Nelson Mandela au-delà de lui-même - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Nelson Mandela au-delà de lui-même

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L’unanimité planétaire qui salue Nelson Mandela comme une des figures phare de l’histoire contemporaine, se rapporte à un destin singulier, celui d’un homme qui ne voulut pas que la victoire de son camp correspondît à l’écrasement de l’adversaire. Le XXe siècle ne s’était pas distingué par la mansuétude des puissants et des leaders populaires. La vieille loi du « malheur aux vaincus » a traversé les temps, en imposant l’écrasement dans les rapports de force. L’homme qui vint à bout de l’apartheid avait appris sans doute quelques mots évangéliques dans son enfance, qui inspirèrent sa ligne de conduite ultérieure : réconciliation, vérité et justice. Ils avaient d’autant plus de poids que c’était un combattant absolu qui leur ouvrait un espace inattendu pour féconder l’avenir des peuples ennemis d’hier. Grâce à lui, l’Afrique du Sud a échappé au bain de sang que beaucoup redoutaient. Nous autres Français pouvons penser que le destin de l’Algérie eût été différent si, au début des années soixante, un précurseur selon son esprit avait dominé la scène. Bien sûr, il est vain de réécrire l’histoire à l’aune de ses espoirs souvent illusoires, mais il peut être salutaire de se persuader parfois qu’une volonté héroïque est capable d’être supérieure aux mécanismes de la fatalité.

La situation du continent africain, celle même de l’Afrique du Sud, conduisent à souhaiter que des hommes de la trempe de Nelson Mandela prennent en main des pays en déshérence et parfois en plein chaos. L’intervention de l’armée française en République centrafricaine, qui suit de si près celle au Mali, montre à quel point l’Afrique entière se trouve en risque continuel de déstabilisation. Puisse l’exemple de Mandela susciter une éclosion de dirigeants et de cadres aptes à conduire l’Afrique vers un nouvel âge, qui corresponde aux aspirations de la plus jeune population de la planète. Mais il n’est pas que les Africains à pouvoir s’inspirer d’un tel exemple. L’évêque auxiliaire de Shangaï, Mgr Thaddeus Ma Daqin, assigné à résidence par les autorités chinoises depuis son ordination, à cause de sa loyauté à l’égard de siège de Rome, n’a pas hésité à se réclamer de Mandela pour faire valoir ses droits à la liberté religieuse. Il a repris, dans trois tweets très offensifs, les propos mêmes de l’ancien président sud-africain : « L’oppresseur doit être libéré tout comme l’opprimé. Tous deux sont dépossédés de leur humanité. Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine. Tous deux sont enfermés derrière les barreaux de leurs préjugés et de l’étroitesse d’esprit. » Le langage de la vérité et de la justice continuera à résonner au-delà de la disparition de Nelson Mandela.