NEW YORK POST 9/11 : UNE CITE SECULIERE ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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NEW YORK POST 9/11 : UNE CITE SECULIERE ?

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Pour le second anniversaire du premier attentat terroriste au World Trade Center, qui avait fait six morts le 26 février 1993, j’avais été invité à une messe commémorative à l’église catholique St-Pierre au centre de Manhattan. En tant que directeur exécutif de l’Autorité portuaire de New York et de New Jersey – mon premier mois dans ces fonctions -, j’eus l’honneur d’assister à la fois à la messe et à la réception qui suivit pour les familles des victimes dans une salle à manger du Trade Center. L’Autorité portuaire étant propriétaire et gestionnaire des Tours Jumelles, il me revint de présenter celui qui était alors le curé de l’église St Pierre, Mgr. Robert O’Connell. Le prélat pria pour le repos des âmes des fidèles défunts puis rencontra les familles et leur prodigua quelques paroles de réconfort. Mes collègues de l’Autorité portuaire et moi-même étaient satisfaits et personne ne souleva d’objection à la participation du prêtre.

Un an et demi plus tard, je me retrouvais à l’aéroport de J.-F.Kennedy, supervisant (pendant neuf jours) les services d’urgence aux familles et aux proches des 230 passagers et membres d’équipage du vol TWA 800 pour Paris qui s’était abîmé au large de la côte orientale de Long Island. Comme il avait fallu presque vingt heures aux officiels de la TWA pour fournir une liste des passagers à jour, des centaines de personnes affolées, regroupées dans les salons de l’hôtel Ramada de JFK, menaçaient de s’en prendre aux murs. C’est alors que je reçus un appel d’un ami, le cardinal John O’Connor, archevêque de New York, qui me demandait s’il pouvait être de quelque secours. « Eminence, lui répondis-je, j’ai une émeute potentiellement sur les bras, venez aussi vite que vous pouvez. »

Le cardinal offrit des prières puis passa de table en table consoler les gens en peine. Parmi eux figurait un groupe de parents et d’amis des élèves de l’école secondaire française de Montoursville qui se trouvaient à bord de l’avion. Or Montoursville était situé sur le territoire du diocèse de Scranton dont O’Connor avait été évêque avant d’être nommé à New York. La relation spirituelle qui s’établit entre le Cardinal et les enfants fut un des moments les plus émouvants de cette tragique circonstance.

Lors du service commémoratif au Hangar 12 de l’aéroport JFK, le dimanche suivant l’accident, le cardinal O’Connor et d’autres autorités religieuses purent s’adresser à une assistance de plus de 2000 personnes. Le Gouverneur de l’Etat de New York, George Pataki, et celui de l’Etat de New Jersey, Christine Whitman, dont l’Autorité portuaire dépend, avaient souhaité que le service ne soit pas filmé et qu’aucun officiel élu n’y prenne la parole.

Le maître des cérémonies n’était autre que le P. Mychal Judge – qui périt le 11 septembre 2001 à Ground Zero en administrant les premières victimes. Un chœur baptiste Africain-Américain chantait des hymnes.
Je mentionne ces événements officiels antérieurs, auxquels j’ai personnellement assisté, pour montrer que tous les New Yorkais – élus et fonctionnaires compris – reconnaissaient que les autorités religieuses faisaient partie intégrante de la communauté. On savait qu’elles seraient appelées à jouer un rôle significatif dans la suite de ces événements tragiques – plus que les élus.

Il en fut ainsi le 11 septembre. Des centaines de membres du clergé répondirent à l’appel à venir administrer les victimes et les familles. Les sauveteurs apportaient dans une tente située à la limite de Ground Zero les restes humains pour y être bénis par les membres du clergé. Des prêtres amis m’ont raconté leurs « shifts » déchirantes toutes les douze heures sous cette tente. Les policiers et les pompiers de New York faisaient la queue à l’extérieur de cette morgue improvisée attendant patiemment leur tour pour présenter à une bénédiction ce qui n’était souvent rien de plus qu’un membre d’un corps.

Une heure et demie après la chute des tours, l’archevêque de New York, le cardinal Edward Egan, était à l’hôpital St Vincent, et, revêtu de la tenue d’infirmier, commençait à panser les blessés, à bénir les morts et à distribuer des chapelets. Pendant des semaines, le Cardinal a célébré jusqu’à trois messes de funérailles par jour.

Le second dimanche après l’attaque terroriste, le maire de New York avait organisé un office de commémoration au Stade Yankee parrainé par le gouvernement et qui incluait des représentants de chaque religion. Le maire, les responsables de la police et des pompiers, et des dizaines de milliers de policiers et de pompiers, ont assisté aux funérailles de leurs collègues dans des églises et des synagogues à travers toute la région.

Or hier, dix ans plus tard, les religieux furent interdits de paraître en public lors de la cérémonie anniversaire conduite par les présidents Obama et Bush à Ground Zero. Cette décision a été justifiée par un participant, ayant perdu l’un des siens, qui écrit bizarrement au « Daily News » : « je n’ai pas besoin de la direction d’un homme d’Eglise pour prier ; je prierai tout seul à ce moment-là. Je souhaite que l’on rende un hommage respectueux et révérencieux à la mémoire des êtres humains disparus. »

Peut-on imaginer que les respectables responsables religieux de New York rendent un hommage qui ne soit pas plein de révérence ? Je suis d’accord avec la récente réaction de l’ancienne maire-adjointe de la ville, Rudy Washington : « l’Amérique semble avoir perdu son chemin. »

Les sécularistes new yorkais ont élaboré une culture politique et juridique dans laquelle la foi en Dieu ne compte pas. Ils sont sans doute contents d’eux-mêmes. Mais leur réussite ne dépasse pas les 6,4 hectares du Sud Manhattan. Partout ailleurs, les responsables religieux ont gardé la foi. Dans chaque église de la ville de New York, il a été fait mémoire des événements du 11 septembre et plusieurs prêtres ont certainement rappelé les paroles du Pape Jean Paul II le 12 septembre 2001 :

« Le cœur humain possède des profondeurs d’où émergent parfois des projets d’une cruauté sans précédent, capables de détruire en un instant la vie quotidienne de tout un peuple. Mais la foi vient à notre secours dans ces moments où les mots ne semblent plus suffire. La parole du Christ est la seule qui fournisse une réponse aux questions qui troublent notre esprit. Même si les forces des ténèbres semblent l’emporter, ceux qui croient en Dieu savent que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. »

Il est triste que les gens qui s’étaient rassemblés à Ground Zero hier n’aient pu entendre ces paroles qui valent bien plus que tous les discours de nos élus séculiers.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/post-911-new-york-a-secular-city.html