Peu après leur arrivée au pouvoir, les Nazis étaient décidés à bloquer toute influence catholique hors des églises — que ce fût dans les écoles, des organismes professionnels privés, etc. Air connu? (décret du ministère de la Santé et des Affaires sociales). À cette époque comme maintenant, les visées totalitaires d’un État en voie de socialisation s’exercent pour verrouiller l’influence de l’Église catholique.
Mgr Clemens August von Galen fut consacré en 1933 évêque du diocèse de Münster, première consécration sous le régime de Hitler. Conscient de son devoir de parler sans ambiguïté des menaces politiques montantes, il réprouva le néo-paganisme de l’idéologie national-socialiste, et, inter alia 1], condamna le programme gouvernemental d’euthanasie et les confiscations de biens de l’Église.
Parlant aussi ouvertement, il risquait de perdre la vie. Le Lion de Münster, comme on vint à l’appeler, est grandement honoré de nos jours pour sa courageuse défense de la foi face à l’oppression politique.
Cependant certains critiques tentèrent de le dépeindre comme un réactionnaire politique loin des réalités du moment plutôt que tel qu’il était : un fidèle berger catholique. L’Histoire l’a innocenté de ces accusations, mais on trouve de nos jours le même genre d’accusation contre ceux qui prennent clairement la défense des croyances catholiques.
« Nec laudibus, nec timore » fut la devise épiscopale choisie par Mgr von Galen. Il voulait n’être motivé « ni par la louange, ni par la crainte des hommes » 2.
Sa devise est pertinente à jamais — une robuste méthode pour dire la vérité en toute charité. Et elle était parfaitement accordée aux nécessités de la situation à cette époque, en ce pays, qui, comme actuellement chez nous, faisait monter l’hostilité envers le christianisme.
Sa devise rejoint aussi le message de carême 2012 du Pape Benoît XVI, où il insiste: « nous ne devons pas nous taire face au mal. » Il précise que nous restons silencieux parce que « loin du regard des hommes » — en d’autres termes, parce que nous quêtons cette forme de « laudibus » (louange) que le Lion de Münster rejetait. Benoît XVI nous rappelle que le devoir de réprobation et de remontrance est en vérité, même si on peut craindre son aspect déplaisant, un côté important de la charité chrétienne.
Nancy Pelosi 3] — depuis longtemps en grande pénurie de cette charité, ainsi que d’autres soi disant catholiques [soi disant: en français dans le texte], trahissant l’Église et la République — a cité le décret tyrannique du Ministère de la santé comme « une courageuse décision », et, hypocrite, a déclaré: « je resterai attachée à mes amis catholiques » pour défendre ce décret. Après la farce du prétendu « compromis », elle est allée plus loin en déclarant que le gouvernement devrait en fait exiger de l’Église catholique qu’elle « paie directement les contraceptifs et les drogues abortives. »
Après des années et des années d’un tel entêtement indigne, serait-il injuste de considérer comme un manque de charité l’absence de réprobation justifiée par nos évêques, ainsi que de sanctions canoniques méritées?
La charité est exigeante, nous sommes tous plutôt courts là-dessus. Pourtant, il y a une certaine ironie, alors que nous, catholiques, nous battons pour la liberté de continuer à dispenser des services charitables sans être contraints par le gouvernement de fournir des « services » immoraux, il nous reste à pratiquer convenablement envers elle cette forme de charité qui dépend totalement de nous.
St. Jacques faisait cette célèbre mise en garde: la charité sans œuvres charitables n’est que lettre morte. On pourrait comprendre un peu pourquoi certains évêques abordent différemment le sujet — et là je mets en cause ces cas évidents, bien ciblés, de scandale public grave et persistent — par certains côtés ils ont (comme tout le monde) des degrés différents de foi.
Il s’agit de questions dépassant les matières importantes de discipline interne de l’Église, et voilà qu’une grave crise de foi se prépare à éclater: le système Obamacare est typiquement et indubitablement un cousinage inapproprié avec le socialisme, lequel est « incompatible avec le véritable christianisme » (Pie XI, Quadragesimo anno. N. 120).
Le décret du ministère de la Santé est une codification coercitive du caractère libertin de la révolution sexuelle, tout-à-fait antinomique de la conception chrétienne de l’amour humain et de la sexualité. Cette façon de promouvoir ces buts destructeurs piétine inévitablement la liberté religieuse et la conscience individuelle.
Le rejet unanime du décret du ministère de la Santé par les évêques est, insistons là-dessus, un motif réconfortant d’espérance et un signe de la foi. Notre époque a besoin d’hommes et de femmes charitables animés de l’esprit « nec laudibus nec timore » pour illuminer par la foi les ténèbres qui ont envahi notre culture.
Il faut pour cela connaître le contenu de la foi, et s’y impliquer — et comme le remarquait récemment Mgr Chaput4]: « l’imprudence naïve n’est pas une vertu évangélique.» On est incité à rappeler, après la rupture, elle était prévisible, par Obama (lorsqu’il fut honoré à l’Université Notre-Dame), de sa promesse impudemment mensongère de « respecter la conscience des contradicteurs », un bel exemple de fausseté.
Ah! oui, que dire de cette « affaire de conscience », comme « la Pelosi » la minimisait ? « Une conscience nette est plus précieuse que la liberté ou que la vie. » C’est la réponse d’une ouvrière lituanienne, Nijole Sadunaite, à un juge du KGB en 1970, refusant de témoigner contre un prêtre accusé d’enseigner la religion.
Elle-même avait été accusée par les Soviets de maladie mentale, mais même après qu’on lui eût proposé la liberté (une exemption offerte par l’État) si elle acceptait de le dénoncer, elle demeura inflexible: « Si vous me donniez l’éternelle jeunesse et toutes les belles choses du monde — en échange de cet acte — alors ces années seraient pour moi un enfer. Même si vous me gardiez en hôpital psychiatrique toute ma vie, tant que je saurai que nul n’a souffert à cause de moi, alors, je continuerais à sourire… Je préfèrerais mourir mille fois plutôt qu’être libre une seconde selon votre conscience.»
Cette femme pleine de noblesse et de foi a suivi sa conscience et a finalement subi des années d’exil et de travaux forcés. Où s’achèvera l’assaut grandissant contre nos consciences ?