnes ou affaires politiques ; mais elle englobe tous les sujets de la littérature, quels qu’ils soient, traités comme « un catholique le ferait, et ne pourrait pas le traiter autrement. »
Newman essayait clairement de désigner un genre particulier d’écriture qui ne serait pas l’habituel travail de théologie apologétique ou spirituelle. A son époque, il pouvait compter que la plupart des gens comprendrait ce qu’il voulait dire : «Inutile d’expliquer pourquoi il est important que ces sujets soient traités par des catholiques…Mais il est évident que si, par littérature catholique, on n’entendait rien d’autre qu’une littérature plus ou moins religieuse, ceux qui l’écriraient seraient principalement des ecclésiastiques ; juste comme les écrits juridiques seraient rédigés principalement par des juristes, et les écrits médicaux principalement par des médecins ou des chirurgiens. «
Mais ce point a une implication beaucoup plus grande que dans le cas des groupes professionnels ou des disciplines académiques : « S’il en était ainsi, une littérature catholique ne serait pas un sujet particulier traité à l’université, à moins que l’université ne soit assimilée un séminaire ou à une école de théologie. »
Pour Newman, l’importance de la littérature prend ses racines dans notre propre nature et les dons que Dieu nous a faits à nous, êtres humains, principalement le langage.
Si par le moyen des mots, les secrets du cœur sont amenés au jour, les peines de l’âme sont soulagées, les souffrances cachées évacuées, la sympathie communiquée, les conseils donnés, l’expérience rappelée, et la sagesse perpétuée, – si grâce aux grands auteurs le grand nombre accède à l’unité, le caractère national est fixé, un peuple parle, le passé et le futur, l’est et l’ouest sont amenés à communiquer, – si de tels hommes sont en un mot les porte-paroles et les prophètes de la famille humaine, – traiter la littérature à la légère ou négliger son étude ne sera pas la bonne réponse ; Au contraire, nous pouvons être sûrs que, à mesure que nous la maîtrisons dans un quelconque langage, et sommes imbibés de son esprit, nous pourrons à notre tour, à notre propre mesure, transmettre de semblables bienfaits à d’autres – qui nous sont proches socialement ou dans notre propre sphère d’influence, – , qu’ils soient nombreux ou peu nombreux, qu’ils soient dans des chemins plus obscurs de la vie ou dans d’autres plus distingués.
Dans ce désir de propager ces bienfaits et d’autres encore de la littérature catholique, il y a quelques années j’ai présenté deux séries sur des auteurs catholiques. (On peut encore les trouver sur EWTN, en ligne sur MP3, et on peut aussi les acheter en DVD.) J’ai choisi d’inviter des hommes et des femmes beaucoup plus savants que moi (des gens comme Ralph McInerny, Joseph Botton, et le fameux Robert Royal de The catholic thing.) Aussi, si vous voulez prendre un départ en flèche dans la littérature catholique, vous ne vous tromperez pas en vous y référant : Saint Augustin, Dante, Tolkien, Walker Percy, Flannery o’Connor, Sienkiewicz, Calderon de la Barca, Hilaire Belloc, Fr. Ronald Knox, Fr. Robert Hugh Benson, GK Chesterton, Shakespeare, Edwin O’Connor, Ralph McInerny, Fr. Thomas Merton. Il y en a des douzaines et des douzaines d’autres que vous pourrez rencontrer.
Devant le déclin général de la connaissance de la culture catholique, c’est le bon moment pour mettre en route ce cercle de lecture de livres catholiques avec vos amis, mais aussi avec des païens, des agnostiques, ou des catholiques potentiels qui se sont éloignés de l’Eglise. Et il y a beaucoup d’autres grandes œuvres là d’où ils viennent. Qui sait ? Peut-être qu’un jour vous en écrirez une !
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/newman-and-the-importance-of-catholic-literature.html
Tableau : John Henry Newman par John Everett Millais (1881)